- C’est le lundi 30 mars 2020 au soir, que le ministre de la Santé, Dr. Nezirou Hamed a annoncé à la télévision publique, le premier cas de décès par coronavirus en Mauritanie.
Il s’agit d’une femme en provenance de France le 16 mars dernier, alors que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer un confinement national sans mesures d’accompagnement.
Elle s’appelait Diarra Ciré Sanokho, une jeune femme de 48 ans originaire de Diaguily dans le Guidimagha. Elle fait partie des passagers en provenance de France le 16 mars 2020.
Confinée depuis cette date dans un hôtel de la place par les autorités sanitaires au même titre que les autres voyageurs, elle devait sortir aujourd’hui, lundi 20 mars. Mais le destin en a décidé autrement. Après un malaise ressenti la nuit précédente, elle est décédée dans l’ambulance qui devait l’évacuer à l’hôpital national de Nouakchott. Ces précisions ont été rapportées par le Ministre de la Santé, Dr. Nezirou Hamed dans une déclaration faite à la télévision nationale. Avec cinq cas de coronavirus officiellement reconnus, la Mauritanie vient ainsi d’enregistrer son premier décès au Covid-19, alors que la veille les autorités annonçaient avec fierté la guérison et la fin du confinement des deux premiers cas enregistrés, respectivement le 13 et le 18 mars 2020.
Prolongement envisagé du temps de confinement
Après cette nouvelle tournure qui vient ébranler la certitude des autorités quand aux efforts jusque-là pris face à un dangereux tueur, décision a été prise de prolonger le confinement des voyageurs en provenance de pays étrangers au-delà des quatorze jours correspondant à la période d’incubation jusque-là respectés. Le docteur Ndiaye Amadou du Centre Hospitalier National (CHN) au cours de son passage sur les plateaux de la télévision de Mauritanie a même laissé entrevoir la possibilité d’instaurer le dépistage systématique des cas suspects pour prévenir toute contamination.
Encore une fois, le ministre de la Santé lors de son passage à la télévision, a rappelé les consignes préventives à respecter, le lavage des mains avec des solutions aseptisées, à l’alcool, eau de javel ou le savon ordinaire, ainsi que le port du masque, mais il a exhorté surtout les populations à rester chez elles. « Face à une maladie qui a terrassé les pays les plus puissants du monde, nous n’avons que la prévention pour nous prémunir du Covid-19 » a-t-il insisté.
A rappeler que beaucoup de Mauritaniens se sont auto-confinés depuis les premiers cas signalés. Les autorités ont également pris des décisions qui sont allées crescendo. Ce fut d’abord l’arrêt de toutes les correspondances aériennes et maritimes de et vers l’étranger, le confinement des voyageurs en provenance de l’extérieur, la fermeture des frontières avec les pays voisins.
Après le couvre-feu décrété d’abord à partir de 20 heures, puis de 18 heures à 6 heures du matin, il s’en est suivi la fermeture de tous les restaurants et cafés, interdiction de tous les regroupements (mariages, baptême, festivités) et de toute manifestation à caractère public, puis ce fut au tour des marchés d’être clos, à part les lieux de commerce de produits de consommation. Dernière décision prise, le confinement régional et l’interdiction des transports et déplacements entre les régions du pays.
Des conditions de confinement décriées
Les Mauritaniens sont unanimes à reconnaître la bonne qualité des mesures jusque-là prise par les autorités nationales dans la gestion du Covid-19. Ils ne doivent pas être en effet nombreux ceux qui ont dénoncé la pratique du confinement ni des effets réducteurs de leur liberté dû au couvre-feu, encore moins, la fermeture des marchés, celle des frontière et l’interdiction des attroupements.
Mais si ces mesures et les promesses annoncées par le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazwani le 18 mars 2020 ont eu un large écho parmi les Mauritaniens, notamment les promesses relatives à la baisse des droits de douane pour stabiliser les prix du marché, la gratuite de l’eau et de l’électricité pendant deux mois pour les plus démunis, la subvention qui sera accordée aux 30.000 ménages les plus pauvres du pays, entre autres, les Mauritaniens commencent cependant à perdre patience, face au retard apporté aux mesures d’accompagnement pour soulager les couches les plus vulnérables, celles qui vivaient de l’informel et qui gagnaient leur vie au jour le jour.
Des distributions de vivres et de sommes d’argent modiques (30.000 UM par famille) semblent en effet avoir commencé dans certaines Moughataas, comme à Dar-Naïm et Arafat, mais les effets induits d’un confinement prolongé risquent de rompre la chaîne de discipline jusque-là observée. La faim pourrait être le meilleur allié du coronavirus qui rôde aux alentours, car désemparées, des foules en colère pourraient envahir les rues.
Cheikh Aïdara