La Ligue des Oulémas, Imams et Prêcheurs des pays du Sahel, a adopté, la semaine dernière, à Nouakchott, en Mauritanie, un « Guide de bonne pratiques de l’enseignement religieux en vue de prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent ».
La Ligue appelle ainsi l’ensemble des institutions religieuses et éducatives, officielles et non officielles, dans les pays du Sahel ainsi que d’autres, à intégrer ce guide dans leurs stratégies nationales en matière de lutte contre l’extrémisme violent. En posant cet acte de grande portée, les érudits religieux islamiques appellent les pays du Sahel à mettre à profit les moyens modernes de communication ainsi qu’internet pour vulgariser ce guide et populariser ses objectifs.
Ceci doit passer, selon la Ligue des Oulémas, par l’organisation des colloques et d’ateliers de formation locaux et régionaux au profit des imams, des prêcheurs et de tous ceux qui s’activent dans le domaine de l’éducation.
La Ligue estime que ce Guide doit être désormais un modèle dans tous les pays membres, dans le domaine de l’éducation et de la vulgarisation des préceptes de la religion musulmane. Elle s’engage à prendre en charge sa traduction dans les différentes langues nationales et les dialectes dans les pays du Sahel et ceux de la Côte atlantique.
La Ligue qui compte une dizaine de pays du Sahel et de la Cote ouest-africaine, s’est réunie les 11 et 12 Septembre, à Nouakchott, dans le cadre de son 10eme atelier régional.
L’ouverture de l’atelier a été présidée par le Ministre mauritanien des Affaire religieuses et des pratiques originelles, M. Dah Ould Sidi Ould Amar Taleb, en présence de plusieurs érudits réligieux, personnalités politiques de haut rang, spécialistes de lutte contre le terrorisme, ainsi que du Représentant de l’Unité de Fusion et de Liaison (UFL ; initiateur de cet atelier ).
Dans leurs interventions respectives, aussi bien le Ministre mauritanien des Affaires Religieuses que le Représentant de L’UFL ; qui parlait lui-même au nom du président en exercice de cette Unité, le Général nigérien Laouwel Chékou Koré, Directeur général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure du Niger (DGSE), ont exhorté les oulémas des pays du Sahel à » décourager la radicalisation et l’extrémisme violent », en investissant le même créneau qu’investissent les organisations criminelles pour recruter et embrigader.
M Saidou Karimou Djibo, qui s’exprimait au nom du président en exerce de l’UFL, le Général Lawel Chékou Koré, a indiqué que « cette initiative atteste de l’engagement de la Mauritanie dans la coopération internationale et la promotion de la bonne gouvernance, permettant de mieux conjurer ensemble, la menace mondiale que représentent le radicalisme religieux et l’extrémisme violent ».
« Je voudrais également adresser à tous nos invités ici présents, l’assurance de notre gratitude ainsi que nos très sincères remerciements pour l’honneur fait à notre mécanisme régional de coopération sécuritaire (j’ai nommé l’UFL) en acceptant de participer à la présente cérémonie et ce malgré vos multiples sollicitations ».
L’orateur poursuit : « votre présence ici, traduit l’intérêt que vous accordez tous aux questions de paix et de sécurité en Afrique, particulièrement dans la région sahélo-saharienne ainsi que la détermination qui vous amine à leur trouver des solutions qui contribueront au développement de nos pays respectifs.
Qu’il me soit également permis de féliciter la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams du Sahel qui, à travers l’organisation du présent Atelier dont le thème : « Guide de bonnes pratiques de l’enseignement religieux en vue de prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent », est, on ne plus pertinent, prend l’initiative d’œuvrer en faveur du renforcement de l’éducation religieuse dans les pays du Sahel ».
Pour mémoire, a rappelé Saidou Karimou Djibo, que lors du 6ème Atelier qui s’est tenu à Nouakchott, les 06 et 07 Juillet 2017, sous le thème : « les procédés du renforcement des manuels d’enseignement de l’éducation religieuse dans les écoles des pays du sahel », les participants ont mis l’accent sur la nécessité de revoir les manuels d’éducation religieuse dans les programmes scolaires afin de les rendre plus aptes à faire face aux défis du moment notamment, les effets de la mondialisation et de la menace de l’extrémisme religieux.
La présente session se tient en effet, à un moment où notre région vit sous l’emprise de la peur liée à la montée de l’extrémisme violent et au terrorisme alimentée par des forces du mal qui, à travers les réseaux sociaux et les médias dans leur diversité, incitent à la commission d’actes terroristes, intimident, recrutent, radicalisent et font l’apologie de leurs crimes.
« En organisant conjointement le présent atelier, poursuit-il, l’UFL et la Ligue des Ulémas sont guidées par le souci de restaurer la paix et la stabilité dans une région marquée par la persistance et l’extension de la menace de l’extrémisme violent et du terrorisme ».
« Marginaliser, discréditer les discours extrémistes, harmoniser les concepts usuels et promouvoir les valeurs de la paix, la tolérance, la cohésion sociale, l’acceptation d’autrui, le dialogue interculturel et interreligieux et la réconciliation, c’est contribuer à la fois à la réduction de leur mobilité, de leur propagande, de leur moyen de radicalisation et de recrutement, somme toute nécessaire à l’affaiblissement de leurs capacités de nuisance, estime le représentant du Président en exercice de l’UFL.
Cependant, devait-il nuancer, ces objectifs ne peuvent être atteints que par la promotion d’une coopération régionale et internationale plus étroite et mieux coordonnée dans le domaine de la sécurité, de bonnes pratiques et de valeurs communes, d’un recours à une politique plurisectorielle de déradicalisation et de prévention de la radicalisation, impliquant toute une gamme d’acteurs plus vaste que les organismes de sécurité dont les institutions publiques, la société civile et surtout les citoyens.
Il s’agira en effet, précise M Djibo Karimou, d’investir davantage dans « la prévention que dans la répression, dans la culture de la tolérance et du dialogue que dans celle de la militarisation et de l’action armée, dans la primauté de la justice sociale et économique et de l’Etat de droit que dans la division et la confrontation ».
La Ligue des Oulémas du Sahel a été créée en Janvier 2012 à Alger, en Algérie, à l’initiative de l’UFL ; un mécanisme africain de mutualisation des moyens et de renseignements pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent qui conduisent au terrorisme.
Tous les pays membres de l’UFL, sont aussi membres de la Ligue des Oulémas, à savoir : l’Algérie, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la Libye et le Tchad.
D’autres pays africains ont par la suite intégré la ligue à titre d’observateurs, notamment : la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Sénégal.
aniamey via cridem