Extraits des notes de "mon journal hybride" : Novembre 1970 à mars 1975, 51 mois au service du Président Moktar Ould Daddah (suite et fin) /Par Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine | Mauriweb

Extraits des notes de "mon journal hybride" : Novembre 1970 à mars 1975, 51 mois au service du Président Moktar Ould Daddah (suite et fin) /Par Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine

lun, 14/12/2020 - 19:12

Le Calame - Témoin privilégié de cette action, au cours de cette période, je n’ai évidemment pas l’intention d’évaluer l’immense œuvre politique, économique, culturelle et sociale réalisée dans le contexte historique difficile qui était le leur, par cet homme et ses compagnons fondateurs que je saisis l’occasion de ce témoignage pour saluer très respectueusement. Je laisse cette tache aux historiens.

Mes propos sur cette époque seront pour l’essentiel, ceux de l’ancien Aide de Camp et seront simplement consacrés à l’évocation et au partage de quelques simples souvenirs, impressions, images, scènes, ou attitudes qui peuvent renseigner, un tant soit peu, ceux, parmi les générations plus jeunes qui n’ont pas eu la chance de le connaître, sur certains aspects de la nature de ce grand homme qu’était le Président Moktar Ould Daddah: sur sa chaleur humaine, sa simplicité, sa sobriété, sur sa rigueur mais aussi, entre autres qualités, sur sa discrétion et son esprit de conciliation.

Je dois abord avouer que tout au long de mes quatre ans et trois mois dans cette fonction d’Aide de Camp, j’ai davantage continué à éprouver le sentiment de servir un grand frère, un père aussi modeste que bienveillant, plus qu’un président de la République.

Par exemple, au cours de nos nombreux voyages et à chaque fois que le programme de la visite ne comportait pas de dîner ou déjeuner officiel, c’est avec le Président Moktar, en compagnie d’autres membres de la délégation ou tout simplement en tête-à-tête que je prenais mes repas, comme en famille.

Au-delà des sujets d’actualité toujours instructifs, qui y étaient généralement abordés, ces diners ou déjeuners étaient très souvent des moments de détente et de convivialité grâce à la liberté de parole et à la nature des sujets décontractés que le Président Moktar ne répugnait pas à introduire lui-même.

Dans cet ordre d’idée, je me souviens d’un dîner que j’ai souvent raconté, un soir de septembre 1971, à New-York, lors de notre présidence de l’OUA (organisation de l’unité africaine). Ce soir-là, nous prenions notre repas avec lui, dans sa suite de l’hôtel Waldorf Astoria.

Le diner m’avait semblé interminable tellement j’avais hâte de voir les autres membres de notre délégation rejoindre leur hôtel, le Summit Hotel, qui était en face du nôtre. J’étais en effet très pressé de rester seul avec le Président Moktar pour me justifier du manque d’exécution d’un ordre qu’il m’avait donné quelques heures auparavant, à Washington, dans le salon ovale de la Maison Blanche où se tenait une réunion entre une délégation de l’OUA qu’il conduisait et une délégation américaine présidée par le président Nixon.

Le périple le plus long

Par souci d’extrême discrétion, le Président Moktar avait décidé de limiter la présence à cette réunion, qui devait traiter d’une question de décolonisation extrêmement sensible, concernant la Rhodésie, aux seuls cinq ministres des Affaires étrangères africains qui l’accompagnaient dans cette mission, dont le nôtre, Hamdi Ould Mouknass et celui du Mali, le capitaine Charles Samba Sissoko.

Accueilli à la maison blanche par le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Mr Rodgers, la délégation de l‘OUA a été installée avec son homologue américaine dans le salon ovale en attendant l’arrivée du président Nixon. J’étais, quant à moi, assis plus en retrait, en compagnie d’un officier de la sécurité américaine.

Le président Moktar me fit signe de venir le voir pour me dire que je pouvais me joindre aux autres membres de la délégation qui étaient restés dans un salon attenant. Sauf que, juste au moment où je lui tournais le dos, je me trouvai face à face avec le Président américain qui venait de pénétrer dans la salle par une porte intérieure et qui me serra vigoureusement la main au passage, avant de rejoindre son siège.

