Ce 28 novembre 2017, une fois de plus, les membres des collectifs des veuves et celui des orphelins des événements de 89-90 ont été victimes d’une répression aveugle de la part des forces de l’ordre mauritanien à Kaédi capitale régionale du Gorgol, ou les autorités Mauritaniennes ont décidé de célébrer avec faste la fête de l’indépendance de la Mauritanie.
Aujourd’hui cinq membres de ces collectifs sont détenus au commissariat de police de Kaédi
Il s’agit de :
- Maimouna Alpha Sy SG du collectif des Veuves
- Aissata Alassane Diallo Membre du collectif des Veuves
- Salamata Demba Gaye membre du collectif des Veuves
- Moussa Farba membre du (COVICIM)
- Gueye Mamadou membre du (COVICIM)
Ces veuves et Orphelins étaient à Kaédi pour exprimer leur indignation face à ce qu’ils considèrent comme provocation à l’égard de la mémoire des leurs siens, assassinés au cours de la soirée du 27 Novembre 1990 a INAL pour célébrer le 28 novembre fête de l’indépendance de la Mauritanie.
Cette fête qui aurait dû être un moment de joie et de festivités pour tous les mauritaniens est malheureusement devenue une journée de deuil et de recueillement pour les familles des 28 Militaires Noirs assassinés par leurs frères d’armes pour « célébrer » la fête de l’indépendance du pays
C’était pour les membres de ces collectifs une façon de protester contre le sort qui leur est réservé face à l’obstination des pouvoirs publics dans leur position de forcer l’oubli et le pardon du Génocide dont ont été victimes leurs maris, pères et frères durant les événements de 89-90.
C’est juste en brandissant leurs banderoles et distribuant de façon pacifique une déclaration qui résume leur position et surtout leurs inquiétudes face au traitement inhumain et sans dignité aucune, réservé au dossier des massacres, et rappelant leurs attachements à un règlement juste et digne en respect des quatre devoirs de vérité, de justice, de mémoire et de réparation, que ces veuves et Orphelins ont été pris d’assaut par les forces de la police et de gendarmerie à coups de matraques et de pieds, et en les roulant par terre.
Comme si la manifestation pacifique n’était pas un droit du citoyen lui permettant d’assurer son droit d’expression.
Nous voudrions rappeler au Président de la République son geste ce jour-ci à la tribune quand il a pris entre ses bras son petit-fils devant le défilé des troupes. Ce geste était humain et assez significatif de l’amour d’un père. Ce signe d’affection paternel est légitime et pourtant les 28 soldats tués ce jour du 28 novembre 1990 ont été privés de ce plaisir.
Les jeunes arrêtés ce jour, battus dont deux sont toujours en prison n’ont pas eu cette chance.
Les veuves torturées et tenues en prison ont été aussi privées des moments agréables dont a bénéficié la première dame à vos cotés ce jour de l’indépendance.
Monsieur le Président doit penser un moment à toutes ces victimes et à leurs ayants droits, aux préjudices qu’ils ont subis et trouvez une solution concertée avec elles. Elles ne doivent pas être humiliées, leur dignité doit être respectée en tant que porteuses de droits.
Par cette déclaration le comité de solidarité avec les victimes des violations des droits Humains (CSVVDH) réitère son soutien aux collectifs des Veuves et Orphelins dans leur combat pour les droits de vérité, de justice, de mémoire et de réparation juste et digne.
Nous demandons à ce que
• Les détenus soient libérés sans conditions
• Cesse la répression qui s’abat sur les mauritaniens qui expriment leurs points de vue de façon pacifique
• Que le droit d’organisation d’expression et de manifestation soit respecté comme stipulé dans la législation nationale et internationale
• Cesse l’impunité dans notre pays
Date : 29/11/2017
La Présidente du CSVVDH
Mme Sy O. Lalla Aicha