Discours d’investiture du candidat de la  « COALITION VIVRE ENSEMBLE », Dr KANE Hamidou Baba | Mauriweb

Discours d’investiture du candidat de la  « COALITION VIVRE ENSEMBLE », Dr KANE Hamidou Baba

dim, 28/04/2019 - 11:00

Honorable Doyen de la « COALITION VIVRE ENSEMBLE », j’ai nommé le Colonel Anne Amadou Babaly,

Très chers camarades des partis politiques et de la société civile de la COALITION VIVRE ENSEMBLE,

Chers invités,

Chers mauritaniens de la Diaspora, du Gabon au Canada, jusqu’en Australie,

Populations de Nouakchott et de toute la Mauritanie,

Je voudrais vous dire ce soir que cette manifestation est historique. Votre présence massive en est l’illustration, mais à n’en pas douter elle traduit une volonté réelle d’un changement, mieux d’une rupture avec un système d’oppression, d’exclusion et de marginalisation. Cette manifestation, traduit par ailleurs, la soif d’alternance démocratique, mais la vraie alternance avec le candidat de la coalition VIVRE ENSEMBLE.

La coalition VIVRE ENSEMBLE, est un regroupement de partis politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes qui pensent que la question de l’unité nationale constitue le problème majeur de notre pays ? Avons-nous tort ? Non ! quand on sait que le problème de la cohabitation, la question du partage du pouvoir et des richesses se pose comme un défi permanent depuis notre accession à l’indépendance.

Depuis 1978, date de l’arrivée au pouvoir des militaires, ces problèmes se sont aggravés, atteignant le sommet avec les crises répétitives et les violations massives des droits de l’Homme, ciblant particulièrement les communautés noires de Mauritanie ; et marquée par la confiscation de la démocratie, l’absence d’un état de droit et le pillage des ressources. Permettez-moi, en ce jour et en ce mois d’avril, anniversaire des tristes évènements de 89, de m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes de l’horreur.

Nous voici donc à un nouveau tournant. Assurément, le tournant est historique ! Ces élections présidentielles nous offre l’occasion de réaliser une vraie alternance. D’abord, celle du retour définitif des militaires dans leurs casernes. L’ère des régimes militaires dans notre pays est terminée ! Si nous voulons la stabilité et la sécurité pour tous, il nous faut reconstruire notre armée nationale et nos forces de sécurité sur de nouvelles bases. Une armée politisée, une armée racialisée, une armée ethnicisée, une armée régionalisée, une armée tribalisée, est tout, sauf une armée nationale !

L’armée doit être subordonnée au pouvoir civil. C’est cela notre compréhension d’une armée républicaine.

Si l’armée protège le peuple, le peuple doit protéger son armée, en la mettant dans des conditions matérielles et morales qui lui permet de remplir ses missions.

Par ailleurs, les mauritaniens ont raté plusieurs occasions de se parler. Dans les cent jours, suivant mon élection à la présidence de la République, j’organiserai la tenue d’assises nationales où toutes les forces vives du pays seront représentées. Nous chercherons des consensus forts sur un certain nombre de sujets touchant aux réformes constitutionnelles et aux institutions, à l’aménagement du territoire (réformes foncière et pastorale, découpage administratif et électoral, etc.), à l’éducation, à la santé et la gouvernance politique assortie d’une charte de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Nous devons mettre en place des institutions qui puissent survivre aux hommes. Le consensus primera sur mon programme, mais celui-ci s’appliquera en l’absence d’un consensus.

Il nous faudra rapidement régler certains aspects de l’unité nationale, tels que le retour définitif des déportés au Sénégal et au Mali, la question de l’état-civil en restaurant le Maire dans sa fonction d’officier d’état-civil, les expropriations foncières et s’attaquer au douloureux problème de l’esclavage foncier et du passif humanitaire. Nous allons mettre les victimes et ayants-droit au centre de toute négociation. Si j’entends bien que les quatre devoirs soient respectés (vérité, justice transitionnelle, réparation et mémoire), je serai le mendiant de l’unité nationale.

Des élections générales (législatives, régionales et municipales) auront lieu en 2020.

Au plan économique, une nouvelle vision du développement sera bâtie pour combattre les inégalités, tout en créant un environnement favorable à l’initiative privée. Au moins cinq pôles de développement tenant compte de leurs dotations factorielles seront créés (le Nord, l’Est, le Centre, la Vallée et Nouakchott). Parmi mes sept priorités, l’alimentation et les ressources humaines (éducation/Santé), occuperont une place particulière. Dans cinq ans, nous allons renverser la tendance : les mauritaniens produiront 70% de ce qu’ils mangent. L’eau, l’électricité, le riz, le sucre, les farines et l’huile connaitront une baisse avant la fin de l’année 2019.

L’école publique unifiée sera restaurée pour la mettre à la portée de tous nos enfants, une fois réglée la question des langues, désormais officielles. Nous ne voulons pas d’une école publique ou privée dans laquelle nos enfants se tournent le dos ! Nous allons réactiver les internats, particulièrement en milieu rural et créer trois universités (Rosso, Kiffa et Nouadhibou) durant ce mandat.