J’accélérai le pas pour sortir mais je fus fermement invité à m’asseoir par mon collègue américain qui ne voulait rien savoir, s’agissant de l’ordre que mon président venait de me donner. Et c’est ainsi que malgré moi, je devais assister à cette réunion.

On peut donc comprendre mon impatience de me retrouver seul avec le Président pour m’en expliquer. Fort heureusement, et à ma plus grande et agréable surprise, rien de cette scène ne semble lui avoir échappé.

En effet, juste au dessert, et pour égayer l’atmosphère du diner comme d’habitude, le Président Moktar devait embrayer sur ce sujet pour dire, s’adressant aux membres de la délégation qui n’avaient pas assisté à cette réunion de Washington, au salon ovale : vous savez, il est décidément pertinent, note adage populaire « echbeh elli maghsoumaalou min elli kaahzelheu » ; tout à l’heure, j’avais demandé au lieutenant de se joindre à vous mais j’ai vu qu’au moment où il voulait sortir, il a été accroché par un mastodonte qui l’en a fermement empêché.

Je ne puis m’empêcher de réagir pour dire : merci monsieur le Président de me délivrer car j’avais hâte de voir le diner se terminer pour pouvoir me justifier, mais je suis heureux de constater que vous avez tout vu.

Ce périple, le plus long que j’ai effectué au cours de cette période, au service du Président Moktar et durant notre présidence de l’OUA, aura duré plus de trente jours pour se terminer en Iran où nous devions assister à la fête la plus grandiose qu’il m’ait été donné de vivre :la célébration du 2500ème anniversaire de Cyrus le Grand, organisé à Shiraz et sur les sites archéologiques de Pasargades et Persépolis, par le Chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi.

Plus de soixante monarques, chefs d’Etats ou de gouvernements étaient invités à cette fête et hébergés dans un immense camp de tentes en soie.

Après le banquet de 600 couverts offert par le Shah sous une tente monumentale, installée en forme de serpent, suivi d’un fabuleux spectacle de sons et lumières sur les ruines de Persépolis, les invités à cette fête devaient assister le lendemain 15 octobre 1971, et pendant plusieurs heures à une parade militaire évoquant l’armée perse, depuis l’époque de Cyrus le Grand jusqu’à celle des Pahlavis.

Les organisateurs de cette parade ont, comme on dit trivialement, poussé le bouchon, pour être au plus près des réalités, jusqu’à reconstituer des chars et des navires des époques considérées et même faire pousser deux ans durant, leurs barbes et surtout leurs gigantesques moustaches d’ anciens soldats perses, aux militaires qui avaient participé à cette parade mythique.

Sur le plan financier, cette fête aurait coûté plusieurs milliards de dollars qui ont valu de vives critiques au Shah. Je me souviens d’un journal français qui rapportait à l’époque, que plus de 500. 000. 000 dollars y ont été dépensés uniquement pour permettre la diffusion en mondovision de cette cérémonie et pour assurer les liaisons téléphoniques, dans le désert de Chiraz et Persépolis à tous les invités du Chah d’Iran.

Quel contraste avec le train de vie de mon Président !

En fait, la modestie, parfois excessive, du Président Moktar, lui a longtemps fait faire des choses auxquelles nul n’accepterait de croire aujourd’hui ; il s’agit notamment de l’absence totale autour de lui, tant à l’intérieur du pays qu’au cours de ses nombreux voyages à l’extérieur, d’un quelconque dispositif de sécurité.

En effet et en guise de toute sécurité rapprochée à Nouakchott, le Président Moktar ne disposait que d’un vieux gendarme en civil et d’un brigadier-chef de police qui étaient en fait, pour lui, deux vieux compagnons, remarquables de fidélité.

D’une part, Ahmedou Ould N’Diak, son promotionnaire à l’école primaire de Boutilimit qu’il taquinait souvent d’avoir fui en classe de CP2, recruté comme gendarme mais toujours en tenue civile, qui portait les dossiers du Président lors de nos déplacements entre la résidence et le bureau et qui assurait une présence permanente dans la salle d’attente des audiences.

