Le torchon brule entre le patronat et le gouvernement | Mauriweb

Le torchon brule entre le patronat et le gouvernement

ven, 04/03/2016 - 09:22

Depuis l’avènement de ce pouvoir, ses relations avec l’ancien secteur privé en général et sa représentation UNPM en particulier n’ont jamais été au beau fixe.  Jusqu’ici personne n’a pu avancer le moindre début d’explication de cette attitude pour le moins incompréhensible. 

Sous d’autres cieux plus cléments, le patronat et un rouage essentiel des partenaires sociaux qui sont constitués des représentants des principaux syndicats de salariés et des principales organisations patronales ainsi que de représentants du gouvernement.  Après avoir ignoré cette structure  en la boudant et en réduisant au strict minimum son activité,  le pouvoir semble depuis quelques mois  lui découvrir de nouvelles vertus. Pourquoi cet intérêt subit ? Cela procède-t-il de la volonté clairement affichée de créer une nouvelle génération d’homme d’affaires qui doivent tout à l’actuel régime ? Ils sont nombreux à le penser !

En tout les cas, l’actuel Premier Ministre Yahya Ould Hademine, de sa propre initiative ou obéissant à son patron,  a mis en tête de ses priorités, le remplacement de  l’actuel Président Ahmed Baba Ould Azizi par le banquier Isselmou Ould Tajedine et ce, au grand dam de l’écrasante majorité des hommes d’affaires qui soutiennent le bureau sortant dont ils vantent les qualités.  Personne ne s’explique cette ardeur déployée par le chef de l’exécutif pour intervenir dans un choix qui devrait être avant tout, celui des principaux concernés à savoir les patrons mauritaniens. Mais le pouvoir n’est il pas déjà intervenu pour imposer l’une des vices présidente de l’UPR à la tête de l’UTM, l’un des principaux syndicats du pays, sans que personne n’y trouve à redire ?

Toujours est il que le congrès de l’UNPM connait des retards qui, tout d’abord étaient dus à la non tenue des assemblées générales de certaines fédérations membres mais sur lequel se sont greffés les soubresauts actuels.

Sur les onze (11) Fédérations professionnelles que compte cette organisation patronale nationale, seules cinq ont réussi, sans difficultés, à tenir leur Assemblée générale,  et ont sans surprise renouvelé leur confiance aux présidents sortants. Il s’agit des fédérations professionnelles ci-après :
La Fédération des Industries et Mines (présidée par Ahmed Ould Hamza);
La Fédération des Services et Professions libérales (présidée par Mohamed Ould Waled) ;
La Fédération des Institutions financières (présidée par Moulaye Ould Sidi Mohamed Ould Abbass);
La Fédération Nationale des Pêches (présidée par Mohamed Lemine Ould Hamoud) ;
La Fédération du Tourisme (Mohamed Ould Chrif Ould Abdallahi).
Celle des  Bâtiments et Travaux publics  a fini, après moult remous, à tenir son Assemblée générale et a placer à sa tête l’actuel député UPR  de CHAMI Lemrabott Ould Tanji. Après de longues négociations où les tributs ont joué un rôle important, la fédération du commerce est finalement tombée dans l’escarcelle du jeune Ould Hamoud qui est une sorte de compromis entre les deux puissants groupes qui se la disputaient.

Pour ce qui est de la fédération d’agriculture, après avoir essayé d’imposer le général Dia à sa tête le gouvernement a du reculer face à l’hostilité des hommes d’affaires pour se contenter de le mettre vice président de la dite fédération. Celle de l’élevage a été elle aussi arrachée par le pouvoir qui pu placer à sa tête un colonel retraité, Wellad Ould Haimdoune.  Quand aux fédérations  des Transports et des Boulangeries elles ont reconduit leurs présidents sortants respectivement Mohamedou Ould Sidi et Abderrahmane Ould Saadbouh.  Depuis la fin des assemblées générales des Fédérations, le Premier ministre Yahya Ould Hademine, que l’actuelle crise économique que vit le pays ne semble pas préoccuper,  a convoqué certains membres du Bureau exécutif du Patronat mauritanien pour leur intimer l’ordre de tenir leur assises dans les plus brefs délais et de remplacer Ahmed baba Ould Azizi Par Isselmou Ould Tajedine. 

Personne ne s’explique le zèle avec lequel Ould Hademine s’acquitte de cette « mission ». Toujours est –il que la plupart des hommes d’affaires expriment en privé et parfois en public leur désapprobation de cette immixtion flagrante des autorités dans le fonctionnement d’une structure censée être indépendante. On le sait depuis toujours le, pouvoir a eu son mot à dire pour la désignation du président du patronat mais cela s’est toujours fait en concertation avec celui-ci. Dans le respect de certaines formes. Plus maintenant, le Premier ministre en a fait une affaire personnelle, et les patrons répliquent eux par petites touches ou sautes d’humeur. Ainsi en janvier 2014 le vice-président Mohamed Abderrahmane Ould Oumar signe un communique dans lequel le patronat mauritaniens s’insurge contre « l’augmentation soudaine de plus de 80% des coûts de manutention de la tonne, sans concertation entre les partenaires sociaux » et de conclure : que l’ « L’UNPM ne saurait laisser passer cette occasion, sans exprimer son mécontentement face à certaines pratiques de violence et de diffamation non justifiées qui sévissent parfois dans ce domaine à l’encontre de certains opérateurs économiques ».
Plus tard, un discours du Président Ahmed Baba Ould Azizi devant les bailleurs de fonds, met les autorités devant une fâcheuse situation en dénonçant un certain nombre de pratiques incompatibles avec la justice et l’équité. Et le couronnement fut le refus d’entériner la candidature du général Dia à la tête de la fédération de l’agriculture alors qu’elle avait été proposée par le pouvoir.
  
A l’heure qu’il est personne ne peut prédire l’issue de ce bras de fer. Jusqu’ici seul Mohamed Mahmoud Ould Mah avait réussi à se faire élire à la tête du Comité Olympique mauritanien en dépit de l’opposition des autorités. L’UNPM réussira-t-elle la même prouesse ou confirmera-t-elle l’adage arabe qui dit que le capital est peureux voire lâche !

B .C .