En matière de santé, outre la politique d’accès universel à la santé, à travers des mutuelles qui accompagneront cette orientation, la gratuité des soins d’urgence sera assurée dès 2020.

L’endettement colossal de notre pays (100% du PIB, voire plus, si l’on intègre la dette du Koweït, constituera un handicap majeur pour les cinq prochaines années. Cependant, les ressources attendues du gaz, en plus des autres potentialités, permettront de financer une grande politique sociale, notamment en matière de formation professionnelle, d’accès universel à la santé, d’emplois et d’habitat.

La jeunesse en sera le principal bénéficiaire. Nous créerons 50 000 emplois par an, dont plus de la moitié en milieu rural. Un vaste programme d’habitat social sera lancé au profit des couches pauvres pour éradiquer l’habitat précaire.

Une politique de discrimination positive en faveur des communautés victimes de l’exclusion, des zones défavorisées et des femmes sera menée. Des politiques de rattrapage seront donc mises en œuvre dans les rouages de l’Etat et de l’économie. En milieu rural, au moins 15% des aménagements agricoles seront destinés aux femmes.

Par ailleurs, dans un pays confessionnel tel que le nôtre et pour garantir une redistribution équitable des richesses, l’Etat mettra en place une institution chargée de gérer la ZAKAT. Tous les mauritaniens imposables à cette forme d’impôt sur la fortune seront soumis au paiement de la Zakat, désormais gérée par l’Etat, au profit des couches faibles ou vulnérables (personnes handicapées ou vivant dans l’extrême pauvreté, mahadras, accès à l’eau potable en milieu rural, l’électrification des quartiers périphériques, le financement d’une assurance chômage, les soins d’urgences, etc.).

Tout ceci, n’est possible que dans un contexte de bonne gouvernance. Une Agence de lutte contre la corruption sera créée. Tous les gestionnaires d’un budget d’un milliard d’ouguiya (anciens) seront soumis à la déclaration de patrimoine, à l’entrée comme à la sortie de leurs fonctions. Cette mesure sera étendue à leurs conjoints et aux enfants mineurs pour les plus hautes charges de l’Etat.  

Ce ne sont là que les grandes lignes du programme électoral de la coalition VIVRE ENSEMBLE. Nous voulons vivre ensemble autrement et gouverner autrement !

Enfin, pays charnière entre le monde arabe et l’Afrique noire, nous ferons de la Mauritanie le centre de la coopération afro-arabe. J’entends bien que notre vocation n’est pas d’exercer un leadership, mais d’éclairer. Nous jouerons pleinement ce rôle de rapprochement dicté par l’histoire et les nécessités d’un monde moderne de plus en plus dangereux. Si nous faisons autrement, nous aurions trahi et nous aurions démérité ! Dans cette veine, la Mauritanie reprendra toute sa place au sein de la CEDEAO, comme pays membre à part entière.

Dans la même optique, nous allons promouvoir une politique de bon voisinage et de coopération renforcée avec les pays voisins : l’Algérie, le Mali, le Maroc et le Sénégal, en particulier. Il me plaît de saluer, ici et maintenant, le courage et la détermination du peuple algérien frère qui a mis un terme à une situation anachronique et qui poursuit son difficile combat pour l’avènement d’un régime civil. De même, nous devons célébrer la démocratie qui gagne du terrain dans notre sous-région et plus près nous, dans le Sénégal frère et voisin qui vient de connaitre des élections présidentielles apaisées!

Hélàs ! trois fois hélas ! nous aurions souhaité en dire autant de cet autre pays frère et voisin, qu’est le Mali. Les évènements du centre du Mali avec le massacre de la communauté Peulh d’OGASSAGOU du 23 mars 2019 hantent encore notre sommeil. Nous osons croire que ce pays retrouvera la concorde dans un esprit de justice et d’équité.

S’agissant du Sahara, toute action devra s’inscrire dans le cadre des Nations unies pour une solution juste et durable, acceptée par toutes les parties.

Par ailleurs, nous affirmons notre soutien à la création d’un Etat palestinien indépendant et viable ayant pour capitale la ville sainte d’el QODS, le retour inconditionnel de tous les réfugiés palestiniens et l’évacuation totale des territoires syriens et libanais occupés.

Nous réaffirmons notre attachement à la préservation de la paix et au développement des rapports d’amitié et de coopération avec l’ensemble des pays du monde ; et ce, dans le respect mutuel de la souveraineté et des intérêts de tous.

Je voudrais dire, enfin, que la coalition VIVRE ENSEMBLE est ouverte à tous les mauritaniens, qui partagent ces valeurs, sans distinction aucune.

 

VIVE LA COALITION « VIVRE ENSEMBLE » !

VIVE LA MAURITANIE !

 

Nouakchott, le 26 avril 2019