D’autre part, pour ses rares sorties privées du soir, le brigadier -chef de police Mohamed Abdellahi Ould Breihim que l’Aide de Camp se chargeait de prévenir, quelques heures au préalable, le plus souvent pour un diner chez Ahmedou Ould Mahmoul Brahim, son cousin et époux de sa sœur maternelle, Oumamettou.

Sécurité minimum

On pourrait me dire, à propos de cette situation qui frisait la négligence, qu’il incombait à d’autres hauts responsables de lui imposer les mesures de sécurité appropriées. Mais justement, le Président MOD n’est pas facile à faire changer d’avis sur certains sujets.

Sur le registre de la rigueur morale et matérielle, le Président Moktar était d’une austérité aussi excessive et d’une sobriété qui frisait le mépris de l’argent.

A cet égard je me souviens qu’en 1972 et dans le cadre de notre présidence de l’OUA, il a utilisé l’Iliouchine 18 de la compagnie Air Mauritanie pour assurer le transport de notre délégation qu’il présidait et qui se rendait à Nairobi pour l’inauguration solennelle de la première Foire Panafricaine organisée dans la capitale kenyane du 23 février au 3 mars 1972.

Comme le séjour devait durer plusieurs jours, il avait décidé de renvoyer l’avion pour ne pas occasionner un trop grand manque à gagner pour la société dont l’appareil en question desservait quelques lignes extérieures.

Mal nous en prit cependant car, au retour, notre délégation et le Président lui-même ont eu maille à partir pour trouver un avion au départ de la petite ville tanzanienne de Mbala où nous avions dû passer une ou deux journées, sur invitation et en compagnie du président tanzanien. Aussi, notre retour à Nouakchott s’est effectué dans des conditions on ne peut plus rocambolesques.

En effet, après d’intenses investigations, nous n’avons pu obtenir, à louer, qu’un petit avion turboréacteur qui ne pouvait prendre que 7 passagers et que le Président et madame Moktar dont le calendrier ne permettait plus d’attendre, devaient emprunter avec le ministre des Affaires étrangères, le SG de la Présidence, deux artistes parmi ceux qui nous accompagnaient pour la foire et moi-même.

Notre plan de vol prévoyait une première escale à Brazzaville (Congo), une deuxième à Lagos (Nigeria), et une troisième et dernière à Freetown (Sierra Leone).

Arrivés aux environs de 12 heures à la verticale de la capitale congolaise, nous trouvions le pays, son président Marien Ngouabi et son armée aux prises avec la fameuse tentative de coup d’état fomentée par le lieutenant Diawara.

Ayant reçu le message transmis par notre pilote à la tour de contrôle, pour l’informer de la présence à bord de son avion, du Président Moktar Ould Daddah et qui demandait l’autorisation d’atterrir, le chef de l’Etat congolais qui nous le dira plus tard, a d’abord cru à un guet- apens destiné à l’attirer à l’aéroport, pour en faciliter la neutralisation.

Mais à toutes fins utiles, au cas où il s’agirait d’une information sérieuse et en dépit de l’état d’alerte maximum instauré, il décida en même temps que d’autoriser l’avion à atterrir, d’envoyer une petite unité de l’armée aux ordres d’un officier supérieur pour assurer notre accueil et notre sécurité, le cas échéant.

Et ce n’est donc qu’après avoir été édifié qu’il ne s’agissait pas d’un canular que le Président Marien NGouabi nous a rejoints, en petite foulée, sur le tarmac.

Nous restâmes pour le déjeuner, dans cette ambiance d’état de siège où notre présence m’a donné l’impression d’avoir quelque peu réconforté notre hôte, passablement troublé à notre arrivée mais dont l’armée a fini par faire avorter la tentative de putsch.

Vers 15 heures 30, nous quittions Brazzaville pour Lagos que nous atteignîmes aux environs de 18 heures.

