En 1950, l’Assemblée Générale des Nations Unies a invité tous les Etats et toutes les organisations internationales concernées à célébrer le 10 décembre de chaque année, la Journée Internationale des Droits de l’Homme.
Elle marque l’anniversaire de l’adoption en 1948, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le 10 décembre est devenu, au fil des années, une date centrale dans la promotion des droits humains.
La célébration de l’anniversaire de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme est une excellente occasion pour tous les responsables et militants des organisations regroupées au sein du FONADH de s’interroger sur l’état d’avancement de la lutte contre les violations de droits humains, en Mauritanie.
Cet anniversaire est aussi une occasion pour nous, de saluer partout dans le monde, les progrès enregistrés et de flétrir toutes les violations des droits humains, sur tous les continents de notre planète.
En Mauritanie, nous ne pouvons que nous incliner face aux victimes innocentes de violations graves de droits humains de ces dernières années en Mauritanie, notamment celles des exécutions extra judiciaires des années 1989 à 1992. Nous ne pouvons oublier les victimes, très nombreuses, de l’esclavage et du racisme d’Etat.
Aujourd’hui encore, notre pays continue d’enregistrer de violations graves de droits humains, en dépit de déclarations officielles et même de mesures dites d’atténuation. En effet, l’esclavage et ses séquelles continue d’empoisonner la vie de milliers de citoyens, en dépit de l’adoption de la loi l’incriminant et de la mise en place de tribunaux spéciaux y relatifs. Les autorités administratives, judiciaires et de sécurité continuent de bloquer le processus de condamnation des contrevenants.
Quant au crime de génocide contre les populations négro – africaines des années quatre vingt, il continue d’être ignoré avec mépris par les autorités mauritaniennes. Pire, les victimes et ayants droit n’ont même pas le droit de manifester leur chagrin, leur colère.
L’arrestation de veuves et orphelins et leur détention au-delà du délai réglementaire, dans un commissariat de police à Kaédi, parce qu’ils manifestaient pacifiquement, en est une triste illustration.
D’une façon plus générale, depuis ces dernières années, la situation des droits humains ne cesse de se détériorer. Deux militants anti – esclavagistes, de l’IRA, croupissent depuis deux ans dans une prison, dans le désert, à plus de 1 000km de leurs familles.
En outre, après la mise en place de nouvelles dispositions, dont la suppression du sénat, suite à un référendum non consensuel, des sénateurs, syndicalistes et journalistes font l’objet d’un harcèlement injuste et d’un emprisonnement au mépris de toute règle élémentaire de droit.
De nombreux citoyens sont quotidiennement victimes de discrimination et ne peuvent avoir accès aux pièces d’état civil, au niveau des services d’une agence, dont le comportement des agents a fini de ternir la réputation. Toutes ces violations et d’autres encore, continuent de meubler la vie de chien de la majorité des citoyens mauritaniens, en dépit des mesures « cosmétiques » que le gouvernement mauritanien affiche aux yeux de l’opinion des bailleurs de fonds extérieurs.
Compte tenu de cette situation, les militants et responsables des organisations membres du FONADH :
dénoncent avec la dernière énergie toute violation de droits humains, à travers le monde ;
invitent le gouvernement mauritanien à mettre en pratique ses engagements en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne l’esclavage et le « passif humanitaire » ;
invitent tous les Mauritaniens épris de paix et de justice à se joindre aux militants de droits humains, dans leur lutte résolue contre les violations des droits humains ;
restent fermement convaincus que le respect des droits humains est une condition sine qua non pour la construction d’un Etat moderne, où les citoyens vivent égaux et en paix.
Nouakchott, le 10 décembre 2017
Mamadou Moctar Sarr
Secrétaire exécutif