Le programme régional d’infrastructures de communication en Afrique de l’Ouest (WARCIP) a permis d'accroître la couverture géographique des réseaux à haut débit et de réduire les coûts des services de communication en Mauritanie.
Avec le déploiement d'environ 1 700 kilomètres de fibre optique, le pays a pu créer la dorsale nécessaire à des services internet mobiles de qualité.
En outre, les analyses stratégiques réalisées dans le cadre du projet ont contribué à promouvoir la concurrence, les partenariats public-privé et le libre accès.
Défi
Avec une connectivité internationale limitée, les services internet en Mauritanie étaient de qualité médiocre et leur coût élevé. En décembre 2012, lors du lancement du WARCIP, le taux de pénétration du haut débit mobile n'était que de 3 %.
De fait, plusieurs régions du pays étaient privées de services téléphoniques et internet. Les capacités réglementaires et institutionnelles du pays devaient être renforcées pour répondre aux exigences du marché en plein essor des technologies de l'information et de la communication (TIC). En outre, les investissements des opérateurs de téléphonie et des fournisseurs d'accès internet étaient très limités.
Le programme WARCIP visait donc à étendre les réseaux haut débit tout en réduisant les coûts des services de communication.
Démarche
Le programme WARCIP avait pour objectif d'accroître la couverture des réseaux haut débit et de réduire les coûts des services de communication en Afrique de l'Ouest. Cet objectif a été atteint grâce au déploiement d'environ 1 700 km de câbles en fibre optique, permettant ainsi à une partie de la population auparavant mal desservie, voire complètement déconnectée du réseau, d'être raccordée au haut débit.
En outre, le projet a permis de tirer parti de la capacité internationale du câble sous-marin reliant la côte africaine à l’Europe (ACE) et de favoriser un accès équitable et concurrentiel à l'infrastructure.
Carte des cinq liaisons en fibre optique déployées dans le cadre du WARCIP. Gouvernement de Mauritanie, ministère de la Transition numérique, de l'Innovation et de la Modernisation du secteur public (MTNIMA), 2020.
Résultats
- La situation géographique privilégiée de la Mauritanie, entre l'Afrique subsaharienne et le Maghreb, lui confère un énorme potentiel économique régional. Les activités déployées dans le cadre du WARCIP ont déjà conduit à une amélioration considérable de l'état du numérique en Mauritanie et permis au pays d'exploiter les possibilités des TIC pour stimuler la croissance économique, la création d'emplois et l'intégration régionale. De premiers résultats tangibles ont été obtenus dès le début du premier trimestre 2021, lorsque certains tronçons de la dorsale en fibre optique sont devenus opérationnels.
- Le projet a également contribué, avec un appui technique, à renforcer la gouvernance du secteur des télécommunications, plus précisément en aidant à élaborer le cadre juridique et réglementaire. Il a facilité l'élaboration d’analyses stratégiques pour promouvoir le haut débit et l'accès universel, et soutenu la réglementation des licences, ainsi que le partage des infrastructures et le renforcement des capacités des institutions clés.
- Le projet a permis à la Mauritanie de favoriser la participation du secteur privé aux activités économiques, en l'aidant à mobiliser les investissements des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d'accès grâce à des partenariats public-privé (PPP).
- Il a aussi contribué à étendre la connectivité à des zones précédemment peu ou pas couvertes grâce au déploiement de 1 700 km de liaisons stratégiques en fibre optique. Le premier tronçon de 531 km a relié les villes d'Atar, de Choum et de Nouakchott, le deuxième de 723 km, a été construit entre Boghé, Kaédi, Kiffa, Rosso et Selibaby. La troisième liaison de 280 km relie Aioum à Nema et la quatrième, d'une longueur de 43 km, va de Sélibaby jusqu'à la frontière avec le Mali. Enfin, une boucle en fibre optique dans la capitale, Nouakchott, a fourni les capacités de raccordement nécessaires pour distribuer efficacement la connectivité internationale du câble ACE nouvellement déployé. Elle a aussi permis aux opérateurs de télécommunications mauritaniens d'étendre le haut débit mobile 4G à l'ensemble du territoire, dont la couverture mobile aurait autrement été limitée. Par conséquent, cette étape importante favorisera le développement de villes productives, permettra à toutes les régions du pays de contribuer à l'activité économique, et générera des revenus supplémentaires. Les revenus totaux de la dorsale pour l'année 2021 et le premier trimestre 2022 s'élèvent déjà à plus de 2 millions de dollars.
