Afrimag - L’accord à controverse portant sur la construction d’un quai à conteneurs confié, dans des conditions jugées opaques, à la société Arise-Mauritanie, aux derniers mois de la gouvernance Aziz, vient d’être « revu et corrigé » par un avenant convenu entre la société bénéficiaire et le Port autonome de Nouakchott (PANPA).
Première opération réalisée dans le cadre de la loi n°2017-006 sur le partenariat public privé, l’extension du Port autonome de Nouakchott figure parmi les dix dossiers soumis à l’enquête d’une commission parlementaire sur la décennie Aziz (2009-20191).
L’accord à l’amiable devrait permettre de classer ce dossier qui impliquait pas moins de sept ministres ayant apposés leurs signatures sur la convention que beaucoup considérait comme un PPP gagnant-perdant.
Pour le gouvernement mauritanien, la renégociation de l’accord lui permettant de corriger les dysfonctionnements de la première convention est le choix de la raison.
C’est une flexibilité qui permet d’éviter de recourir à l’arbitrage international et de conserver à la Mauritanie l’image d’un pays qui affiche de bonnes dispositions pour attirer les investissements directs étrangers (IDE). C’est donc bien la société Arise Mauritanie qui a accepté de faire d’énormes concessions en signant l’avenant modifiant certaines dispositions de l’accord initial.
Le virage est à 180•
Premier changement de taille : le projet est désormais porté par le Fonds français d’investissement Méridiam, comme premier vis-à-vis de la Mauritanie et non par «partenaire (qui) n’était pas connu» avec une fragmentation du capital qui ne rassure pas, précise Sid’Ahmed Ould Rayess, Directeur général du PANPA.
La révision à la baisse des coûts de réalisation du quai à conteneurs et le renoncement à certaines exonérations «injustifiées» permettraient aussi au trésor public mauritanien d’engranger 200 millions de dollars américains, en plus de ce qui avait été convenu dans le premier accord. L’avenant casse aussi le monopole octroyé à Arise Mauritanie puisque, l’exclusivité de la gestion de l’ouvrage, basée sur la durée, dans l’accord initial (30 ans), est maintenant liée au volume (450 000 conteneurs) qui, une fois atteint, autorise les autorités portuaires à construire un nouveau quai.
Une clause relative à l’emploi de Mauritaniens dans cette convention d’une durée de 30 ans aurait également été introduite. Ainsi, à 15 ans de sa mise en œuvre, la société bénéficiaire doit avoir cédé 10% des postes à des Mauritaniens et 50%, 7 ans après.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent - Nouakchott