France-Mauritanie-Patronat: Liaisons dangereuses ! | Mauriweb

France-Mauritanie-Patronat: Liaisons dangereuses !

mer, 11/07/2018 - 16:46

Une mission du patronat français, le MEDEF, dont la venue avait déjà été annoncée par le président E. Macron, lors de sa visite en Mauritanie,  est depuis lundi à Nouakchott.

Cette mission, la quatrième du genre, est conduite par Philippe Gautier, président du conseil des entreprises France Afrique Centrale qui d’emblée a qualifiée cette visite comme «une preuve de l’intérêt que portent les entreprises françaises pour le marché mauritanien et leur engagement pour renforcer nos relations économiques ». Des relations qui, faut-il le rappeler, ne brillent pas par leur volume.

Pire encore, la visite des patrons de France intervient à la suite de la grave crise vécue par le patronat mauritanien où désormais, suite à  l’éviction manu militari de l’ex-président, Ahmed Baba Ould Azizi, a été  installé au poste de commandement, un homme du sérail, Mohamed Zeine Al Abidine Ould Cheikh Ahmed. Une élection menée de bout en bout par le régime en place décidé à renverser l’ancien patron des patrons ouvrant ainsi une nouvelle page dans l’immixtion du pouvoir  politique dans les affaires de la sphère privée. Elu, par la force des baïonnettes en décembre 2017 président de l’Unmp mais sans aucune crédibilité, Mohamed Zeine Al Abidine Ould Cheikh Ahmed, qui n’a certainement rien demandé, se trouve ainsi projeté au devant du patronat, sans aura et encore moins d’expérience. Venu de nulle part, il a vu ses affaires prospérer et son étoile briller. Banque privé, marchés publics…Il jouit de la popularité d’être trop proche du régime en place et cela a suffi à le porter aux commandes. Mais il y a de nos jours beaucoup d’étoiles filantes.

Mais qu’à cela ne tienne, le patronat français ne se pose probablement pas de question morale quant aux conditions qui ont prévalu à l’élection de leur hôte. «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà». Pour le patronat français, en effet, les relations économiques « ne sont pas (…) développées au regard de nos liens historiques, des enjeux économiques et du potentiel de développement du pays : nouveaux projets miniers, d’énergie, de diversification de l’économie ». Il y a de quoi allécher les moins mercantiles d’autant que cela parait correspondre particulièrement aux ambitions et indiscrétions « macroniennes » en Mauritanie. Sous d’autres cieux, c’est donc la tendance « marche-arrière » qui est en vogue pour ressusciter le souvenir vivace de la « Franç-à-fric».

Le patronat français présent à Nouakchott ne s’est pas perdu en conjectures et s’est déjà fendu d’un accord avec le nouveau locataire de l’Unpm en signant avec lui un accord en vue de « renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays ».

Alors attendons de voir quelles seront les entreprises françaises qui franchiront encore le Rubicon car l’argent n’a pas d’odeur.

JD