Interrogé par le reporter du Calame sur les enseignements qu’il a tirés de la campagne référendaire, le président du parti Convergence démocratique nationale (CDN), Me Mahfoudh Ould Betta déclare : «Cette campagne vient renforcer ma conviction que la Mauritanie est dirigée par un véritable despote.» En effet, avec ce qui vient de se passer, la Mauritanie a définitivement tourné le dos à la démocratie, déplore le président du CDN. L’ancien bâtonnier de l’ordre national des avocats et ministre de la justice sous la transition de 2005 – 2007, estime que le président Ould Abdel Aziz vient de se rendre à l’évidence : le peuple mauritanien lui a désormais tourné le dos et ceux qui sont aujourd’hui avec lui, sont contraints et forcés à s’afficher dans les meetings et à voter pour le OUI. C’est parce que justement nous avions senti monter le rejet contre le régime en place que nous avions décidé de participer au référendum afin de répondre aux aspirations du peuple mauritanien. Les résultats et le taux de participation sonnent comme une alerte pour le pouvoir, indique Ould Bettah.
Aujourd’hui, croit savoir Ould Bettah, Ould Abdel Aziz va user de tous les moyens, y compris la répression, pour reprendre la main. Il est en train de « confisquer » davantage tous les leviers du pouvoir et de réduire tous les espaces de liberté. Les visites de proximité qu’il vient d’entamer dans les quartiers et structures de base à Nouakchott entrent dans cette logique, croit savoir le président du CDN.
Ould Bettah dit ne pas comprendre pourquoi, si ce régime n’était pas aux abois, le pouvoir recourt à l’administration centrale et régionale, aux forces de sécurité (police, gendarmerie…) pour empêcher son parti de battre campagne pour le NON, pour refuser ses représentants dans les bureaux de votes.
Le président du parti CDN regrette le boycott des partis de l’opposition (FNDU) dont la participation aurait pu sonner le glas du pouvoir qui est devenu aujourd’hui très fragile. C’est pourquoi, il appelle l’ensemble des acteurs politiques, soucieux de l’avenir de leur pays d’unir leurs forces pour bouter dehors le pouvoir en place ; il ne faut pas laisser, un seul instant de répit au régime, plus que jamais affaibli, conclut le président Bettah.
Le Calame