Attribution du Terminal du PANPA à ARISE.SA: Népotisme jusqu'au bout! | Mauriweb

Attribution du Terminal du PANPA à ARISE.SA: Népotisme jusqu'au bout!

mer, 14/11/2018 - 17:20

«Panthera », «ARISE», «OLAM», l’incroyable mue pour faire main basse sur un marché public de 30 ans au PANPA. La célérité de l’opération en dit long sur son commanditaire. Détour sur un processus qui pue le népotisme.

 

Il serait hypocrite aujourd’hui de se dire surpris par l’ampleur du népotisme dans l’attribution des marchés publics où c’est depuis quelques années la règle dans le pays. Les exemples sont légion: Polyhondone, centrale duale de Nouakchott, aéroport « Oum Tounsi», les avoirs de la Snim, les ressources halieutiques, l’or de Tasiazt…sans compter les innombrables écoles dépecées ou vendues.  C’est la Mauritanie. Tout y est possible. La concession attribuée pour trente ans contre la construction d’un terminal pour conteneurs au PANPA au profit de la société ARISE.SA ne déroge pas à cette boulimie pour la chose publique.

Un PPP pas comme les autres

Projet Partagé entre Proches (PPP à la Mauritanienne)? L’acronyme portant initialement sur le partenariat-public-privé est bien domestiqué chez nous. Il y trouve toute son acception. Une énième fois encore la confusion entre les bénéficiaires et le sérail présidentiel le place sous ce sceau. Dernier exemple  sans équivoque l’attribution d’un marché aussi juteux à une société inconnue et dont le partenaire, indo-singapourien,  Olam n’a pas bonne presse dans les pays où le contrôle à un sens. Enregistrée au début de l’année sous le nom de «Panthera .SA» (non, vous ne rêvez pas), l’entreprise bénéficiaire de cette largesse, a été rebaptisée  ARISE.SA. Le nouvel acte de naissance qui consacrait cette mue a été délivré le 22 mars 2018.Un baptême-on n’y a vu que du feu- pour phagocyter le marché de construction d’un terminal pétrolier et de containers au Port de l’Amitié de Nouakchott.

 

Aucun appel d’offre. Aucune discussion devant l’Assemblée nationale nouvellement installée. Un marché sur mesure du client. Et il ne s’agit pas de n’importe qui puisque la personne citée avec Olam n’est autre que le beau-fils du président. Un statut qui lui a déjà permis de faire le boucan vécu à la Snim. C’est donc encore l’ancrage dans le sérail présidentiel. Les internautes s’en délecter toute la semaine. On comprend alors mieux que le chef du gouvernement et sept ministres se soient vite retrouvés le Vendredi 5 octobre 2018 pour formaliser le dit marché. Et dire que pour rassembler les signatures de deux ministres, c’est déjà le parcours du combattant pour les autres opérateurs. Dans le même sillage, mercredi 4 octobre, soit deux jours plus tôt, la commission nationale de contrôle des marchés publics, sous la présidence de l’intérimaire, Ciré Amadou, certifiait suite à une lettre reçue la veille, le 3 octobre 2018, qu’elle ne voyait «aucune objection» au marché consenti.

 

Il ne manquait plus que la rhétorique du ministre de l’économie et des finances, Mokhtar Djaye, pour justifier «l’aubaine» pour le pays. Et le ministre d’allécher sur les attentes de ce projet : «un investissement de 390 millions de dollars. Par ailleurs, la société payera au port 50 dollars pour chaque conteneur de 20 pieds, et 75 dollars pour un conteneur de 40 pieds. Deux dollars pour chaque mètre cube d’hydrocarbure débarqué, soit 550 millions de dollars par an. L’affaire va également générer 750 emplois pendant la durée des travaux et 500 emplois permanents, au-delà de la réalisation des infrastructures prévues par les termes contractuels».
Bien sûr, malgré les avantages vantés et la réunion du conseil interministériel rien n’a été présenté –du moins officiellement- devant le conseil des ministres à propos de cette affaire scabreuse.

Quelle association ?

Outre les interrogations liées à la présence du beau-fils du président dans cette affaire, il est curieux que la société dénommée dorénavant ARISE.SA soit pilotée par la multinationale Indo-Singapourienne«Olam ». Une entreprise versée dans la distribution agroalimentaire et qui cherche à diversifier ses activités notamment en Afrique. Son directeur exécutif, l’indien Shekhar Anantharaman. Il est vrai qu’Olam déploie ses tentacules dans quelques pays africains où la bonne gouvernance n’est pas de mise. Et puis l’appétit vient en mangeant. Pour l’heure, toute ce que l’on sait aujourd’hui à propos de cette société, qui a désormais pignon sur rue dans notre pays est qu’elle a été condamnée naguère en 2015 aux USA par par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) et contraint de verser de payer « une amende civile de 3 millions de dollars » assortis d’une mise en garde de violations de la Loi sur la bourse de valeurs et du Règlement de la CFTC.

Malgré la continuité de l’Etat, «OLAM » n’est pas à l’abri de la dénonciation de ce marché ultérieurement. Le manque de transparence dans son adjudication reste encore pour beaucoup dolosive. A bon entendeur !

 

 JD