Attendue depuis plus d’une année comme une alternative sous-régionale crédible et un outil endogène pour prendre le relais de la guerre asymétrique menée actuellement par le dispositif « Barkhane», la force du G5 Sahel entame sa difficile phase d’opérationnalisation par« un haut fa it de guerre » controversé et même macabre.
Illustration avec cette dépêche de l’Agence France Presse (AFP), largement relayée en Afrique et dans le monde, faisant état de l’annonce par le gouvernement malien «d’un accrochage» à l’issue duquel « douze (12) terroristes ont été tués ».
Les faits se sont produits le week-end dernier dans la localité de Boulkessy (située à la frontière du Burkina Faso).
La version de Bamako affirme que « les Forces Armées Maliennes (FAMA), sous contrôle opérationnel de la Force du G5 Sahel, lors d’une patrouille de sécurisation de la foire hebdomadaire de Boulkessy, ont été accrochées par des terroristes ».
Une thèse littéralement battue en brèche par plusieurs témoignages concordants recueillis auprès des villageois par l’AFP. Ces derniers parlent de « pur mensonge. Ce sont 15 de nos parents civils Peuls, Sonrai, Burkinabés qui ont été massacrés par l’armée malienne ».
La Force du G5 Sahel est commune au Burkina Faso, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad.
La confirmation du statut de civils de ces victimes serait un pas de plus dans l’univers de hautes turbulences sécuritaires que traverse le pays de l’ancêtre Soundjata Keita. Une déferlante de chauvinisme et de haine technique qui se greffe désormais à la dimension de la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, dans le cas où ces faits, susceptibles de constituer un crime de guerre aux yeux de la législation pénale internationale, vu leur caractère d’extrême gravité, seraient avérés, quelle devrait-être la réaction des États et acteurs qui mènent un lobbying intense pour le financement de la brigade anti-terroriste du Sahel ?
Une force retournant ses armes contre des civils qu’elle est censée plutôt protéger, pour se créer « des hauts faits de guerre » illusoires ?
Cheikh Sidya, correspondant à Nouakchott
Source : 360 Afrique via Le Calame