UNE BANQUE DES SONINKE :UNE FAUSSE BONNE IDÉE / Par Diafara Camara | Mauriweb

UNE BANQUE DES SONINKE :UNE FAUSSE BONNE IDÉE / Par Diafara Camara

sam, 04/03/2023 - 16:41

Un atelier fut tenu pendant les festivités du FISO relatif à la création d’une banque des Soninkés ou banque soninké, c’est selon .

L’idée paraît séduisante à première vue et d’un point de vue sentimental. Quand on sait que Business et sentiments font pas bon ménage , il serait judicieux de se poser certaines questions qui nous éclaireront sur la pertinence ou l’opportunité d’un tel projet. 

Les hommes d’affaires soninké à l’instar de Abderrahmane Ndiaye au Sénégal, Khalilou Wague au Congo ,Ibrahim Diawara au Mali ,Mahamadou Semega en Mauritanie, Cesse Kome en Côte d’Ivoire ou enfin Bassirou Diawara en Gambie auraient ils mieux fructufié leurs business s’ils étaient actionnaires d’une banque ?

La réponse est non car les banques ont besoin de la solidité des garanties, du respect des engagements et du sérieux du projet. Caractères très bien répartis dans cette communauté. 

Il n’y a peut-être qu’en Mauritanie où l’agrément bancaire donne à son titulaire le loisir de financer ses propres activités le plus souvent au détriment de ses propres clients, ce qui est une entorse grave à l’orthodoxie et à la déontologie du banquier. Les Soninkés connus pour leur sens éthique élevé,ne voudraient certainement pas s’engouffrer dans cette brèche de la fraude. 

La digitalisation ,l’avènement des cryptomonnaies, du Mobile Banking et les nouveaux systèmes monétaires en gestation, sonneront le glas de la banque traditionnelle telle que nous la connaissons aujourd’hui. 

Il aurait été plus opportun de se pencher pendant ces ateliers financiers sur les niches sur lesquelles est assise la communauté soninké.

La Mort ,la Santé, le Logement et la Nourriture constituent une ossature sur laquelle on peut bâtir des projets bankables et impactant la communauté entière. 

La diaspora Soninkés partout à travers le monde, crée des caisses de prévoyance dont les premières ont été mises sur pied il y a plus d’un demi siècle. Elles ont des dépôts de plusieurs centaines de millions d’euros. Un atelier pouvait être consacré aux mécanismes de modernisation de ces caisses de prévoyance, les placements islamiques intéressants à prospecter , surtout la création de pompes funèbres communautaires pour que l’argent reste dans la communauté soninké et aussi pour le respect de l’intégrité des défunts. 

La seconde niche est relative au poids des dépenses de santé des parents au pays sur les épaules des expatriés avec tout ce que cela comporte comme imprévision .

Il aurait été judicieux de pousser la réflexion pour la création de société d’assurance ou de mutuelle financée par la diaspora et qui couvrira ce risque ,il s’agira aussi de l’implication des personnels de santé soninké des différents pays qui choisiront les meilleurs plateaux techniques. Le digital peut aussi simplifier les applications. 

La mutuelle ou la compagnie d’assurance maladie pourrait aussi gérer des dépôts pharmaceutiques et s’approvisionner en médicaments de qualité meilleure quand on sait le ravage des faux médicaments dans les différents pays. 

Tout Soninké résidant à l’extérieur caresse le rêve de posséder un toit dans une des capitales de son pays. 

Le FISO aurait été l’occasion de creuser l’idée de la mise en place d’une société de promotion immobilière qui sollicitera du foncier à petit prix auprès des différents États et fera de la location vente pour les immigrés. 

Cette société pourrait également construire dans chaque pays avec les bénéfices dégagés et des dons, un musée FISO dans une sorte de village artisanal avec des boutiques pérennes. 

La dernière niche que nous avons appelée Nourriture est l’agriculture qui a été du reste abordée par le FISO. 

Les dépense de nourriture constituent le poste le plus important et régulier dans le portefeuille de la diaspora. 

A l’heure du renchérissement des prix des denrées alimentaires et de la crise économique et financière mondiale, la diaspora pourrait se regrouper en coopératives, acquérir de vastes étendues, y pratiquer une agriculture intensive,mécaniser, assurer la souveraineté alimentaire des populations restées au pays ,pourvoir de l’emploi aux jeunes ,transformer les produits et même exporter en Occident des fruits et légumes biologiques. 

Ces différentes niches ,bien explorées et exploitées auront un impact économique sur la communauté bien plus qu’une banque au regard du taux de bancarisation des Soninkés et des procédures bancaires compliquées pour une large part de non lettrés. 

L’opportunité création d’une banque est très marginale car cette banque située dans 4 zones monétaires (UEMOA,DALASI ,OUGUIYA ET FRANC GUINÉEN) serait plutôt la banque de certains Soninkés que la banque des Soninkés.

Diafara Camara