Nouveau scandale de bradage à la SNIM | Mauriweb

Nouveau scandale de bradage à la SNIM

mar, 04/10/2016 - 14:00

Quand des journalistes ont écrit que le géant minier mauritanien était victime de la baisse des cours du minerai mais qu’il était surtout victime de la mauvaise gestion de son ancien ADG, l’actuel Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement Mohamed Abdellahi Ould Oudaa, celui-ci les a trainés en justice en les accusant de diffamation. Quand des journalistes ont écrit que Hamady Ould Bouchraya dit Yama profitait de sa proximité avec le Palais pour faire main basse sur les richesses du pays, celui-ci leur a envoyé un droit  de réponse virulent dans lequel il ne les ménageait guère les menaçant au passage des foudres de la « Justice ».

Aujourd’hui nous sommes en mesure d’affirmer que Hamady Bouchraya a vendu comme intermédiaire  en Décembre 2015 du minerai de fer mauritanien au prix FOB de 9 dollars la tonne métrique.  Rappelons qu’en 2015 le  prix du minerai de fer avait chuté de 45 %,   au début du mois de décembre (38,80 US$, prix spot CFR au port de Tianjin, 62 % fer), après un autre effondrement  de 47 % en 2014. Cette chute vertigineuse des prix s’explique  d’une part par une offre excédentaire des principaux producteurs  mondiaux et, d’autre part, par  tassement de la croissance économique chinoise.

 

Jusqu’au début des années 2000, le prix de la tonne de minerai de fer était exclusivement fixé par des négociations annuelles de gré à gré qui avaient lieu entre les producteurs et les sidérurgistes   et ces prix restaient dans une fourchette entre 10 et 14 US$/t.

L’explosion de la demande chinoise en acier a bouleversé ce système, avec l’émergence et le développement d’un marché au comptant (marché spot) au début des années 2000. Les sidérurgistes chinois,  rencontraient des difficultés d’approvisionnement sur le marché conventionnel dominé par des européens et des américains. Ils se sont alors tournés vers d’autres zones d’approvisionnement non traditionnelles, marquant ainsi le début d’un marché spot plus efficace et plus flexible.          

A partir de 2004, les trois grands producteurs mondiaux de minerai de fer, BHP, Vale et Rio Tinto, ont imposé une augmentation annuelle du prix de référence de leur minerai sur le marché Spot, qui a atteint des niveaux jusqu’alors inimaginables.

Le système de fixation annuelle a montré ses limites en 2010 : BHP, Vale et Rio Tinto se sont accordés pour mettre en place un système de fixation trimestrielle des prix plus proche des prix constatés sur le  marché  spot, ces derniers ayant largement dépassé les prix de référence annuels fixés en 2008 (jusqu’à 100 US$/t d’écart en 2008 !). La plus grande partie du commerce du minerai de fer continue à se faire avec des contrats à plus ou moins long terme.

Les prix du minerai de fer ont depuis connu une grande volatilité liée à l’offre et à la demande. Par exemple, à la fin 2008, afin de contrecarrer les effets de la crise financière globale, le gouvernement chinois avait adopté un plan de relance économique, essentiellement fondé sur des investissements dans les infrastructures, qui avaient dopé la demande en acier. De son niveau plancher de 60 US/t, le prix spot du minerai s’est envolé, avec un record en 2011 à près de 190 US$/t(prix CFR au port de Tianjin, 62 % Fer).

Aujourd’hui malgré un ralentissement de la demande, les 4 premiers producteurs mondiaux que sont Vale, Rio Tinto, BHP et Fortescue (FMG) s’adonnent à une lutte sans merci pour s’accaparer une part toujours plus importante du marché. Tous ont commencé par comprimer considérablement  leurs coûts de production   forçant de nombreux producteurs secondaires à suspendre certaines de leurs opérations devenues non rentables.

C’est dire qu’à la période incriminée,  la SNIM la SNIM dont les coûts de production se situent entre 30 et 40 dollars par tonne (Vale a annoncé un coût de production inférieur à 13$/t pour le 3ème trimestre 2015, le prix le plus bas du marché) a vendu à perte dans le seul souci d’avoir du cash et pour que les intermédiaires encaissent au passage leurs commissions.

On sait que la SNIM exploite essentiellement deux types de minerais de fer : le minerai hématite et le minerai à magnétite. Le premier très recherché ne se vendrait qu’en passant par des intermédiaires qui empochent des commissions sans coup férir. Ce système aurait été longtemps en vigueur à la représentation de Paris avant que les restrictions budgétaires ne ferment celle-ci.

Les journalistes avaient annoncé que la SNIM allait vendre Daman Assurances, malgré les dénégations de Ould Oudaa, cela se fit que semaines plus tard. Les journalistes avaient annoncé que Ould Bouchraya allait lancer les cigarettes Winston en Mauritanie celui-ci leur opposa un démenti sarcastique, aujourd’hui qui est le représentant de cette marque de cigarette ? Certainement pas les journalistes auxquels il avait demandé de lui donner leur adresse ! C’est dire que pour ce qui concerne cette vente ou bradage scandaleux du minerai de fer on s’attend à ce que les deux comparses opposent un démenti à cette information mais les prochains jours nous édifieront davantage sur la gabegie qui sévit dans notre pays dans tous les secteurs mais particulièrement dans le secteur minier.