A quelques encablures des élections législatives, municipales et régionales, la scène politique mauritanienne est en ébullition après la désignation des listes candidates. Comme à l’accoutumée, à la veille de consultations électorales locales, les regards se sont surtout portés sur le parti au pouvoir (en l’occurrence l’UPR) qui fait face aux mêmes maux en cette période de grandes manœuvres politiques.
De quoi donner de l’espoir à quelques partis satellites de la majorité qui récupèrent les mécontents du puissant grand frère mais l’opposition également pourrait profiter des querelles internes à l’UPR pour le titiller même dans ses bastions les plus imprenables.
Après le lifting opéré il y a quelques mois suite à la mise en place d’une commission de redynamisation des instances de l’UPR, puis la campagne d’implantation « historique » de ce parti qui a raflé la quasi-totalité des électeurs mauritaniens, tout du moins sur le papier, l’on pensait avoir retrouvé un semblant de militantisme sincère et avoir imposé une discipline de fer afin d’éviter les erreurs d’antan.
Mais que ni ! Ce parti a encore démontré son incapacité à fédérer toutes ses forces. Les querelles de leadership ont refait surface au grand jour ; chaque groupe rival promettant la défaite de l’autre même si le parti doit en pâtir.
A Boghé, Kaédi, Rosso, Aleg, Nema…, c’est partout la foire aux empoignades. Les mécontents tirent à boulets rouges sur les choix opérés depuis Nouakchott par l’instance suprême du parti. Bien souvent les « révoltés » s’offusquent que des individus leurs soient imposés sans tenir compte des choix de la base, chacun revendiquant une plus grande popularité.
Ce qui parait burlesque dans tout ça, c’est que ces hommes et femmes mécontents des choix qui sont avalisés par le Président, n’osent pas critiquer le rais et portent leurs courroux ailleurs. Leurs frondes les conduits comme par hasard toujours dans la nébuleuse de partis qui gravitent autour de l’UPR (UDP, PUD, Karama, Sursaut etc.).
Dans des déclarations médiatisés, ces politiciens tout en passant au vitriole leurs adversaires politiques locaux, leur promettant une descente aux enfers (le parti avec), réitèrent leurs allégeances au Président Aziz.
Comment peut-on s’opposer aux choix du président et mettre en danger les candidats du parti et se réclamer de ce même Président ? Une contradiction manifeste qui prouve encore une fois que le parti au pouvoir n’est rien d’autre qu’un conglomérat d’opportunistes qui cherchent chacun à tirer son épingle du jeu.
L’ idéologie du parti, les programmes du Président, les engagements pris lors de campagne de redynamisation ne sont en fait destinés qu’à amuser la galerie de ces politicards dont la seule ambition est de remplir leurs besaces.
Ces querelles intestines ouvrent des boulevards à l’opposition. C’est le cas notamment à Sebkha à Nouakchott où c’est déjà l’AJD/MR qui contrôlait cette commune et l’on voit mal l’UPR la récupérer après la désignation de son candidat qui comme tous ceux des autres communes de la capitale n’appartiennent qu’à une seule communauté. Les populations négro-africaines largement majoritaires risquent encore de voter pour l’opposition.
C’est le cas également à Kaédi où certains soninkés expriment leurs mécontentements pour avoir été marginalisés.
Au Tagant, en Assaba, dans les Hodh, dans de nombreuses localités, les choix du parti ont du mal à passer, ce qui pourrait profiter à l’opposition si c’est celle-ci sait saisir sa chance.
Après le fiasco que lui avait infligé le Sénat il y a une année, le Président pourrait connaitre une pareille mésaventure si les toutefois les élections sont libres, transparentes et équitables.
Le plus d’un million d’inscrits à l’UPR ressemble de plus en plus au méga meeting « historique » de Nouakchott à la veille du référendum. La mobilisation monstre ne s’était pas traduite dans les bureaux de votes qui avaient été désertés toute la journée dans la capitale. Un cinglant revers alors pour le pouvoir et son parti.
AOB (L'Eveil)