
Pour sa première visite en Afrique, le secrétaire d’Etat américain entend se concentrer sur les questions sécuritaires, tout en espérant minimiser le poids commercial de la Chine
Plus d’un an après l’entrée en fonction de Donald Trump, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, a débuté, mercredi 7 mars, son premier voyage officiel sur le continent africain dans des conditions particulières. Cette tournée d’une semaine qui doit le mener en Ethiopie, à Djibouti, au Kenya, au Tchad et au Nigeria, tombe en effet peu de temps après les propos particulièrement insultants du président américain. Donald Trump avait qualifié Haïti et certaines nations africaines de « pays de merde ».
« Messages de mépris, de haine »
La première mission de Rex Tillerson, qui commence sa visite par Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, sera donc d’apaiser le climat avec ses « partenaires africains ». A entendre son discours, tenu mardi à l’université George-Mason de Washington, le secrétaire d’Etat voyage sans ambitions démesurées et avec des objectifs flous. Les priorités de la diplomatie américaine étant, dit-il, de « lutter contre le terrorisme », « favoriser la paix et la sécurité », « la bonne gouvernance », mais aussi « le renforcement des intérêts commerciaux et des investissements mutuellement avantageux » alors que « les échanges totaux de biens entre les Etats-Unis et l’Afrique, hors pétrole, ont plus que doublé, passant de 13 milliards de dollars (10,4 milliards d’euros) à près de 30 milliards de dollars en un an. »
Addis-Abeba, en pleine crise politique depuis la démission inattendue du premier ministre Hailemariam Desalegn, sera donc pour Rex Tillerson, la première étape de cette tournée de déminage et d’explication de la stratégie américaine en Afrique. Pour cela, il doit notamment s’entretenir avec le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, avec lequel s’est installé un certain passif. En avril 2017, le secrétaire d’Etat américain avait fait faux bond au diplomate tchadien qui se trouvait à Washington, provoquant une mini-crise protocolaire entre l’administration Trump et l’UA. Puis, sont venus les propos présidentiels sur « les pays de merde ». « L’Afrique n’a pas fini de digérer les déclarations du président des États-Unis qui ont profondément choqué par les messages de mépris, de haine, de désir de marginalisation et d’exclusion de l’Afrique qu’elles ont véhiculées. (...) Le continent ne saurait se taire à ce sujet » avait alors rétorqué Moussa Faki Mahamat.
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