Snim : L’ADG constate les dégâts | Mauriweb

Snim : L’ADG constate les dégâts

dim, 05/05/2019 - 16:23

Nommé en octobre 2018, l’ADG de la Snim a hérité d’un cadeau empoisonné. La tourmente sociale que traverse la Snim ces derniers temps n’est pas le fruit du hasard. Ses prédécesseurs n’ont rien fait pour sauver l’entreprise quand ils ne l’ont pas tout simplement enfoncée.

Les délégués du personnel de la société nationale industrielle et minière (SNIM)  brandissent un ultimatum de grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites par la nouvelle direction de l’entreprise. L’ADG appelé à la rescousse d’une entreprise devenue presque moribonde et croulant sous le poids de la gestion de ses prédécesseurs n’a pas de grandes marges de manœuvre. Il découvre surtout l’ampleur des dégâts légués par ses prédécesseurs. Ses choix aujourd’hui pourraient être cornéliens. Faut-il satisfaire toutes les demandes des employés au risque d’enfoncer encore davantage l’outil de production ? La situation parait bien délicate pour cet homme qui depuis sa nomination vit entre deux avions entre Zouérate, le pôle de production, et Nouadhibou, siège central de l’entreprise.

Tout le monde retient son souffle depuis la grève observée entre décembre 2014 et février 2015 où l’entreprise tanguait vers des horizons incertains. Un accord in extrémis avait été conclu à l’époque pour l’ouverture de négociations salariale avec le versement de trois mois de salaires ; deux par l’entreprise et un par le chef de l’Etat. A l’époque c’était encore Mohamed Abdellahi Ould Oudaa qui tenait les rênes de l’entreprise. A peine la tempête calmée, Ould Oudaa est remplacé en août 2016 par l’actuel premier Ministre, Mohamed Salem Ould Béchir. Si le premier a visiblement détruit les ressorts de l’entreprise, son successeur n’a pas su insuffler une quelconque dynamique de redressement. L’un et l’autre se comportait en « touriste privilégié » dans la capitale économique. Déjà mal en point, la Snim qui sortait de la plus longue grève de son histoire ne pouvait se permettre cette indifférence coupable de ses responsables. Les dettes ont continué de s’accumuler alors qu’aucune lueur ne pointait à l’horizon. Pendant, ce temps le staff managérial, beaucoup de cadres de l’entreprise s’en mettaient plein les poches sur le dos de l’entreprise agonisante. La Snim était devenue une tirelire où tous se servaient.

La mauvaise gouvernance se paie toujours cash

Entre projets mal ficelés ou détournés, commandes effarantes et crédits inopinés (société Najah Major Works), la Snim continuait à sombrer de plus belle. Mais aujourd’hui, le nouvel ADG récolte ce que les autres ont semé. Pourra-t-il face à l’ampleur de la déchéance de gestion de l’entreprise encore l’a relevée ? Le coût en serait socialement lourd mais l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Pourra-t-il à l’aune d’une élection présidentielle cruciale tenir ses promesses de redressement et sa feuille de route 2019 ?

Avec un déficit de production de 8% en 2018, l’entreprise envisageait pourtant un seuil de 12,3 millions de tonnes pour amortir sa situation. Un objectif ambitieux eu égard à la situation financière difficile de l’entreprise. Mais que l’ADG semblait pouvoir réaliser en serrant la ceinture et en mettant à contribution tout le personnel. C’est pourquoi l’avis de grève des délégués du personnel sonne comme à contre-courant de cette volonté. L’ADG a reconnu que « la société était dans l’incapacité d’octroyer des  indemnités aux travailleurs à l’exception de gratifications à certaines catégories du personnel de S4 à M1 ». Des sacrifices dont certains délégués ne veulent pas entendre parler préférant observer un arrêt de travail de 24 heures mercredi dernier.

Sans aucune baguette magique pour trouver tout de suite les solutions idoines, l’entreprise miière subit aujourd’hui le contrepoids de la gestion de ses précédents responsables qui, curieusement, ont connu une ascension au sein des plus hautes marches du gouvernement.

JD