C’est à Ndiago qu’a pris fin la campagne de sensibilisation sur la préservation pour une bonne gestion des petits pélagiques.
En plus de ce chef lieu d’arrondissement très difficile d’accès en période pluviale, la campagne de sensibilisation a touché, tour à tour, entre le 13 et le 16 du mois de septembre deux grandes villes (Nouadhibou et Nouakchott) et un autre important chef lieu d’arrondissement (Nouamghar) tous connus comme des zones tournées spécifiquement vers la pêche.
Ce dimanche c’était au tour de la localité de N’Diago d’être sensibilisée sur l’intérêt de la préservation de cette ressource halieutique composée en particulier de sardines, sardinelles, chinchars, anchois, ethmaloses, maquereaux.
Pour aller vers cette zone à plus de 280 km au sud de Nouakchott, l’équipe de la FNP section artisanale Nord présidée par M.Sid Ahmed ould Abeid était obligée de longer la mer à bord de voitures tout terrain car la piste qui l’y mène de Keur Macène était impraticable à cause des eaux de pluie.
Il a fallu passer la nuit en pleine lune attendant que la marée descende aux environs de 3 heures du matin. Supporter la chaleur, les mouches et les moustiques très nombreux dans cette partie durant la période estivale. Il a fallu longer de grands ravins dangereux, des dunes de sable mouvant. Il a fallu 3 longues et difficiles heures pour arriver à « Ndiago » au moment où le soleil pointait à peine à l’horizon. Tout cela pour transmettre le message et mettre à contribution les pêcheurs de N’Diago.
Cette sensibilisation vise l’implication des utilisateurs de cette ressource afin de maximiser les bénéfices tirés des petits pélagiques dans le respect des normes de durabilité.
Lors de la rencontre de l’équipe avec les pêcheurs Ndiagois, ceux-ci ont fustigé l’octroi de licences aux pêcheurs sénégalais. Pêchant dans leur zone, ils détruisent leurs filets. Ensuite par l’absence de surveillance, pour eux, on ne sait pas ce que prennent ces piroguiers sénégalais ni ce qu’ils débarquent. Et parallèlement ils déplorent le fait que l’Etat leur interdit d’embarquer des étrangers dans leurs pirogues.
Ils ont en outre proposé des solutions pour remédier à ces freins à la durabilité : Renforcement de la surveillance, accès au crédit, allègement des procédures de contrôle sur les marins artisanaux, mettre un terme à l’intrusion des bateaux dans la zone artisanale ce qui provoque des accidents, diminution de la pression des usines de Moka sur la ressource, mise en place de moyens pour faciliter la pêche de cette ressource ( glace et carburant), formation continue…
De prime abord, le président de la section artisanale M. Sid Ahmed Ould Abeid a remercié de leurs présences à cet atelier le chef du village BA Pathé, DIOP Boubacar, un ancien retraité de l’éducation, Abderrahmane SOW qui s’est transformé en traducteur ainsi que tous les autres membres du village, Abd Raouf le représentant des Garde-Côtes Mauritaniennes, les membres de la fédération artisanale Sud à leur tête président de la section artisanale Sud M. Mohamed ould Saleck dit Baye Pekha, les représentants d’associations de pêcheurs.
Oul Abeid dira d’abord que les pêcheurs doivent se tourner vers cette pêcherie où ils peuvent pêcher une grande quantité car son stock dépasse de loin le million de tonnes et ainsi ils vont diminuer l’effort sur le poulpe surexploité et en quantité moindre (à peu près 40000 tonnes par année).
En outre, il faut noter, dira Sid Ahmed Abeid, que tout un monde tourne autour du secteur profitera du Petit Pélagique : les pouvoirs publics qui prennent leurs droits, les mairies qui mettent leurs taxes, les mareyeurs, les transporteurs, les transformateurs, les dockers, femmes vendeuses de poisson qui en profitent. Donc cette pêcherie joue un rôle capital dans l’emploi et a une grande valeur nutritive (apport en protéines, croissance des enfants, Omega3).
On doit donc préserver cette ressource pour l’avenir des générations futures. Donc pour sa durabilité, il dira qu’il va falloir se concerter et c’est pourquoi ils ont affronté tous ces obstacles cités haut pour venir jusqu’ici. En réponse à ces doléances, le président Ould Abeid a dit que les pêcheurs doivent s’unir en vue de mettre en œuvre leurs doléances citées haut lors de la discussion de la nouvelle stratégie des pêches.
Celle-ci doit accompagner les problèmes des pêcheurs et trouver des solutions à leurs doléances. Il dira aussi que les pêcheurs ne doivent rien cacher aux pouvoirs publics, surtout en ce qui concerne ceux qui font la pêche illicite (pêche non autorisée ou non réglementée, filets prohibés) car ils optent pour la transparence (FITI) pour une exploitation durable.
La nouvelle stratégie des pêches doit se pencher sur ces différents aspects. Mais avant cela, en tant que membre du CA du Groupement d’Intérêt Economique (GIE) qui s’occupe de la distribution du carburant subventionné, il va demander à ce qu’on installe une station à Ndiago. Pour la glace, il va falloir de l’électricité et d’ores et déjà la Somelec pourrait régler cette situation.
Pour ce qui concerne le financement des pêcheurs, la création d’usines de transformation et de congélation le président de la République aurait promis de régler cela. Enfin, il dit qu’il va demander à ce que les usines de Moka n’utilisent que les déchets et les poissons pourris.
En outre, la FNP a diligenté une étude, préparé des dépliants en arabe et en français, fait un film (en arabe, en français et dans les langues nationales) pour sensibiliser les pêcheurs sur l’importance de cette pêcherie qui est une ressource migratrice, entre les pays de la sous-région de l’Afrique Nord-Ouest, (du Maroc au Sud du Sénégal).
Les pêcheurs artisans Ndiagois comme ceux de Nouakchott, de Nouamghar, de Nouadhibou doivent se tourner vers cette pêcherie abondante génératrice de revenu. En tout cas, tous diront que l’avenir c’est dans le petit pélagique. Et pour ce faire, il ne faudrait pas que la pêche soit l’apanage d’une seule communauté. Toutes les communautés dans leur diversité doivent contribuer pour une pêche durable du petit pélagique.
On rappelle que cette activité rentre dans le cadre d’une grande campagne de sensibilisation qui a débuté le 15 juillet dernier et continuera jusqu’au 15 novembre.
La section artisanale et côtière Nord de la FNP organise ces journées de sensibilisation grâce à un partenariat avec le PRCM (Partenariat Régional pour Conservation de la zone côtière et Marine) appuyé par la Fondation pour la Nature (MAVA).
Compte-rendu pour Nordinfo via cridem
A.W