Quelques jours après les allégations de déni d’esclavage venant du Président de la République comme le grand de la constitution qui qualifie l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et ayant la charge de veiller à l’application des lois, conventions et traités en vigueur lesquelles constituent une condition sine qua none pour l’instauration d’un Etat de droit;
le Ministre de la justice parce qu’il s’agit bien de lui et pour les raisons qui ne sont plus qu’un secret de Polichinelle pour tous les Mauritaniens… est venu réitéré les mêmes déclarations outrageuses qui continuent jusqu’à présent à susciter indignation continue, réprobation générale et rejet total de l’opinion.
Or l’esclavage est une réalité dont l’existence ne souffre d’aucun doute. Et c’est au nom de ce phénomène abject et anachronique cause des revendications légitimes de tous bords: abolition, réinsertion, redistribution des richesses nationales, partage de pouvoir… que la plus grande composante nationale, en l’occurrence les esclaves et les anciens esclaves (Haratines), se voient spoliés de tous droits.
Dans ce cadre caractérisé par la recrudescence du négationnisme, APP tient à révéler à l’opinion des cas tout récents d’esclavage avérés. Ainsi après son interpellation par certains citoyens à propos des pratiques dont leurs proches et eux-mêmes sont victimes à Outeïd Talhaya (moughataa M’Beïket Lahouach), le Coordinateur régional de SOS-Esclaves de la wilaya du Hodh Echargui a saisi la justice.
Aussitôt, sur ordre du procureur de la République, la gendarmerie s’est rendue, le jeudi 03 Décembre, sur les lieux, conduisant deux esclavagistes Khalihina Ould Haïmad et Hanana Ould Bouna, et une partie de leurs victimes : Fatma Mint Zaïda et deux (2) de ses quatre (4) enfants.
Quant aux deux autres restants et leur grand-mère Zaïda ainsi que Bouta Mint Diouma et sa famille qui compte (5) membres, établis à 6 kilomètres de la frontière avec le Mali, ils vivent toujours en captivité, nonobstant les dispositions prises pour les récupérer et les ramener à Néma.
On signale que la capitulation inacceptable et l’inféodation inconcevable de l’administration et de la justice aux pressions du système tribalo-féodal sont telles que les criminels échappent à chaque fois à l’application de la loi.
Ainsi l’intervention de l’adjudant de l’armée Sidi Ould El Ghalla de la base militaire de Bassiknou et de l’ex-maire de la commune Echimime Sidi Mohamed Ould Sidi El Mokhtar, tous deux fils des chefs de leurs tribus, protège-t-elle le troisième esclavagiste Mohamed Ould Haïmad qui vit présentement en toute impunité, à Outeïd Talhaya.
Cependant l’engagement sans équivoque du procureur de la République à poursuivre les auteurs de ces crimes d’esclavage et crime contre l’humanité, sa détermination de les placer en détention préventive, se heurte à la volonté du juge d’instruction Mohamed Ali Ould Hamoudy plus que jamais résolu à dévoyer les faits par la qualification des chefs d’accusation pour protéger les esclavagistes.
Les manœuvres foncièrement vicieuses et attentatoires de ce dernier durent depuis sept (7) ans, date de sa désignation à la cour de Néma. Sept ans d’intimidations et de menaces exercées sur les victimes d’esclavage, les contraignant à se dédire et se plier à sa volonté ont fini par acquitter tous les esclavagistes.
Dénonçant et condamnant avec force la volonté manifeste de l’Etat de faire barrage à l’émergence d’une Mauritanie refondée, une Mauritanie complètement dépourvue d’exclusion, de marginalisation et de privilèges indûment acquis au nom des droits de naissance et de race, APP :
1) Engage le pouvoir à enjoindre à toutes les autorités compétentes de faire preuve de sérieux et d’impartialité dans le traitement des dossiers d’esclavage, notamment dans cette affaire qui constitue un test des pouvoirs publics dans leur volonté de mettre fin aux pratiques esclavagistes ou non ;
2) Exige la sanction immédiate de l’administration et tous les magistrats et les auxiliaires de la justice impliqués, entre autres le juge d’instruction Mohamed Ali Ould Hamoudy conformément aux dispositions des articles 18 et 21 de la loi incriminant et condamnant l’esclavage ;
3) Rend le pouvoir seul responsable des conséquences des manipulations extrajudiciaires en cours sur la paix civile et la cohésion sociale ;
4) Met en garde contre toute volonté de protectionnisme de l’Etat et de connivence avec les esclavagistes afin de consacrer les parodies de justice et les décisions attentatoires subséquentes ;
5) Apelle l’ensemble de ses militants et sympathisants à rester mobilisés et vigilants jusqu’au règlement définitif de ces cas flagrants ;
6) Invite l’ensemble de la classe politique et la société civile à s’insurger contre la politique de déni d’esclavage de l’Etat aux conséquences assurément fatales pour la paix civile et la cohésion sociale ;
7) Rappelle que jamais son souci et son attachement à la cohésion sociale, la paix civile et la stabilité nationale ne sera au prix de l’acceptation du déni de l’esclavage et des droits légitimes des esclaves et anciens esclaves (Haratines) qui constituent l’une de ses priorités centrales.
Nouakchott, le 14 Décembre 2015
Le Bureau Exécutif