En pleins travaux de rénovation, l’aéroport de la capitale nigériane était fermé pour le trafic aérien international et ce n’est qu’après moult négociations que notre pilote qui a fait valoir la présence à bord du Président MOD et le type de son aéronef, a pu obtenir l’autorisation de se poser.

Mais comme c’était un dimanche et que nul n’avait été prévenu à temps de notre passage, pas même notre ambassadeur à Lagos, Ahmed Ould Dié, nous avions dû attendre plus de deux heures et demie à l’aéroport avant de voir venir le Président Gowon, entouré de tous les membres de son gouvernement et d’une lourde escorte de véhicules blindés en plus des motards. Nous rejoignîmes la ville de Lagos assez tardivement pour dîner et passer la nuit dans une sorte de palais dont le degré hygrométrique élevé se conjuguait avec celui de la chaleur ambiante.

A dix heures le lendemain, nous étions à l’aéroport en compagnie du Président nigérian et de sa suite venus faire leurs adieux au Président Moktar.

Nous décollâmes une demie heure plus tard mais après trente minutes de vol, le copilote vint m’informer, discrètement, que la pompe de l’un de nos réacteurs était défectueuse et que nous allions devoir faire demi-tour à Lagos, à plus basse altitude, pour régler cette panne. Je répercutais l’information au Président, au ministre et au secrétaire général tout en m’abstenant d’en parler à nos deux artistes : Sedoum Ould Abba et Touhana mint Elya, nièce de la très célèbre chanteuse Mounina mint Eleya.

Dieu merci, nous retournâmes sans encombre à l’aéroport de Lagos où le Président Gowon et sa suite nous rejoignirent à nouveau très rapidement et où nous devions passer deux heures de temps pour déjeuner avant l’arrivée d’un avion de ligne de Nigeria Airways dépêché de Kano, au centre du pays, pour nous amener à Nouakchott.

Au moment où nous débarquions de notre petit biréacteur, suite à ce contretemps, Seddoum Ould Abba me posa cette question :est-ce que ce n’est pas l’aéroport que nous avons quitté tout à l’heure ?Je lui répondis : oui c’est bien cet aéroport où nous sommes revenus parce que nous avions un petit problème sur l’un des réacteurs.

Et notre artiste d’enchainer :Ah oui, c’est donc pour cela que j’ai constaté qu’il y avait de la fumée qui se dégageait du hublot à côté de moi. En fait, il s’agissait de l’évaporation consécutive à la soudaine perte d’altitude et à la différence de température qui en résulte que Seddoum prenait pour la fumée d’un petit incendie.

Président sobre

Pour revenir à la sobriété du Président Moktar et ce, jusqu’au milieu des années 70, il ne se faisait même pas accompagner, lors de ses voyages à l’étranger d’un maître d’hôtel. Ce qui lui faisait faire sa valise lui-même, le plus souvent.

Comme je l’ai dit plus haut, ce refus d’un service minimum dans ces domaines de la sécurité et du confort d’un chef d’Etat, sans doute dicté par sa modestie et par son souci d’économie, était d’autant plus mal vécu par les Aides de camp de Moktar Ould Daddah qu’ils voyaient par ailleurs, comment tous les pairs de leur Président étaient choyés en la matière.

S’agissant de son rapport à l’argent, non seulement le Président Moktar ne faisait rien pour en posséder, à l’opposé de certains de ses pairs de l’époque (le parallèle avec ceux d’aujourd’hui serait une insulte ) mais il refusait systématiquement de profiter des généreuses largesses de certains de ses homologues dont de substantiels chèques et mallettes d’argent à lui envoyés en numéraire, étaient invariablement versés au trésor public.

A titre d’exemple, un chèque libellé à son nom envoyé par le Président Bongo du Gabon a servi à l’acquisition d’une caravelle pour les déplacements à l’extérieur des délégations officielles.

Parallèlement à cette rigueur vis-à-vis de lui-même, le Président Moktar était très exigeant de ses ministres et autres collaborateurs dont il réprimait systématiquement les manquements dans ce domaine. Combien de fois l’avons-nous vu adresser des lettres de mise en demeure de justifier des sommes d’argent dont les montants dérisoires feraient mourir de rire nos budgétivores d’aujourd’hui.

