Au Hodh El Gharbi, la principale composante du programme Emel – fournir des produits alimentaires de première nécessité aux plus démunis – est à l’arrêt depuis le début de l’année 2018. Les magasins du Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) qui stockaient les produits sont vides.
Conséquences : les quelque cent soixante-dix points de vente, répartis entre les quatre moughataas de la wilaya, sont fermés, obligeant les citoyens des franges initialement ciblées par le programme, à se rabattre sur un marché aussi libre que sauvage dont les prix, incontrôlés et incontrôlables, ne cessent d’augmenter.
A titre d’exemple, le sac de blé, pour ne citer que ce produit très prisé par les populations de l’immense réservoir électoral de l’Est, se négocie maintenant à 6500, après avoir atteint les 8500 de nos anciennes ouguiyettes… contre 3500, avant la rupture de stock.
La plupart des gérants de ces boutiques n’ont perçu aucun salaire depuis trois mois. Certains se sont faits payer à partir des maigres recettes de la vente d’aliment de bétail, livré au compte-gouttes, contrairement aux (dés-)informations répandues à tout bout de champ et relayées par les officiels (media et membres du gouvernement), comme quoi l’Etat aurait mobilisé plus de quarante-et-un milliards de MRO, pour l’assistance du cheptel, alors que, sur le terrain, les quantités sont ultra-insuffisantes… lorsqu’elles sont disponibles.
Les gérants des boutiques se sont vus sommés, par leur hiérarchie, d’en rembourser les montants. Rappelons que les tenants de ces boutiques Emel se font payer sur leurs propres recettes (100 000 MRO/mois), alors que les services de Monsieur Finances ont obligé des élèves boursiers (3000 MRO/mois), à ouvrir des comptes… à Mauripost ! Le reste des gestionnaires continue à réclamer leurs arriérés de salaire.
Face à cette déplorable situation, conjuguée au calvaire des éleveurs qui n’ont vu venir que des miettes de l’enveloppe allouée, les autorités continuent à se murer dans le silence.
Autre rupture, autre coup bas infligé aux plus démunis : la fermeture aussi des boutiques de vente de « poisson Aziz » rend encore plus difficile leurs conditions de vie. Que se passera-t-il, si la rumeur enflant, sur l’abandon, par les autorités, du programme EMEL, se confirme ?
Moustapha Bechir (Le Calame)