Alors que la Somelec présente en fanfare de nouveaux projets qui devraient juguler les déficits électriques dans les grandes villes du pays, force est de constater que cette euphorie est timorée par la réalité de certains projets sur le terrain dont notamment celui de la ligne Nouakchott-Zouérate.
L’inauguration par le président de plusieurs projets électriques crée l’espoir de la fin d’un calvaire la veille du Ramadan alors que les délestages à Nouakchott semblent reprendre leur cycle infernal. Une grande contradiction se fait jour entre les promesses de la Somelec et la réalité sur le terrain. On en veut pour preuve la dernière déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale présentée par le premier Ministre, Mohamed Ould Billal. Le PM affichait fièrement la réception en 2022 de la ligne 225 kV entre Nouakchott et Zouerate et des postes associés. Comment peut-on induire en erreur le Chef du gouvernement alors que le projet étant presque à l’arrêt, il sera impossible techniquement voire miraculeux qu’il soit réceptionné en cette année. Beaucoup de raisons expliquent ce retard provoqué alors que les partenaires de la Somelec, désabusés par les pratiques peu orthodoxes et par la boulimie de nos responsables, se retirent l’un après l’autre. D’où le naufrage assuré d’un projet annoncé avec fracas.
Le projet de ligne 225 kV entre Nouakchott et Zouerate et des postes associés consiste à la construction d'une ligne haute tension 225 kV entre Nouakchott et Zouerate et la construction de nouveaux postes. Ce projet est composé d’un lot de tronçons de ligne (ligne 225 kV centrale Duale (Nouakchott)-Akjoujt de longueur de 240 km, ligne 225 kV Akjoujt-Atar de longueur de 180 km, ligne 225 kV Atar-Zouerate de longueur de 255 km, lignes 33 kV entre le poste d'Atar et la ville d'Atar de longueur de 45 km) et d’un lot de postes et extension de postes (extension du poste 225 kV Centrale Nord de Nouakchott, poste 225 kV d’Akjoujt, poste 33 kV Akjoujt-MCM (Mauritanian Copper Mines), poste 33-15 kV Akjoujt-Ville, poste 225 kV d’Atar, poste 33-15 kV Atar-Ville, poste 225 kV de Zouerate).
Il s’agit d’un projet d’envergure et de grande importance qui permettra le développement des villes précitées et l’électrification rurale. Selon nos infos, c’est un ingénieur-conseil un bureau allemand qui assure, avec la participation de deux bureaux mauritaniens, la supervision des travaux de construction des activités du projet depuis octobre 2018 alors que le contrat les travaux octroyé est conduit par l’entreprise chinoise Groupement SINOTEC-GTSCC. Les dates d’achèvement contractuelles des travaux étaient prévues avant fin juin pour les lignes haute tension et avant fin octobre 2020 pour les postes électriques haute tension.
Sur le site malheureusement, les travaux avancent imperceptiblement. Le projet semble même à l’arrêt ; moins de 10% de la réalisation des travaux des postes électriques et moins de 20% des pylônes. A ce rythme attestent les experts « les travaux de construction des tronçons de lignes et les postes ne seront pas jamais terminés au complet avant juin 2024 ». Un retard de presque quatre ans par rapport à la date de fin du projet prévue initialement en octobre 2020 alors que l’on a fait promettre par le Pm une livraison en 2022. Qui se moque de qui ?
Mais ce qui semble aujourd’hui évident est les principales causes du retard sont la mauvaise gestion et suivi du projet par les responsables de la Somelec qui bloquent le paiement des factures de l’entreprise qui a reçu son dernier paiement fin février 2020 et alors que les factures de l’Ingénieur-conseil connaissent une souffrance identique. D’ailleurs, ce dernier a cessé temporairement ses activités en attendant la régularisation de sa situation contractuelle par la Somelec.
Les partenaires de la Somelec à ce projet (ingénieur-conseil et entreprise des travaux) n’auraient pas ménagé les conciliabules pour parvenir à faire décanter par la Somelec les retards de paiement pour l’avancement du projet. Mais la Somelec a continué à se murer dans une fuite en avant pour des raisons inavouables. Nous avons tenté de trouver des explications auprès de la Somelec mais aucune réaction de la part de ses responsables.
Face à cette situation devenue inextricable car rien n’avait changé ni dans l’attitude des responsables du projet, ni au niveau du directoire de la Somelec. A tous les échelons, les responsables mauritaniens seraient mus par d’autres considérations peu orthodoxes au grand détriment de la réalisation de ce projet grandiose et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Pas la peine de citer des exemples dans la sous-région où toute l’orthodoxie dans la gestion des projets fait rougir. Le gouvernement doit aujourd’hui agir rapidement et pour surveiller et sévir contre les responsables de la société qui mettent en péril l’intérêt général…Ce discrédit que certains responsables mauritaniens font peser sur les projets nationaux devrait également amener les autorités à impliquer des experts internationaux pour aider à gérer (convenablement) les grands projets et aussi à encadrer les gestionnaires et le personnel technique de la SOMELEC et au-delà pour les autres projets structurants. Une initiative à laquelle les bailleurs de fonds seraient bien sensibles pour mieux contrôler les budgets de leurs projets.
Alors que les réformes structurelles sont engagées et qu’un nouveau code de l’électricité a été finalisé, nous constations un véritable déphasage avec entre l’amélioration recherchée du cadre et l’exécution des projets sur le terrain. D’autres projets sont, en effet, en souffrance.
JD
Affaires à suivre