Le360afrique - La mouvance islamiste Tawassoul, principal parti de l’opposition mauritanienne, rejette toute idée d’abandon des charges contre l’ancien chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz et ses proches. Une sortie qui intervient au moment où l'inquiétude gagne l'opinion quant à l'issue des poursuites.
Face à une enquête préliminaire pour des faits présumés de corruption, sous le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz (2008/2019), reléguée au second plan de l'actualité après avoir été sous les projecteurs des médias pendant plusieurs semaines, l’inquiétude gagne l’opinion.
Celle-ci craint un enlisement et une fin en eau de boudin pour une histoire que de nombreux observateurs présentent comme «le casse du siècle».
C’est dans ce contexte de doute qu’il faut inscrire une déclaration du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul/mouvance islamiste).
Une nouvelle sortie médiatique à travers laquelle le principal parti de l’opposition appelle «à la restitution des biens détournés» sous le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz (2008-2019).
Par ailleurs, la formation islamiste, forte de 16 députés à l’Assemblée nationale, exige «la poursuite de la procédure judiciaire enclenchée contre toutes les personnes citées» dans un rapport établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP), dénonçant la corruption et transmis à la justice le 5 août dernier.
Dans le cadre de cette procédure d’enquête préliminaire, conduite par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, sous la supervision du parquet anti corruption, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, des proches familiaux et plusieurs ex-hauts responsables, ont été auditionnés.
Gardé à vue du 17 au 24 août 2020, Aziz a refusé de répondre aux enquêteurs, en se référant à l’article 93 de la Constitution mauritanienne «qui confère l’immunité au président de la République, lequel ne peut être poursuivi que pour haute trahison, devant la Haute Cour de justice (HCJ)».
Une prétention réfutée par les avocats de l’Etat, qui soutiennent la compétence de la justice ordinaire à la cessation des fonctions, sans préjudice d’éléments tirés ultérieurement de l’enquête et pouvant relever de la compétence de la Haute Cour de Justice (HCJ).
Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP), transmis à la justice le 5 août dernier, dénonce des faits de corruption pour l’attribution de 109 marchés publics, dans les domaines de l’énergie, les infrastructures, la pêche, la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), une concession portuaire, la liquidation d’entreprises publiques et la gestion du foncier à Nouakchott. Ces différents marchés sont estimés à un cumul de 1,14 milliard de dollars.
Face au doute qui gagne l’opinion devant la lenteur du traitement préliminaire de cette affaire, le ministre de la Justice, Mohamed Mahmoud Ould Cheikh Abdallah Boya, tente de rassurer en affirmant que l’enquête suit son cours normal, et ira jusqu’au bout, à travers une sortie médiatique récente.
Par De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck