Nous commémorons aujourd'hui la Journée Mondiale de Droits de l'Homme. Une Journée des Droits de l'Homme alors que tous les jours auraient dû être des Journées des Droits de l'Homme. Spécialement en Mauritanie.
En Mauritanie où des prisonniers d'opinion continuent à croupir derrière les barreaux. Où la répression est érigée en politique publique. Où les libertés sont réduites à la portion congrue.
Nous célébrons cette Journée Mondiale des Droits de l'Homme dans un pays où le tristement célèbre "Article 306" vient d'être durci jusqu'à la caricature. Où pour une opinion, pour une dénonciation, pour un soupçon votre tête peut quitter votre cou le plus légalement du monde. C'est où ce sera maintenant inscrit dans la loi que le droit à la liberté de conscience a vécu.
Nous célébrons cette journée à un moment et dans un pays où l’esclavage existe encore sous toutes ses formes. Dans un pays où la terre ne peut pas appartenir à ceux qui la labourent, dont les pères, les grands-pères et les arrières grands-pères l'avaient labourée. L’exemple de Diawla (Trarza) et Mechraa ( Tagant) sont éloquents ; alors que dans les Gazra de Nouakchott l’injustice est inqualifiable. C'est l'esclavage foncier qui continue à régir la propriété foncière et l'accès à la propriété. Ce sont des paysans sans terre, des travailleurs pauvres et sans espoir que cela ne change.
Nous célébrons cette journée au moment où le président de la plus grande puissance du monde joue au pyromane, irresponsable et terriblement dangereux. En entérinant l'occupation coloniale d'El Ghods par les Israéliens, Trump joue à l'apprenti sorcier. Jamais il ne pourrait éteindre ni maîtriser le feu qu'il est en train d'allumer.
Le monde, en même temps que Trump s'adonne à son jeu de la roulette russe, découvre l'esclavage en Libye, le commerce et la maltraitance des Hommes par d'autres Hommes.
La Fondation Sahel condamne les exactions, emprisonnements et ciblages des défenseurs des Droits humains en Mauritanie, dénonce la persistance de l'esclavage foncier dans notre pays et exhorte le monde à ne pas accepter la folie du président Américain.
Nous condamnons aussi la décision d'exclusion, prise en Conseil des Ministres, à l'encontre des jeunes de plus de 22 ans qui se voient dorénavant refusés de passer le Baccalauréat.
La Fondation Sahel fustige, avec la plus grande énergie, le refus de visa opposé aux militants des droits de l'Homme membres d’Abolition Institut et d'Amnesty International. C'est à se demander ce que cache le gouvernement mauritanien de si grave et de si honteux au point d'interdire d'entrée des institutions internationales de la pointure des deux organisations précitées.
Nouakchott, le 10 Décembre 2017
Le bureau exécutif