Adrar Info - Je suis contre le dicton qui stipule : (Les sujets n’ont qu’à remercier le gouvernant s’il est juste et être patient avec lui s’il est arbitraire et injuste).
Je suis prêt à sacrifier ce que j’ai s’il me reste quelque chose, mais je ne sacrifierai pas ma pensée parce que j’y vois le fondement de mon humanité, et je ne me tairais pas parce que je suis convaincu de la justesse de ma cause.
Les dirigeants ne pourront pas tuer mes propos mais ils peuvent m’empêcher de les exprimer, voire les étouffer.
J’insiste à dire que l’injustice crée la soumission forcée, tandis que la justice crée l’obéissance volontaire, la sincérité et la loyauté. Rien n’est plus bénéfique que la justice et rien n’est plus nuisible que ce qui est injuste.
Mon drame, et mon cas, c’est le cas d’un groupe d’officiers, sous-officiers et soldats des forces armées et de sécurité de diverses disciplines qui ont été congédiés entre 1982 et 1988. Ils n’ont pas pris les armes contre quiconque et ne se sont révoltés contre leur hiérarchie.
Leur crime est que leur culture est arabe et leur identité est arabe. Ils ont été les pionniers de l’arabisation au sein de leurs institutions. Ils croyaient en la libération inéluctable de la domination d’une langue étrangère qui leur était imposée . Leur âme aspirait à refuser l’effacement de l’identité du pays et cherchait à le libérer de la dépendance et de l’esclavage culturel.
Nous avons été démis de nos fonctions sur une accusation légère (discipline) stipulée dans la résolution 78/88 émise par la présidence de la République le 25/08/88, nous avons donc rejeté l’accusation et n’avons jamais renoncé à revendiquer nos droits.
Nous avons envoyé une lettre au Président Maawiya Ould Sid Ahmed Taya .Deux lettres au Conseil Militaire le 23/01 et 23/05/2006. Une lettre au Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi le 01/08/2007 et une lettre au Parlement.
Parallèlement à cela, nous avons toujours présenté notre dossier au niveau médiatique, dans les journaux et toutes les plateformes de communication.
Nous avons été arrêtés à nouveau en 1995, et certains d’entre nous ont été jugés dans l’affaire n° 95/883 le 08/11/1995 . Le verdict n° 002/96 a été rendu par le tribunal mixte du tribunal de Nouakchott le 20/01/1996.
Nous avons souffert du black-out médiatique, de l’indifférence et de la négligence de l’État, des parlementaires, de la majorité des partis politiques et des organisations non gouvernementales.
Nous avons perdu nos emplois et notre statut social pour des raisons indépendantes de notre volonté, mais nous n’avons jamais perdu l’espoir que la justice triomphera un jour.
Nouakchott, le 12 mai 2022