Le pouvoir continue d’user de sa force pour mater les manifestants ou procéder à des arrestations. Après le traitement répressif réservé aux leaders de l’opposition lors de leur dernière sortie publique, voilà qu’il décide de garder le sénateur Ould Ghadda en prison.
Une situation qui est en train de remettre en cause la propagande du pouvoir vantant le caractère non répressif du régime. Car trop souvent, on entend les médias officiels gloser sur l’Etat de droit. Qu’ils présentent comme une forme achevée de gouvernement en Mauritanie et non comme un système en gestation et loin d’être conforme à la théorie.
Quelques définitions liées au concept, mais surtout des pratiques de plus en plus nombreuses, permettent cependant de voir combien est grand l’écart qui existe aujourd’hui entre la théorie et la pratique. Et, en fait, vu cet écart - on pourrait même parler de dérive.
Dans le cas de la Mauritanie et de bon nombre de pays africains, ne s’agirait-il pas plutôt des dysfonctionnements dans un Etat qui n’arrive pas encore à faire de la " mise à niveau " démocratique la priorité de ses priorités ?
Le respect des lois et la stabilité fondent ce que l’on appelle communément l’Etat de droit. Une propédeutique bien huilée en fixe les règles depuis queMontesquieu, et avant lui Aristote, avait établi " l’Esprit des lois " de la République : Le but de la vie en société est l’apport à chacun de ses membres d’avantages comme la sécurité, la solidarité, etc. Mais une vie en société n’est possible que si ses membres acceptent de respecter des lois.
Pour que les citoyens aient confiance dans les lois et qu’ils aient le temps de prendre leurs dispositions pour les appliquer, les lois doivent aussi être stables, c’est-à-dire ne pas changer à tout bout de champ. Ce qui est loin d’être le cas enMauritanie.
Le respect des lois par le peuple ne peut se concevoir que de deux manières : Avec un régime autoritaire, où les citoyens respectent les lois que parce qu’ils ont peur. Ici, on n’a pas besoin d’un dessin pour comprendre que la plupart des Etats africains et arabes sont dans cette catégorie. Même si l’ambiguïté des " démocraties " actuelles saute aux yeux.
L’autre manière, repose sur un postulat, jamais réalisé, celui d’un consensus populaire, où les citoyens respectent les lois et l’organisation des pouvoirs publics parce qu’ils y trouvent leur intérêt. Dans cette forme idéale de gouvernance politique, c’est l’Etat lui-même qui est très souvent pris en défaut.
Une telle situation se produit lorsque le pays procure aux citoyens des avantages comme la sécurité (des biens et des personnes) ; des services publics, et une économie leur permettant de gagner leur vie.
Ici, l’on constate aisément ce qui fait, en réalité, la différence entre les démocraties occidentales, arrivées à un stade de quasi maturité après trois siècles d’évolution, et les " modèles " africains et arabes qui peinent encore à cadrer la théorie avec la pratique.
Ce qui fait surtout défaut, dans ce cadre, c’est que les Etats " démocratiques "africains comme la Mauritanie n’adaptent de la gouvernance universaliste que ce qui arrange leur pérennité. Prompt à mettre en branle les services de sécurité pour éviter les troubles à l’ordre public, le gouvernement doit, aussi, respecter les citoyens, c’est-à-dire qu’il reconnaisse l’existence de droits de l’Homme et qu’il gouverne.
MOM (L'Authentique)