Tombée comme un couperet, la nouvelle de ton décès, aussi soudain que prématuré, a été terrifiante pour tous ceux qui ont eu la chance de te connaitre.
Si seulement nous pouvions te dire que ce n’est pas le moment de partir, parce que ta famille, tes amis et ton pays ont encore besoin de toi, nous nous serions permis cet euphémisme. Mais nous n’oublions pas, qu’en réalité, tu appartiens à Allah qui nous t’a prêté le temps qu’Il a voulu et qui t’a repris, quand Il l’a décidé, ce vendredi 5 mai 2017, jour saint dont on sait , chez nous, que le train de la mort est réservé aux bien-heureux martyrs. Aussi remercions-nous Dieu pour tout, en toutes circonstances et pour cette immense faveur qu’Il t’a accordée et dont Il nous a faits témoins.
Pour honorer ta mémoire et te faire leurs ultimes adieux, ce même vendredi soir, les habitants de Nouakchott , hommes et femmes , n’ont jamais été aussi nombreux à la mosquée d’ Ibn Abbas . Cette présence spontanée et massive de compatriotes éplorés, au-delà du degré d’empathie qu’elle exprime à ton égard et pour ce que tu as été pour le pays, est aussi un autre bon signe et un don de Dieu, réservé aux martyrs.
Oui, par la force des choses et d’un protocole qui s’est imposé pour la circonstance, comme si de rien n’était, la plupart de tes plus proches amis, qui en ont été frustrés, n’étaient pas au premier rang lors de cette prière. Cet honneur et ce privilège sont revenus à d’autres auxquels le cérémonial officiel imposait d’être là.
En tout état de cause, ta mort a déclenché un torrent de compassion sans précédent, de sentiments de gratitude, de respect et d’admiration nourris à ton égard, par beaucoup de nos compatriotes qui ne s’en cachaient pas mais aussi parmi bien d’autres, qui se sont crus, ces dernières années, obligés d’être moins amènes à ton endroit pour être dans l’air du temps ou se préserver une petite place au soleil. Que Dieu leur pardonne. Je sais que toi, qui connaissais bien tes compatriotes, tu ne leur en avais jamais voulu pour cela. Au contraire, leur attitude t’amusait parfois !
Pour tes amis et frères du FNDU, demeurés inconsolables ici bas, ton départ laisse un vide sidéral que nul ne peut prétendre combler mais que chacun, comme il peut, se fera le devoir de travailler à résorber.
Continuer sans relâche à œuvrer pour la réalisation des nobles objectifs partagés, pour lesquels tu as consacré le plus clair de ton temps et de ton énergie ces douze derniers années, au service de la démocratie et de l’Etat de droit, tel est le défi qui doit être relevé par tous les patriotes de ce pays dont l’unité et la stabilité n’ont jamais été aussi menacées et fragilisées que par la gestion solitaire et désastreuse du pouvoir actuel.
Quant à toi, tu peux reposer en paix, par la grâce divine.
Au delà de ta grande famille et des amis fidèles, tu laisses à la maison une femme remarquable et des enfants bien éduqués qui continueront de chérir ta mémoire et de porter haut le flambeau des valeurs d’humanité, de dignité et de fraternité dont tu avais fait ton crédo.
Et pour tout te dire, Inna lillahi We Inna ileyhi Rajioune
Cheikh Sid Ahmed Ould Babamine