Route de Rosso : L’absence de transparence en fait la route la plus chère de Mauritanie | Mauriweb

Route de Rosso : L’absence de transparence en fait la route la plus chère de Mauritanie

ven, 10/11/2017 - 09:06

La Délégation de l’Union européenne  à Nouakchott a annoncé ce matin la reprise des  travaux de réhabilitation de la route Nouakchott Rosso pour un montant de  44, 5 Millions d'euros.  

Par la même occasion, l’UE annonce que l'entreprise française SOGEA SATOM (filiale du groupe VINCI) a été retenue pour la réalisation des travaux de réhabilitation du tronçon Nouakchott- Bombri d'une distance de 98 km (PK47-PK145) pour une durée de vingt-sept mois.  Paradoxalement, aucune information sur le processus de sélection n’a été donnée et contrairement à son habitude la délégation que nous avons essayé de contacté depuis plusieurs semaines est restée muette. Est-ce de la gène devant une décision qui va à l’encontre des procédures habituellement lourdes mais transparentes de l’Union Européenne ?

 

Alors pourquoi aujourd’hui cette opacité ? Il est vrai la pression populaire devenait de plus en plus forte, mais est ce une raison ?

Toujours est il qu’à  ce prix la route de Rosso devient la route la plus chère de l’histoire de la Mauritanie, 182 millions d’ouguiya le kilomètre et ce n’est qu’une réhabilitation ! A titre d’exemple la construction à partir du néant de route de Nouadhibou a couté 47 millions le kilomètre, la route de Keur  Macène  a été facturée 142 millions d’ouguiya le km par le Génie Militaire.

Depuis quelques semaines, les transporteurs et les usagers de la voie menant de Nouakchott vers Rosso longue de 205 kilomètres manifestent leur ras-le-bol face à l’état calamiteux de cette route.  Certains d’entre eux ont même bloqué pendant quelques heures la circulation sur cet important axe routier du pays         au niveau de l’entrée de la localité de Tiguent 105 km de Nouakchott. Rappelons que la société espagnole CAREJA qui avait remporté le premier lot 46 km (Boumbri –Rosso) avait malgré quelques retards et nonobstant les avenants obtenus, réalisé un travail que ne laissait pas envisager ses début calamiteux. Le reste de la route, près de 160 km, est complètement délabré voire pratiquement impraticable. Rien qu’en 2016 au moins une dizaine de citoyens y ont perdu la vie. Les échanges avec la région du Trarza et le Sénégal sont handicapés depuis au moins une décennie.

C’est donc un ouf de soulagement que poussent aujourd’hui les populations lassées par les fausses promesses des autorités.  

 

 

 Il faut que dire que SATOM est la troisième entreprise après les sénégalais de la CSE et les portugais MonteAdriano-Engenharia e Construçào, S.A du groupe Elevo qui a remporté le marché. Va-t-elle connaitre le même sort ?

Après de longs et fastidieux processus les entreprises choisies n’ont jamais pu mener à bien ce projet que l’actuel Premier ministre a accompagné depuis le début alors qu’il n’était alors que le DG de ATTM qui a participé au premier appel d’offre. Ould Hademine n’aurait jamais pardonné aux entreprises son propre échec à remporter le marché. On est d’autant plus étonnés qu’aujourd’hui le marché est attribué à une entreprise française dont le partenaire Monsieur Abdallahi Ould El Alem est un proche du palais. Alors que les accords de Cotonou signés en 2000 prévoient obligatoirement une procédure ouverte avec avis d'appel d'offres obligatoire et  Soumission globale. Par quel tour de passe-passe les autorités mauritaniennes et la délégation  de l’Union Européenne sont arrivées à passer outre ?  Maria Bercine la responsable de la Section Contrat et Finance auprès de la délégation avait toujours été intraitable sur ce sujet. N’avait elle pas auparavant rejeté le repêchage de l’entreprise italienne (COSTRUZIONI NASONI) lors du premier appel d’offre comme elle avait refusé en 2011   l’attribution du marché au groupement ATTM-VOLCONSA qui en connivence avec des membres de la commission s’était fait attribué le marché en dépit du fait que VOLCONSA (l’un des membres du groupement) était en liquidation financière.

 

Il faut noter que la société portugaise Monteadriano avait mis en place son chantier et même construit huit kilomètres pour montrer son savoir faire mais elle demandait le même avenant dont avait bénéficié Careja pour le tronçon Boumbri Rosso vu que la carrière de tout venant était beaucoup plus loin que ce qui était prévu dans le cahier de charge.  Aujourd’hui la société portugaise s’apprêterait à trainer la Mauritanie devant la justice pour rupture injustifiée du contrat.

La route Nouakchott – Rosso dessert directement ou indirectement notamment les villes de Tiguent,   Mederdra,   R'kiz,   KeurMacéne, Lexeiba, Jedr El Mohguen et  Rosso et connecte la Mauritanie au Sénégal et aux autres pays sahéliens du corridor transafricain Tanger –Lagos. Sa reconstruction permettra de réduire les coûts des facteurs pour favoriser la mise en valeur des potentialités agricoles en rive droite du fleuve Sénégal entre Lexeiba et Birette (à l'embouchure du fleuve) sur plus de 200 km. Et avec la perspective du pont de Rosso, ce tronçon acquiert une importance stratégique en Afrique de l’ouest.

BC