Mauritanie : le «crime» de s’opposer au régime! | Mauriweb

Mauritanie : le «crime» de s’opposer au régime!

mar, 31/10/2017 - 09:05

«Crime transfrontalier»! La trouvaille quoique cynique est «ingénieuse» pour créer les contours d’un lien sur une prétendue «tentative de déstabilisation» du régime. Un complot imaginaire qui ne laisserait aucune place à une voix discordante à l’intérieur mais aussi et surtout à l’extérieur. Une belle jonction car qui «veut tuer son chien l’accuse de rage».

Il suffit de ne pas être en odeur de sainteté politique avec le régime en place pour en être le paria. Ce fut déjà le cas en décembre 2011, lorsque la brouille entre l’opposant mauritanien, Moustapha Ould Limam Chaafi, et le président Mohamed Ould Abdelaziz, a pris les allures d’une guerre ouverte entre les deux hommes ponctuée par un mandat d’arrêt international lancé par le régime contre lui pour des allégations d’accointances entre l’opposant et le groupe terroriste, Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi).

Il n’en aurait pas fallu plus, très certainement, pour que les pays visités par Chaafi y trouvent matière, à défaut de le remettre au régime de Nouakchott, de s’en prémunir. Mais la charge peu crédible et visiblement politique n’a pas emballé les pays hôtes de l’opposant mauritanien qui continue de se mouvoir entre les différentes capitales du monde. En fait de reproche de terrorisme, le pouvoir à Nouakchott lui reprochait plus ses critiques de la gestion du pays. L’animosité avec Ould Chaafi a été poussée jusqu’au délit de parenté et le refus opposé à la conjointe et aux enfants de l’opposant qui tentaient de regagner le pays pour être au chevet de son père sur son lit de mort.

La nature politique de ce différend saute aux yeux et a donc ôté toute la charge du mandat d’arrêt contre lui. Ce dernier continue d’ailleurs de se mouvoir en toute tranquillité dans toutes les capitales du monde. Curieusement d’ailleurs le régime qui abrite toujours des réfugiés politiques comme ceux de l’Azawad qui ont pignon sur rue à Nouakchott ou encore quelques gambiens proches de Yahya Djammeh ou encore du Polisario ne peut pas s’attendre qu’on prenne ses sollicitations très au sérieux. Idem donc pour l’homme d’affaires Ould Bouamatou qui s’était volontairement exilé au Maroc après une brouille personnelle et contre lequel un autre mandat d’arrêt a été émis par le régime pour un « crime transfrontalier». L’homme qui ne s’est jamais pourtant exprimé publiquement sur les affaires politiques nationales est désigné parce qu’il n’était pas près de ses sous. Mais de cela tout le monde peut témoigner y compris au plus haut sommet de l’Etat. Des patients de la Fondation Bouamatou aux employés de ses entreprises, plus personnes n’est plus à l’abri d’une « poursuite » et même de mise sous contrôle judiciaire pour avoir bénéficié des investissements de l’argentier accusé de tous les mots après avoir été flanqué de la médaille du mérite national par son persécuteur d’aujourd’hui.

La réalité est que l’on veut lui faire endosser un manège politique dont Ghadda, après la violation de ses messages audios privés, reconnaissait sur une chaine de télévision que la récupération des sénateurs contre les amendements constitutionnels était l’idée de feu-Ely Ould Mohamed Vall. A malin, malin et demi. Malheureusement, l’ancien président a très tôt été rappelé à Dieu. Paix à son âme !

Une entreprise qui a désarçonné le président Aziz qui n’avait pas pourtant tari sur les aides matérielles aux élus nationaux (terrains, licences de pêche…) pour se faire passer son référendum. ‘est-ce pas là une véritable tentative de soudoyer ?

Mais, cet échec politique dans son propre camp Ould Abdelaziz semble vouloir en donner toute la paternité à l’ancien patron des patrons. Une reconnaissance tacite des possibilités de nuisance au règne qui ne le sert pas beaucoup.

Et pour noyer le poisson,  le régime a sorti toute son artillerie afin de faire taire les opposants au référendum dont le second crime était qu’ils entretenaient des relations d’amitié vieilles avec le nouvel opposant en exil. On a donc épluché ses relations personnelles. Mais pas toutes. Ceux qui ont touché aux largesses de l’argentier en hauts lieux ne sont pas encore cités. Juste des contacts ciblés parmi les plus téméraires dans la critique de la gestion des affaires publiques. Le même mobile fomenté contre l’opposant Moustpha Ould Limam Chaafi. Un goût amer du déjà vu !

J.D