Rejet des amendements constitutionnels: Vers le grand déballage politique? | Mauriweb

Rejet des amendements constitutionnels: Vers le grand déballage politique?

mer, 22/03/2017 - 14:12

Le président Mohamed Ould Abdelaziz tient ce soir une conférence de presse très attendue par l’opinion publique après le rejet qui lui a été opposé par une majorité de sénateurs de sa majorité portant sur les amendements qu'il avait annoncés en juillet 2016 depuis Néma. Ces amendements avaient été adoptés plus tôt par les députés à l’Assemblée nationale. La véritable surprise, qualifiée même de séisme politique, est le désaveu essuyé par le président au sein de sa propre majorité au Sénat. Le président -et son parti- était censé maîtriser une majorité confortable de 40 sénateurs acquis à ces réformes. Le niet des sénateurs à ces amendements leur fait redorer leur blason, aux yeux d’une opinion publique de plus en plus avertie et consciente des enjeux des changements prônés, contrairement aux députés de la Majorité qui n’ont fait qu’obéir les yeux fermés et sans état d’âme ces réformes constitutionnelles. Or, tout le monde se rappelle qu'au lendemain de sa « sortie » contre les sénateurs, une fronde des élus de la Haute chambre s'est vite manifestée pour s’inscrire contre les propos présidentiels. Ils ont boycotté l’hémicycle et refuser d’obtempérer aux invitations du président de l’UPR. Mais pour se racheter aux yeux des sénateurs, le président Aziz les avait invités pendant le Ramadan à un couper du jeûn à la présidence afin d'aplanir les divergences sur l'interprétation de ses propos qualifiés à l'époque de "durs" envers des hommes et des femmes qui s'étaient investis depuis son putsch de 2008 à légaliser sa prise de pouvoir et plus tard à asseoir ses succès électoraux pour ces deux mandats. Dans la réalité, et à postériori, les sénateurs semblaient ruminer leur revanche pour rappeler au président l'importance de leur chambre dans la suite des planifications politiques du régime notamment la dissolution de leur assemblée, l’implosion de la Haute Cour de Justice, le changement du drapeau et de l’hymne national. L'ouverture du dialogue politique, en octobre 2016, avec une partie de l'Opposition, très peu représentative, n'a rien révélé de cette nouvelle opposition interne au régime encore en gestation. Ce dernier pensait, très certainement, qu'une page était tournée. Les propositions de réformes ont donc été applaudies malgré l'absence de la seule véritable opposition politique au régime symbolisée par le FNDU. Les sénateurs ne se prononceront pas sur le choix du président de les enterrer vivants et jouèrent avec lui au chat et à la souris. La vengeance est un plat qui se mange froid. Vendredi dernier, même si personne n'était prêt à parier le moindre ouguiya sur le refus des sénateurs de rejeter les propositions formulées par le président, la surprise a eu un effet d'apocalyptique dans le camp de la Majorité et notamment au sein de l'UPR, parti au Pouvoir, qui pensait tenir en laisse les sénateurs. La suite a été un cafouillage énorme. Pas moins de 33 sénateurs rejetaient ainsi les propositions de réformes constitutionnelles jetant ainsi le Pouvoir dans un véritable imbroglio politique et moral. Le nombre de sénateurs rejetant ces réformes est bien la preuve que le mécontentement est largement partagé . La situation est telle qu'aujourd'hui, le président Mohamed Abdelaziz est encore contraint de descendre dans l'arène communicationnelle pour, sans doute, tenter de colmater les brèches son camp alors que ses soutiens savent qu'il est à une encablure de quitter le pouvoir et qu'il avait déjà annoncé son refus de briguer, par le tripatouillage de la Constitution, un troisième mandat. Que fera le président face à l'opposition étendue maintenant à son propre camp? Galvaniser ce qui en reste ou proposer un référendum aux forceps? La secousse tellurique continue certainement de se propager dans le camp politique du président où dorénavant la confiance ne règne plus. Ce qui est sûr, c'est que le président Mohamed Abdelaziz doit mesurer les risques de toute nouvelle éventualité d'un référendum contre lequel ses opposants affichés feront aussi campagne. Un échec du référendum aura des conséquences encore plus lourdes pour lui que le rejet par les sénateurs des réformes proposées. Mais attendons donc de voir quel choix fera le président Mohamed Ould Abdelaziz pour se tirer d'une affaire qui l'a certainement désarçonné en premier. J.D