A voir le taux presque nul de réalisation des postes haute tension prévus à Akjoujt, Atar et Zouérate pour la ligne haute tension 225kV, l’on comprend aisément les tentations de manigance pour la Somelec pour occulter, sur le terrain, les retards d’exécution des travaux.
L’Etat est solvable et peut continuer à mobiliser les fonds et même à s’endetter pour réaliser des projets structurants dans tous les domaines. Mais sans une administration responsable et des gestionnaires incorruptibles, tous ces efforts ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau. Ce retard du pays indexé récemment par le président de la République lui-même trahit aussi la prise en otage du pays et de ses intérêts au détriment de la collectivité nationale, par des hommes et des femmes rompus à l’œuvre.
Le sujet est récurrent dans tous les régimes politiques. Mais comme nous l’écrivions dans un précédent article sur la gestion du projet de ligne haute tension Nouakchott-Zouérate (http://mauriweb.info/node/11401) , les limiers de l’Etat doivent intervenir pour anticiper ce qui risque d’être un projet détourné de sa fonction première. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la Somelec vient de signifier au bureau de contrôle des travaux du projet de ligne haute tension 225 kV Nouakchott-Zouérate la résiliation de son contrat de prestation. Une reconnaissance, en tout cas, de la mauvaise gestion du projet. La semaine dernière, la société était également en conclave avec la société chinoise maître d’œuvre du projet pour sauver ce qui pouvait l’être encore d’un projet qui prend l’eau de partout. Tous les intervenants étrangers dans ce projet sont floués par les retards de paiement de leurs factures.
Beaucoup de vagues : arrêter l’hémorragie !
Le premier ministre qui promettait l’entrée en service de cette ligne en 2022 sera sans doute démenti par les faits car la Somelec sait mieux que tous que -malgré son programme ambitieux- certains projets évolue à vue. La résiliation du contrat du contrôle des travaux ne devrait pas aussi servir de paravent pour camoufler ses propres impairs. Si on peut leur accorder des circonstances atténuantes, à ses cadres, montés au créneau pour défendre l’entreprise, on ne peut les croire s’agissant de la ligne haute tension 225 kV Nouakchott-Zouérate dont la livraison est compromise pour 2022. Les experts les plus optimistes évoquent une livraison au plus tôt en mai 2024. Pourquoi alors vouloir leurrer les décideurs et l’opinion?
L’envergure du projet est sans conteste. Son coût dont une partie est supportée par le Fades est énorme ; plus de 130 millions Usd et un demi-milliard d’ouguiyas (contribution de l’Etat).
Le retard semble si évident aujourd’hui –même pas besoin d’être un expert- pour comprendre, au regard des images des postes haute tension en cours de construction, qu'ils ne sauraient être opérationnels avant cette date de 2024. Des évolutions marginales que l’entreprise tient en bunker pour éviter toute mauvaise publicité.
Dans ce cadre l’IGE qui dépend maintenant de la Présidence de la République ne peut se résumer en «médecin après la mort ». Elle devrait pouvoir anticiper l’implosion du fait des hommes de projets importants et coûteux pour le pays. D’ailleurs, l’IGE est la seule habilitée, au-delà des dénonciations et des supputations, à éclairer le président de la République sur la gestion des deniers publics. Mais elle devrait le faire à temps et non après coup. Alors à quand des investigations sérieuses ?
JD