Paris : policière et championne de boxe, elle sauve la vie d’un jeune Mauritanien | Mauriweb

Paris : policière et championne de boxe, elle sauve la vie d’un jeune Mauritanien

ven, 14/07/2017 - 14:05

Au soir du 27 juin, alors qu’il rechargeait son téléphone portable dans un abribus connecté du boulevard Ney, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, la victime avait été fauchée par une voiture. 

Mettez-la sur un ring et cette jeune femme apparemment fluette est une guerrière. Une «super-plume» championne du monde de boxe anglaise, déterminée à «marquer l’histoire de la boxe». Mettez-la au volant d’une voiture de police, en patrouille avec ses coéquipiers de la Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) du XVIIe, et la sportive de haut niveau, policière quand elle raccroche les gants, peut aussi se faire ange gardien… Sur son lit d’hôpital, épuisé par une nouvelle opération subie le matin même, Yahca ne s’en souvient pas vraiment.

 

Pourtant, c’est à elle, Maïva Hamadouche, 27 ans, fière de son titre sportif autant que de son métier, que ce jeune Mauritanien de 24 ans doit la vie. Au soir du 27 juin, alors qu’il rechargeait son téléphone portable dans un abribus connecté du boulevard Ney (XVIIIe), il a été fauché par une voiture. Il aurait dû mourir, la jambe presque arrachée et l’artère fémorale tranchée, mais le garrot que lui a fait Maïva Hamadouche a ralenti l’hémorragie et permis de gagner un temps précieux. «On était là au bon moment, et la chance a voulu que j’ai un garrot dans mes affaires», raconte-t-elle. Avec ses coéquipiers, ils ont organisé les premiers secours et réussi à interpeller les chauffards.

 

 

«Je suis fière de l’avoir sauvé mais je trouve cela tellement injuste !»

 

Mercredi, à la demande de la jeune femme qui cherchait à «savoir ce qu’était devenu le blessé, s’il avait pu être soigné», la patrouille parisienne a pu le rencontrer, dans le service de chirurgie vasculaire de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, XIIIe). Une rencontre dont Maïva et les policiers présents le soir de l’accident, imaginaient qu’elle «bouclerait la boucle d’une belle histoire, en mettant des noms sur des visages».

 

La rencontre, touchante, a pourtant oscillé entre tristesse et résignation, face à la détresse et l’épuisement du jeune blessé : Yahcan a survécu, mais il a dû être amputé de sa jambe droite. «Je n’ai plus ma jambe, j’ai perdu ma jambe», répète-t-il. Le choc, l’accident, la suite, ce jeune sans-abri, qui dormait dans les rues depuis plus de trois semaines, ne se souvient de rien. Mais il s’efforce de sourire, face à cette femme au regard limpide et au casque de cheveux blonds, qui lui explique combien elle est «désolée de ne pas avoir sauvé ta jambe».

 

«Je suis triste. C’était important pour moi de le rencontrer, je suis fière de l’avoir sauvé mais je trouve cela tellement injuste ! explique-t-elle. J’espère qu’il pourra rester en France et être aidé… En tout cas pour moi, il y a un avant et un après. Je sais être championne du monde, mais je n’avais jamais été confrontée à des blessures graves dans mon métier… La boxe m’a aidée car elle m’a permis de garder mon sang-froid, et maintenant je sais que je peux aussi être policière à 100 %. Protéger, ça en fait partie».

 

  leparisien.fr