- La nouvelle infrastructure numérique a contribué à réduire le coût de connexion : i) en permettant une connectivité internationale plus abordable grâce au raccordement au câble sous-marin ACE pour atteindre d'autres zones de la Mauritanie via une dorsale à accès ouvert ; ii) en améliorant le trafic national grâce à une plus grande capacité de bande passante des liaisons en fibre optique déployées ; iii) en optimisant l'acheminement du trafic national, ce qui a abaissé le coût du transit IP grâce au déploiement d'un point d'échange internet (IXP). Ces avancées se traduisent par des prix de détail des services de communication plus abordables pour les utilisateurs finaux, ce qui contribue également à une plus large adoption des technologies numériques.
Le projet a favorisé un environnement propice à l'évolution numérique de la Mauritanie en soutenant l'adaptation du cadre juridique et réglementaire, ainsi que le déploiement de l'infrastructure haut débit qui est essentielle à la transformation socioéconomique du pays, à l'innovation et à la création d'emplois, en particulier pour les femmes et les jeunes. Le haut débit est devenu plus disponible, plus accessible et plus abordable grâce aux activités financées par le WARCIP.
Ainsi, le prix de gros moyen de l'accès au haut débit est passé de 7 000 dollars par mois au début du projet à 54,70 dollars à sa clôture, soit un montant bien inférieur à l'objectif initial de 250 dollars pour 2 mégabits. L'accès aux services internet haut débit a considérablement augmenté, passant de 2 à 71 %, là encore bien au-delà de l'objectif de 11 %.
En outre, le nombre de localités raccordées au haut débit a fortement augmenté, passant de 144 à 221 pour un objectif fixé à 200 communes. Ces améliorations ont également ouvert de plus larges perspectives à la population mauritanienne, avec un impact positif sur les réseaux universitaires, les pôles d'incubation et les start-up.
Et, à la clé, des possibilités d’augmentation substantielle des offres d'emploi de meilleure qualité, ainsi qu'une plus large adoption des services financiers numériques (plateformes d'argent mobile et services bancaires dématérialisés, notamment).
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
Le WARCIP a été financé par un crédit de 30 millions de dollars de l'Association internationale de développement (IDA) destiné à étendre la couverture géographique des réseaux à haut débit et à réduire les coûts des services de communication en Mauritanie.
Partenaires
Les tronçons en fibre optique de la dorsale nationale, construits dans le cadre du WARCIP, ont été réceptionnés par la Société nationale de développement des infrastructures numériques (SDIN). Ils ont ensuite été mis à la disposition de la société International Mauritania Telecom (IMT) pour leur exploitation dans le cadre d'un PPP.
Le projet prévoyait également des études de faisabilité pour la construction d'un centre de données qui permettrait d'héberger les plateformes des fournisseurs de contenus publics et privés en Mauritanie, afin d'accroître la disponibilité et la résilience des contenus locaux et de favoriser les investissements privés dans le numérique.
C'est la Banque européenne d'investissement (BEI) qui finance la construction de ce centre de données (pour un montant de 15 millions d'euros), sur la base des études de faisabilité financées par la Banque mondiale dans le cadre du WARCIP.
Perspectives
Le gouvernement de la Mauritanie a fait part de son souhait de participer au programme régional d'intégration numérique en Afrique de l'Ouest (WARDIP) de la Banque mondiale.
Ce nouveau projet est axé sur l'extension de la couverture des réseaux haut débit, et notamment : i) la diversification de l'accès au câble sous-marin international en reliant la station d'atterrissage du câble ACE au nouveau câble en construction ; ii) le déploiement des liaisons transfrontalières manquantes et des infrastructures de connectivité dans les régions en retard au niveau national, ainsi que la couverture des zones frontalières.
Il s'appuie sur la capacité des nouvelles infrastructures clés déployées pendant le WARCIP (y compris la dorsale, l’IXP et le centre de données). Enfin, le projet bénéficie des études stratégiques pour accélérer le développement de l'administration en ligne et des services de système de fichiers distribués, et pour promouvoir le développement des compétences, de l'innovation et de l’entrepreneuriat numériques.
Témoignages de bénéficiaires
« La composante la plus significative du WARCIP est la construction des tronçons de la dorsale nationale. C'est l'un des éléments des principaux axes du plan d'action gouvernemental pour le développement de l'infrastructure numérique. La réalisation de ces infrastructures repose essentiellement sur la construction de réseaux à haut débit en fibre optique. »
Mohamed Lemine Salihi, coordinateur de la cellule d'exécution du projet pour le WARCIP