Tunisie Telecom la maison mère de Mattel enfonce encore plus sa filiale qui se débattait déjà dans des difficultés incommensurables. Il y a quelques années, TT avait accordé un prêt de 5 milliards d’ouguiya pour payer le renouvellement de la licence 2G. Et aujourd’hui, par un tour de passe- passe TT veut utiliser cette cagnotte, qui entre temps avoisine désormais les 8 milliards, pour diluer la participation des actionnaires mauritaniens. Si les tunisiens avaient consacré autant d’efforts qu’ils en ont déployé pour essayer de rouler leur partenaires mauritaniens dans la farine, au service de la gestion de Mattel, elle n’en serait assurément pas arrivée à ce stade de déliquescence qui la caractérise aujourd’hui.
Arrivée sur le marché mauritanien en 2000 comme premier opérateur GSM du pays, Mattel avait suscité de grands espoirs chez ses actionnaires et son personnel mauritaniens mais également au niveau de l’environnement économique national dont elle était sensée améliorer le cadre de déploiement global (Technologies nouvelles, internet, communications rapides, infrastructure performantes etc.). Doté d’un management quasi exclusivement tunisien dédié par la maison mère Tunisie-Télécom, composé pour l’essentiel de vieux cadres incompétents et en fin de carrière (pré-retraite), Mattel ne tardera pas à montrer ses limites : reléguée à la seconde place dès l’arrivée de Mauritel, elle sera troisième et dernière après l’entrée sur le marché de Chinguittel. Et, malgré un chiffre d’affaire qui avoisine les 20 milliards d’ouguiya, Mattel continue à perdre de l’argent au moment ou ses concurrents, Mauritel notamment, distribuent des dividendes mirobolants.
Après ses cadres internes, TT jette son dévolu sur un français, Dominique Saint-Jean, à l’origine sensé être recruté pour six mois afin d’assurer la transition avant la reprise de Mattel par Orange, celui-ci ne tardera pas à être nommé par Tunisie-Télécom comme Président-Directeur Général de la société, après avoir sciemment fait capoter l’opération de rachat en cours avec l’opérateur français. Sous la direction de Dominique Saint Jean, Mattel verra exploser ses frais de fonctionnement et en même temps dégringoler sa valorisation. Il y quelques années des émiratis étaient prêts à mettre sur la table la bagatelle de 350 millions de dollars pour prendre son contrôle, sous Dominique Saint Jean, Orange après étude, avait offert 100 millions de dollars et alors que les mauritaniens étaient prêts à vendre, TT refusera de se départir de cette « vache à lait » dont la bouche se trouve en Mauritanie et les mamelles en Tunisie tout comme elle refusera de donner aux mauritaniens le prix proposé par Orange. L’objectif est donc de maintenir la société au seul bénéfice d’employés sans scrupules dont certains se sont enrichis au-delà du raisonnable alors que les actionnaires voient leur investissement fondre comme neige au soleil. Les comptes financiers de l’opérateur laissent apparaitre des incongruités sciemment orchestrées. Souvent les frais liés aux services et études dépassent largement les acquisitions de matériel. Des dizaines de millions de dollars se sont ainsi volatilisés sans laisser de traces. Ce sont des millions perdus pour l’économie mauritanienne, perdus pour les actionnaires de Mattel et perdus par les tunisiens mais certainement pas pour les escrocs qui en ont bénéficié.
B.C