Alors que la Mauritanie accueille jusqu’au 2 juillet le 31e sommet de l’Union africaine (UA) avec pour thème central la lutte contre la corruption, un contre-sommet s’est tenu ce vendredi 29 juin à Nouakchott : celui des organisations de la société civile. Les ONG mauritaniennes ont dénoncé l’usage abusif des moyens de l’Etat pour cette conférence, au moment où une famine frappe l’est du pays. Elles ont aussi critiqué l’inflation des réunions de l’UA, avant de rappeler à ses dirigeants qu’ils ne tiennent jamais leurs engagements.
En 2003, lors du sommet de Maputo, les dirigeants du continent s’étaient engagés à prélever chaque année 10% des budgets publics pour soutenir l’agriculture, afin d’encourager les paysans et lutter contre la pauvreté.
« Pendant le sommet de Maputo et en juin 2014, lors du sommet de Malabo, les chefs d'Etat africains s'étaient fermement engagés à faire de l'agriculture une agriculture compétitive et moderne, qui allait contribuer fortement à l'élimination de la faim et à la réduction de la pauvreté », a rappelé Lala Aïcha Sy, coordinatrice technique du réseau des ONG sur la sécurité alimentaire de Mauritanie.
Mais, 16 ans après l’annonce des engagements de Maputo, elle pointe un bilan en demi-teinte : « Les performances réalisées par les Etats restent mitigées. Seuls 13 pays ont consacré au moins une année et plus de 10% de leur budget à l'agriculture ».
Famine
Un bilan qui rend encore plus sceptiques les Mauritaniens dont le pays fait face à une famine, selon Mamadou Sarr, le président du Forum des organisations de défense des doits de l’homme. « Dans tous les pays où il y a une crise alimentaire, les pays saisissent les partenaires techniques et financiers, ce qui n'est pas le cas de la Mauritanie, dénonce-t-il. La Mauritanie cache la famine et tout le monde sait qu'aujourd'hui il y a la famine. »
Les ONG se sont insurgées contre le faste mis en place par le gouvernement mauritanien pour accueillir les chefs d’Etat dans un nouveau palais qui a couté des milliards d’ouguiya aux contribuables mauritaniens en cette année de sécheresse.
Rfi