Les hommes d’affaires et responsables gouvernementaux présents au premier Forum économique maghrébin organisé à Nouakchott (Mauritanie), le 28 janvier 2019, sont sortis avec quelques vérités et bien des incertitudes sur les difficultés à lancer ce “Davos” de l’Union du Maghreb Arabe (UMA).
En termes d’échanges commerciaux, la tâche se révèle des plus hardies. Comment dynamiser un commerce intra-maghrébin qui ne représente que 3% du volume des échanges des cinq pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) avec le reste du monde ? Le volume le plus faible de toutes les Communautés économiques régionales (CER) en Afrique. A titre de comparaison, le commerce intra-régional de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pèse 15 à 20 milliards de dollars US (soit 10% des échanges de ces 15 pays avec le reste du monde).
Sans doute faut-il dépasser le stade des intentions, réaffirmées, en long et en large, par les politiques et les responsables des organisations patronales, pour explorer – exploiter – les nombreuses opportunités d’investissement dans ces pays. Et le point de départ pour une meilleure intégration économique devrait être la facilitation des échanges commerciaux.
Ensemble, les pays du Maghreb arabe réalisent 72 milliards US d’exportations (2016) contre 120 milliards US d’importations, affichant ainsi un déficit net de – 48 milliards de dollars !
Dans ces échanges extravertis, les données par pays sont encore plus éloquentes. L’Algérie importe pour 701 millions de dollars US de ses voisins maghrébins sur 47 milliards de dollars d’importations globales. Le Maroc fait un peu mieux avec des importations estimées par la Banque mondiale en 2016, à 819 millions USD sur 41,6 milliards.
Pour les exportations de marchandises, l’Algérie oriente 1,17 milliard USD (3,9%) vers les autres pays du Maghreb sur 29 milliards (monde), alors que le Maroc vend pour 597 millions (2,6%) sur 22,8 milliards (monde). La tendance est à l’identique dans les autres pays qui importent et exportent vers un “ailleurs lointain” sans faire jouer les lois bénéfiques de la proximité.
En ce qui concerne les services, le Maghreb affiche une bien meilleure position avec 22,25 milliards d’export contre 23,8 milliards d’import.
De par la faiblesse de son industrie, c’est la Mauritanie qui fournit le plus grand effort avec un ratio de près de 10% en provenance des pays du Maghreb, soit 149 millions USD sur les 2,17 milliards d’importation de marchandises en 2016.
Pour les exportations, la Tunisie donne l’exemple avec 13,5 milliards (9,5%) d’exportations de marchandises vers le Maghreb.
Malgré la sensation de frustration que créent ces données auprès du Maghrébin lambda, la situation des échanges entre pays du Maghreb devrait encourager les investisseurs de cette sphère économique à combler les déficits constatés à tous les niveaux. L’atout de la proximité, si la politique ne s’en mêle pas, favorise l’intégration à la base de la création de l’UMA en 1989. Il y a un marché de 100 millions de consommateurs à consolider.
Par Mohamed Sneïba Comité Editorial – Casablanca