Une circulaire de membres du congrès demande à la DG du Fmi, d’annuler  un prêt octroyé au gouvernement mauritanien. | Mauriweb

Une circulaire de membres du congrès demande à la DG du Fmi, d’annuler  un prêt octroyé au gouvernement mauritanien.

lun, 16/07/2018 - 18:34

Dans une circulaire rendue publique, six membres du Congrès américain exhortent Mme Christine Lagarde, directrice générale du FMI, de surseoir à un crédit de plus de 163 millions Usd accordé au gouvernement mauritanien. Les élus américains indiquent qu’ils sont préoccupés de cette approbation en raison « de la corruption endémique et du bilan odieux en matière des droits humains en Mauritanie ».

Ci-après la lettre des 6 membres du Congrès américain.  

LE CONGRES AMERICAIN
WASHINGTON, DC 20515

Le 05 Mars 2018

Christine Lagarde
Directrice Générale
Fonds Monétaire International
700 19th Street, NW
Washington, DC 20431

Chère Directrice Générale Lagarde, 

Par la présente, nous venons vous exprimer notre préoccupation face à l'approbation récente par le FMI d'un crédit de 163,9 millions de dollars accordé à la République Islamique de Mauritanie. Suite à votre rencontre avec Abdel Aziz Ould Dahi et El Moctar Ould Djay, vous avez tweeté: "le FMI est disposé à continuer son aide quant à l’amélioration des conditions de vie des populations Mauritaniennes". 

Compte tenu de la corruption endémique et du bilan odieux en matière des droits humains en Mauritanie, nous craignons que cet accord ne puisse pas contribuer à améliorer le niveau de vie des Mauritaniens et ne profite qu'aux intérêts du président à vie, Mohamed Ould Abdel Aziz, et de son régime sans scrupule.

Un rapport publié en 2017 par SHERPA, un groupe français de surveillance anti-corruption, a déclaré que «la Mauritanie est actuellement l'un des pays les plus corrompus au monde» et selon Transparency International, elle est classée 142ème  sur 176 pays. SHERPA rapporte que «des contrats truqués prolifèrent et avec eux, les pots-de-vin, la corruption et l'évaporation des ressources érodent toute perspective réelle de développement social et d'amélioration du climat des affaires ». A peine un cas de prêt financier massif.

Les conditions des droits de l'homme sous le régime actuel sont également préoccupantes. La Mauritanie a été le dernier pays à bannir l'esclavage et c’est seulement en 2017 que la pratique a été criminalisée. Malheureusement, le fléau de l'esclavage se développe aujourd'hui. La Central Intelligence Agency estime à 20%  la population mauritanienne réduite en esclavage, le taux le plus élevé au monde». Dans son rapport de 2017 sur la traite des personnes, le département d'État Américain a constaté «un manque fondamental d'engagement accompagné d’efforts sérieux et soutenus pour combattre l'esclavage héréditaire». Malgré ces rapports et d'innombrables autres, le régime du président Aziz continue d'ignorer son existence même.

En tant que président, Aziz s’est résolu à dissoudre le sénat. Il a ordonné la détention de militants, a refusé l'entrée au territoire à des groupes de défense des droits de l'homme, a employé la torture et a emprisonné des leaders de l'opposition sans motif. À l'approche de l'expiration de son second et dernier mandat, des rapports révèlent que le président Aziz a l'intention de briser les limites du nombre de mandats prescrites par la constitution pour rester au pouvoir.

Lors de la publication du contrat de crédit, le FMI a déclaré: "La Mauritanie continuera d'améliorer le climat des affaires ainsi que la gouvernance d’entreprise, et cherchera à étendre le filet de sécurité sociale". Il est difficile de comprendre comment un régime, fondé sur la corruption intéressée, le déni des droits humains fondamentaux et le rejet des règles de droit, peut atteindre les objectifs de l'accord. Nous comprenons qu'un montant initial de 23,4 millions de dollars sera immédiatement disponible, le reste devant être réparti sur une période de trois ans. Sachant que le fonds fait l’objet d’examens semestriels de cet accord, nous vous invitons à utiliser le levier financier de ce crédit pour assurer une véritable amélioration des conditions de vie des Mauritaniens. Si le président Aziz continue de favoriser un environnement non propice au respect des normes internationales, nous vous demandons respectueusement de résilier l'accord pour que le FMI ne devienne pas complice du régime d'Aziz.

Cordialement,

Thomas A. Garret,     Jr. Mark Meadows
Membre du Congrès  Membre du Congrès

Gus Bilirakis                    Scott Perry
Membre du Congrès   Membre du Congrès

Jeff Duncan                         Lee Zeldin
Membre du Congrès    Membre du Congrès