Mondafrique – Alors que l’enquête judiciaire sur les biens mal acquis par l’ex président, Mohamed Ould Abdel Aziz et les siens se termine, un procès pour enrichissement illicite est désormais inéluctable pour clore une page dramatique de l’Histoire mauritanienne.
Cette semaine, on devrait connaitre l’épilogue du feuilleton qui a commencé avec l’enquête de la commission parlementaire sur les frasques de l’ex président Aziz qui a régné sur la Mauritanie jusqu’en 2020.
L’enquête de la Police des crimes économique a conduit à constituer un dossier très lourd qui montre comment l’ex chef d’état et les siens ont fait main basse sur le pays. Ce qui rend le procès inéluctable et une condamnation hautement probable.
Enrichissement illicite
L’enrichissement illicite du clan Aziz est difficilement contestable. Comment un président et sa famille proche pourraient se retrouver à la tête de la première fortune du pays en une seule décennie ?
Son fils Bedredine a abandonné l’école avant de passer son bac, il n’exerce aucune activité commerciale connue, sauf la propriété d’un garage d’entretien et de réparation de véhicules. Or il s’offre des appartements aux Iles Canaries, roule dans des voitures de luxe, arbore des montres Hublot de plus de 40 millions d’ouguiya, la monnaie mauritanienne, et revendique des dizaine de villas et de propriétés en Mauritanie et ailleurs.
La régente de Nouakchott
L’ex première dame, Tekber mint Ahmed que certains n’hésitaient pas à appeler la régente de Nouakchott en la comparant avec Leila Trabelsi, surnommée » la régente de Carthage », s’est payé un duplex dans le XVIème arrondissement de Paris. Ce qui pourrait lui valoir une procédure pour « biens mal acquis » comme les présidents congolai et gabonais.
La même des biens immobiliers au Maroc, en Turquie et aux Emirats Arabes Unis. Cette grande femme d’affaires est toujours payée par la Banque Centrale Mauritanienne et se soigne aux frais de la Secu en France.
Sa fille Asma, celle qui, ces dernières années nommait et limogeait les hauts fonctionnaires, faisaient et défaisaient les carrières se retrouve aujourd’hui à la tête d’une immense fortune alors qu’elle non plus, n’a jamais occupé aucune fonction ni exercé aucune activité commerciale. Des dizaines d’immeubles et de terrains sont en son nom à Nouakchott et Nouadhibou.
Son époux Mohamed Boussabou s’est transformé d’un simple vendeur de voiture d’occasion en un florissant homme d’affaire. Alors qu’il était simple employé de la SNIM, le grand monopole étatique qui exploite le fer, première richesse nationale, il avait la haute main sur la vente du minerai mauritanien. De Paris où il menait sa barque il était l’intermédiaire obligé des chinois et des hollandais qui convoitaient le fer mauritanien.
Sa deuxième fille Leila, la plus discrète s’est fait connaitre en bradant un patrimoine foncier illégalement acquis par sa mère dont une bonne partie est passée entre les mains de Cheikh Ali Ridha.
Son cousin et prête nom Mohamed Lemine Ould Bobatt a en son nom un immeuble qui est le siège du projet de la fameuse International Medical Center tout comme la compagnie d’assurance dont les déboires avec la Justice sont à « la Une » ces derniers jours. Sans même parler d’un nombre considérable de « businesses » dans la pêche l’agriculture et la manutention.
Enfin on peut ajouter le Duo Mohamed Abdallahi Iyaha/ Foil Ould Lahah, prète-noms de l’ancien Président.
« Je suis riche, et alors? »
Mohamed Ould Abdel Aziz s’en est tenu à sa stratégie de défense en refusant systématiquement de coopérer avec ces différents enquèteurs. Il a mis en avant « le procès politique » qui lui est fait et l’immunité que lui confèrerait selon lui l’article 93 de la Constitution.
« Mon argent ne vient ne vient du Trésor, ni de la Banque Centrale Mauritanienen », a affirmé l’ex Président, sans nier avoir accumulé une grande fortune. A entendre ses avocats, il se serait enrichi grâce aux rogatons des différentes campagnes électorales, ou encore grâce aux « cadeaux » de certains dirigeants étrangers.
Piètre défense, ne serait ce qu’au vu d’une bonne dizaine de projets immobiliers importants à l’arrêt: immeubles, centres commerciaux, blocs entiers de la zone de Sukuk, le tout laissé en « friche » en attendant l’épilogue du dossier judiciaire.
Par Nicolas Beau