Le Président Moktar n’acceptait jamais de cadeaux d’hommes d’affaires étrangers. Sur ce registre, je me souviens de deux cas de taille bien différente, il est vrai, dont j’ai été témoin lors de deux voyages effectués respectivement au Japon et en Grèce.

A Tokyo, en marge d’une mission où il était venu à la tête d’une délégation de l’OUA pour plaider la cause de la décolonisation des territoires africains encore en lutte pour leur indépendance, il avait, sans enthousiasme, accepté de recevoir le patron d’une association de coopératives de pêcheurs japonais, souvent accusés de pêcher sans autorisation dans nos eaux territoriales.

Le Président avait non seulement refusé un présent que ce dernier lui avait apporté mais il avait fait ramasser, pour les lui faire restituer, tous les petits cadeaux, en fait de simples petits gadgets dont la valeur se situait entre cinq et dix dollars en moyenne, que cet homme d’affaires avait fait distribuer aux autres membres de notre délégation.

Dans la même période, en Grèce cette fois, où il était en visite de travail, avec une délégation réduite, le Président Moktar devait impérativement rentrer à une date précise à Nouakchott, sur une ligne régulière d’Air Afrique en partance de Paris. Nos démarches pour trouver un avion à louer pour la capitale française nous avaient conduits à la compagnie Olympic Airways appartenant au richissime armateur grec Aristote Socrate Onassis.

Informé à ce sujet, l’homme d’affaires avait demandé une audience que notre protocole lui a arrangée avec le Président qu’il avait souhaité pouvoir saluer.

A la fin de leur entretien, le richissime mari de Jacqueline Kennedy offrit au Président Moktar de garder, s’il lui plaisait, le petit jet (genre Mystère 20) que sa société avait décidé de mettre à notre disposition pour ce voyage. Cette offre a été poliment déclinée mais le Président a quand même accepté que cet avion nous dépose gracieusement à Paris pour attraper notre vol régulier d’Air Afrique.

D’un autre côté et en dépit de toute la bienveillance qui le caractérise à leur égard, le Président MOD n’était pas connu, à l’opposé de certains de ses pairs africains et arabes, pour ses largesses financières à l’égard de ses collaborateurs ; ni à partir de son propre argent, parce qu’il n’en avait pas en dehors de ses modestes salaires de 80 000 ouguiyas (400 000francs CFA), ni encore moins sur le compte des fonds publics sur la saine gestion desquels il était particulièrement intransigeant.

Le président Moktar n’avait jamais d’argent sur lui ni même dans sa sacoche. A ce propos, il m’arrivait assez souvent, de lui prêter, soit à Nouakchott pour donner l’aumône à un pauvre rencontré lors de ses réunions à la permanence du parti, soit à l’extérieur, pour payer un coiffeur ou une autre menue dépense, des petites sommes de 500 ou 1000 f CFA , 100 ou 200 ouguiyas, 20 ou 30 dollars qu’il me rendait toujours une ou deux semaines plus tard, sans un centime de plus ou de moins, en me disant invariablement : mon Lieutenant, les bons comptes font les bons amis.

Sa grande sagesse et son esprit de conciliation valaient au Président Moktar le respect et l’ estime des plus grands dirigeants du monde et, a fortiori, de tous ses pairs en Afrique et dans le monde arabe où ses discrètes interventions ont souvent permis de rapprocher des positions très éloignées ou de décrisper voire de rétablir les relations d’homologues en froid. J’ en citerai à titre d’exemples, que j’ai vécus, le cas des rapports tendus pour ne pas dire exécrables des deux Présidents Sékou Touré de Guinée et LS Senghor du Sénégal dont le rétablissement et la normalisation ont demandé aux bons offices du Président Moktar, dont ils étaient tous les deux de grands amis, de nombreux déplacements à Dakar et à Conakry.

Que Dieu accueille ce grand homme dans les plus beaux jardins de son vaste paradis.