Le sondage annuel auprès des compagnies minières de l'Institut Fraser a été publié la semaine dernière. Le Botswana caracole en tête, alors que des pays comme le Maroc et le Sénégal n'y figurent pas, à cause d'une insuffisance de réponses de la part des entreprises minières.
Depuis plus d’une année, on assiste à une vague de réformes du secteur minier dans plusieurs pays africains. Ce chargement de l’environnement, diversement apprécié par les investisseurs, a fait l’objet d’une étude menée par le think tank canadien Fraser.
Sur 83 nations riches des produits de leurs mines que compte la planète, seuls 10 pays africains ont obtenu le seuil minimal de réponses pour figurer dans le classement.
Selon ce rapport, l’Afrique est la deuxième région la moins attractive pour l’investissement dans les mines. Le Botswana est la juridiction africaine la mieux classée (32e), suivie de l’Afrique du Sud (43e) puis de la Zambie (45e).
Les pays africains les plus mal classés comprennent l’Ethiopie (77e mondial), le Ghana (68e) et la RDC (67e).
Ainsi, le Botswana caracole en tête dans le domaine de la perception des politiques minières. Un dirigeant d'une compagnie d'exploration a déclaré que «le régime fiscal du Botswana continue d'être exemplaire par rapport aux autres juridictions africaines et encourage l'investissement dans l'exploration».
C’est donc sans grande surprise que le pays termine premier en Afrique, en ce qui concerne la perception des politiques minières, qui compterait pour 40% dans les décisions d’investissement.
Souvent félicité pour ses bonnes pratiques minières, le Botswana a même progressé par rapport à l’année 2017 où il était classé 21e sur 91 pays.
Cette performance reflèterait la diminution des inquiétudes des investisseurs au sujet des barrières commerciales et la stabilité politique.
Juste derrière, le numéro 1 africain se trouve être la Namibie (36e sur le plan mondial) et la Zambie (53e). Fraser explique le score de la Zambie par la diminution des préoccupations liées à la stabilité politique, les infrastructures et le cadre juridique offert aux investisseurs.
Toutefois, depuis l’introduction en début d’année de nouvelles lois qui augmentent les redevances et taxes minières, le pays s’est mis à dos une majorité de compagnies opérant sur le sol zambien.
Classé 82e selon l'indice de perception des politques minières, la RDC occupe la dernière place en Afrique. Sur un plan mondial, elle ne devance que le Venezuela.
La RDC a promulgué, en 2018, un nouveau code minier qui augmente les redevances et impose de nouvelles taxes. Les dirigeants de compagnies minières s’étaient alors opposés aux réformes, estimant risquer d’importantes pertes financières. Pour «protéger leurs droits», elles avaient même menacé d’intenter une action en justice contre le gouvernement.
«La récente augmentation unilatérale du taux de redevance en RDC décourage les investissements», s'inquiète, à ce propos, un dirigeant cité par Fraser.
Un autre chef d'entreprise minière, également cité dans le document de l'Institut Fraser, évoque le «manque de clarté sur les limites des concessions minières d'exploration et les cas de corruption».
Se retrouvant dans les dernières places du classement à l'instar de l’Ethiopie (71e) et le Zimbabwe (76e), le Mali a connu le déclin le plus important sur le continent (46e sur 91 en 2017 à 63e sur 83 en 2018).
Au Mali, les investisseurs se sont montrés de plus en plus préoccupés par la réglementation et les contrats de travail, le système juridique et la disponibilité de la main-d'œuvre et des compétences.
Mais les mauvais scores des pays africains concernant les politiques minières ont été compensés par la richesse de leurs sous-sols.
En tenant compte uniquement de l’indice de potentiel minéral, la RDC (24e) est le pays africain le plus attractif pour l’investissement dans l’exploration. Elle est suivie de l’Afrique du Sud (30e) et du Mali (38e). Le point commun de tous ces pays est leur grande richesse minérale.
Le sous-sol congolais héberge d’énormes réserves de cuivre, de cobalt, et d’autres minéraux prisés, alors que l’Afrique du Sud est riche en métaux à l'instar du platine et d'autres matières premières très utilisées comme le nickel, ou même le charbon.
Au Mali, le secteur aurifère est en plein essor, et les potentielles grandes réserves attirent plusieurs compagnies d’exploration.
Il faut toutefois noter que des pays au potentiel minier important, comme le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, la Guinée ou encore l'Angola ont été écartés du fait de leurs réponses, jugées insuffisantes par le think tank.
Pour la réalisation de son classement 2018, l'institut Fraser a analysé les réponses de 291 acteurs. Il s'agit pour la plupart, de dirigeants de compagnies minières, lesquels ont été interrogés au sujet des facteurs qui influencent leurs décisions à investir dans les pays.
Selon les réponses obtenues, le think tank canadien a accordé à chaque pays un indice d’attractivité globale. Cet indice composite est déterminé à partir d’un indice de potentiel minéral qui évalue si la géologie des pays encourage, ou décourage, les investissements dans l’exploration et d’un indice de perception des politiques minières.
Parmi les facteurs, on retrouve les réglementations mises en place par les gouvernements, le système légal, le régime de taxation, les infrastructures, la stabilité politique ou encore les lois concernant le travail.
Par Karim Ben Amar (Le 360.ma via cridem)