L'attaque de Chinguity | Mauriweb

L'attaque de Chinguity

ven, 06/08/2021 - 18:40

Alors que les unités de la 1 RM, sous le commandement du Colonel Viah Ould Mayouf, prenaient position à 08:30 à 12 km à l’est d’Atar, où elles seront rejointes par le cdt de la 3 RM, le Lt-Colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck.,l’ennemi lance son attaque sur Chinguitti par l’ouest à partir de la piste d’atterrissage avec une dizaine de véhicules.

Lorsque l’ennemi arrive à la portée de combat de leurs armes, les unités statiques réagissent par la mise en oeuvre de leurs armes individuelles et collectives. Pris de court pendant un moment, l’ennemi hésite mais opte pour continuer son assaut. Ce n’est que lorsque les tirs répérés des mortiers 81 sont déclenchés et avec les pertes subies que l’ennemi, se rendant compte de l’impossibilité de l’aboutissement de son action, se replie et cherche refuge derrière les cordons dunaires nord-ouest.

Après l’echec de son premier assaut, l’ennemi soumet la ville aux tirs de son artillerie composée essentiellement de Mortiers 120m/m, de canons de 75 m/m et de B 10 et tenteune infiltration de part et d’autre de Tindewali, mode d’action déjà envisagé par le cdt du S/Gpt 61, le Lt Mohamed Vall Ould Lemrabott. La riposte est immédiate et l’ennemi est repoussé. Le verouillage de ce côté et la difficulté du terrain imposent de nouveau à l’ennemi, qui ne tentera pas l’infiltration d’éléments à pieds, la déroute de Ouadane du 24/09/1977encore fraîche dans sa mémoire, de stopper son offensive et de chercher une action de substitution.

Bloqué dans sa manœuvre initiale, l’ennemi fixe les positions et les éléments motorisés repérés, installe son artillerie sur les cordons dunaires au nord-ouest de la ville et tente un forcing par Bou’gal en prenant la bat’ha comme main courante, mais il butera sur la résistance farouche des positions statiques.

Tournant au-dessus de la ville, le Defender piloté par le Lt Mohamed Ould Taherr enseignait en permanence sur les positions et les mouvements de l’ennemi, un apport tactique capital pour la manoeuvre. Il était maintenant clair pour l’ennemi que la prise de la garnison combinant judicieusement les actions de l’unité statique, sous les ordres du S/lt Mohamed Mahfoudh Ould Mohamed Mahmoud dit DEF et les unités motorisées commandées par le Lt Moctar Ould Saleck et le S/lt Abderrahim Ould Sidi Aly, serait une tâche ardue.

Les difficultés rencontrées par de l’ennemi dans sa manoeuvre, ont étémi ses à profit par la garnison qui chercha à exploiter ce succès initial pour prendre l’ascendant sur l’ennemi et lui imposer son rythme par des contre-attaques qui permettront de lui infliger davantage de pertes et de desserrer son emprise sur la ville. Connaissant les modes d’action ennemis, les unités savaient que l’ennemi devant son incapacité de pénétrer dans la ville, se rabattra sur l’alternative du siège prolongé et ce faisant, des instructions très strictes ont été données pour économiser les munitions.

Pendant près de quatre heures, la combinaison de l’action de l’avion, des éléments motorisés et des positions statiques dans un furieux combat rapproché interdiront à l’ennemi l’accès de la ville. Malgré le rapport des forces largement en sa faveur, l’ennemi essuya une défaite cuisante dans cette attaque avec d’importantes pertes humaines et matérielles.

Vers 13:30, l’ennemi, qui probablement suivait les communications radios amies, savait que les renforts étaient en route et, s’étant rendu à l’évidence que son attaque a échoué, se regroupe au nord de la ville, ramasse ses morts et ses blessés, remorque ses véhicules endommagés et entame son repli en direction du nord.

Deux heures après l’esquive de l’ennemi, les renforts sous les ordres du cdt de la 3RM et du cdt de la 1 RM arrivent à Chinguitti. Vers 18:30 les 13 et 14 EDC de la 2 RM, commandés respectivement par le Lt Mohamed Lemine Ould Niayane et le Lt Ely ould Mohamed Vall entrent à Chinguitti. Le dernier élément d’intervention, un escadron de la 6 RM renforcé par un élément du secteur d’Akjoujt, arrive vers 23:30.

La poursuite de l’ennemi qui aurait pu l’achever n’aura pas lieu du fait du retard enregistré par le regroupement des unités en renfort et de l’arrivée tardive des camions de la logistique. L’ennemi en esquive, harcelera au passage la garnison de Ouadane, très tôt dans la journée du 10/10/1977.

Mohamed Lemine Taleb Jeddou

Extrait de “La guerre sans Histoire”