Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle. La Snim va mal, très mal. C’est à croire qu’elle est sacrifiée ; mais à quel autel ?
En prenant le pouvoir en 2008, le président Aziz avait accusé le président Sidi et son entourage de chercher à brader la Snim. Aux aguets, il y avait Arselor Mittal. Et Ould Abdelaziz de jurer par tous les noms qu’il était mû par sauver le pays en «déconfiture». Mais aujourd’hui, 10 ans après ce sacerdoce, l’évidence d’une mise à mort par son régime crève les yeux.
Ce n'est pas le rendement de l’entreprise qui a fait défaut depuis 2009, avec une hausse sans précédent des prix de la tonne de fer, 100 Usd, en moyenne. Pendant 5 ans, de 2009 à 2014, cette embellie des prix a permis à la société d’engranger des dividendes énormes. Des milliards et des milliards d’ouguiyas qui finalement ont fendu comme de la glace au soleil.
La dilapidation des ressources propres à l’entreprise, sa mauvaise gouvernance économique caractérisée, en plus de la chute des prix, ont précipité le déclin de la société. Ce n’est pas faute de dénonciation des pratiques de gestion irresponsables que le gouvernement tiendra, pour une fois, sa presse. La majeure partie des ADG de la Snim lui ont asséné, chacun à son tour, le coup de poignard. Le résultat a été effarant avec la plus longue histoire de grève, décembre 2014 et janvier 2015, jamais vécue par cette entreprise qui pourvoit à 70% du budget de l’Etat.
Mais au lieu de prendre au sérieux les alertes des médias et de certains élus, le gouvernement a continué son action de sape fragilisant encore l’outil de production qui faisait la fierté du pays, pour s’enliser dans des procès contre ceux qui justement avait mis le doigt sur la plaie. Mais on ne peut être plus royaliste que le roi. La situation de la Snim est presque désespérée au point que certains langues prétendent que le pourrissement est sciemment opéré pour encore…brader la seule entreprise dans laquelle survit tout un pays. La Snim dans la tourmente Qui a intérêt dans sa déliquescence? Et comme il n’y a pas de fumée sans feu, une commission d’enquête interne a révélé tous les dysfonctionnements mais aucune mesure n’a été prise par les autorités pour éviter la déliquescence de l’entreprise, seule bouée, après le bradage des ressources halieutiques aux chinois et aux sociétés de farine de poisson. Même la solution de l’endettement poursuivie par le nouvel ADG n’a pu conjurer le sort, apparemment, inexorable d’un dépôt de bilan de la Snim.
A une encablure de la future présidentielle de 2019, il est fort à parier qu’aucune mesure sociale ne pourrait être initier en raison de son coût politique alors que les objectifs de production –pour lesquels la Snim a concédé des prêts faramineux- sont revus à une baisse drastique.
L’incapacité managériale de l’actuel ADG, Mohamed Salem Béchir, depuis deux ans à ses commandes, et le lourd passif laissé par ses prédécesseurs réduisent les capacités de l’entreprise face un éventuel choc exogène. Ce sera, sans aucun doute, le coup de grâce pour l’achever. Le déraillement est assuré mauvaise gestion et des mauvaises directives qui lui ont été infligées par les autorités politiques.
La Snim -qui a dépensé sans compter sur des avions MAI, servi des prêts à Najah Major Work pour la construction de l’aéroport «Oumtounsi » (18 milliards MRO), financé dans une folie des grandeurs un siège (20 millions d’Euros) et un hôtel 5 stars (60 millions Usd) pharaoniques et coûteux à Nouakchott est entrain aujourd’hui d’agoniser. Et comme les miracles ne sont plus légion, il faudrait peut-être se préparer au sort inéluctable de la poule aux œufs d’or. L'histoire retiendra que certains responsables devraient répondre de leurs responsabilité dans la gestion gabégique de cette entreprise.
JD