L’interview tant commentée avant sa parution dans l’hebdomadaire Jeune Afrique dont de larges extraits sont parvenus à la presse locale et étrangère pendant que le journal était encore en pré-maquette suscite un grand intérêt tant dans les milieux de la communication que politiques.
Quoi de plus normal que d’accorder un entretien à un journal pour livrer ses idées et faire passer un discours à la face du monde ? Le choix du vieux et emblématique journal du continent semble trouver sa place dans ce qu’on pourrait qualifier de canal favori des présidents africains dont les rapports Avec JA sont symptomatiques d’une défiance voire d’un dédain à se confier d’abord à leurs propres médias.
Qui de JA ou de Aziz qui a cherché à joindre l’autre ? En temps normal , accorder ou s’accorder une sortie dans les colonnes d’un journal comme JA pourrait passer inaperçu.
Mais dans le contexte actuel où un président en fin de mandat voulant calmer le jeu politique dominé par les coups de colère de la rue aggravée par l’impasse politique, l’interview tient lieu d’un bon scoop pour JA. Surtout… surtout… les enregistreurs ont des oreilles.
Dans un exercice de communication laborieux, les détails ne sont que des habillages qui accompagnent l’idée clé consacrant le sujet principal de l’interview qui se résume en une phrase lapidaire : « Je ne me présenterai pas en 2019 ».
Et comme il fallait y mettre la forme, le grand invité de JA avait tout le loisir d’aborder d’autres sujets qui intéressent les mauritaniens en vue de nourrir la curiosité de ses concitoyens et de répondre éventuellement à des rumeurs sur sa personne et ses bonnes ou mauvaises relations avec des personnalités politiques et du monde des affaires ou encore le rôle de la Mauritanie dans le sahel.
C’est dire que le moment choisi n’est pas fortuit pour un dirigeant à la fois acculé par l’opposition qui investit la rue pour faire entendre sa voix que par ses soutiens et nombreux opportunistes battant campagne pour un troisième mandat quitte à recourir à la modification de la constitution. Ces sirènes du troisième mandat ont redoublé de zèle dès l’annonce de l’interview.
Si dans les rangs de l’opposition radicale on semble accorder le bénéfice du doute aux déclarations du Président Aziz, les mouvements de contestations des jeunes dans les réseaux sociaux restent sceptiques sur la sincérité des propos d’un président qui prétend avoir changé le pays durant ses deux mandats.
Le projet de restructuration du parti de la majorité présidentielle, l’UPR, les vagues des promotions des officiers supérieurs au grade de généraux , la prééminence dans la lutte contre le terrorisme , les trains de mesure sociales , économiques qui cachent mal le malaise général des ménages sont souvent évoques par le président à chaque fois que l’opposition met le pouvoir en difficulté .
Comme si toutes les promesses données par le président aux mauritaniens de ne pas briguer un troisième mandat n’ont pas suffi pour dissiper les doutes, la sortie « chevaleresque » pardon « camelidesque » dans JA va-t-elle mettre un terme à la polémique du troisième mandat qui turlupine les leaders de l’opposition, le peuple et le monde ?
La parution cette semaine du journal tant recherché dans les kiosques et en version électronique constituera au moins un témoignage indélébile difficile à renier. A moins d’un coup de théâtre auquel les monarques africains nous ont habitués. Gageons cette fois que ce message va sceller le destin politique d’un homme qui ne cache pas ses ambitions politiques même après son départ du pouvoir !
Le Rénovateur Quotidien