Le Bureau Exécutif a étudié, lors de sa dernière session, un rapport sur le contexte politique général et la situation du parti. A l’issue des débats, il a adopté la présente déclaration : La pérennité de l’état dans notre pays est désormais en péril, l’unité et la cohésion de notre peuple sous une même bannière sont mises à rude épreuve.
La situation est alarmante aussi bien pour les mauritaniens de toutes franges que pour les amis sincères de la Mauritanie. Mohamed Ould Abdel Aziz mène une politique de courte vue, fondée sur une gestion patrimoniale des ressources et moyens du pays, une remise en cause de l’idée même de l’Etat et un profond mépris pour ses fondements, ses symboles nationaux, pour son histoire, ses institutions politiques, judiciaires, administratives et militaires qu’il tourne en dérision à volonté.
La dislocation de notre tissu social s’entame à vue d’œil ; les appels aux confrontations intercommunautaires et à la révolte armée se font au grand jour ; le peu qui reste de notre unité nationale est en péril. Les mauritaniens vivent dans leur chair les lourdes conséquences de la politique destructrice menée par le pouvoir.
Dans un tel contexte, il n’est guère surprenant que l’Etat se délie des responsabilités qui sont les siennes et qu’il soit incapable d’assurer les services de base aux citoyens qui, pour obtenir les pièces d’état civil de leurs enfants, sont désormais contraints de payer des redevances et subir d’interminables et humiliantes tracasseries administratives.
Dans ce même contexte, il n’est pas non plus surprenant que le système éducatif accuse un échec patent, que les hôpitaux et établissements sanitaires publics soient des mouroirs, que les infrastructures indispensables à tout développement économique soient en délabrement, que le chômage s’étende à l’ensemble des couches de la société et frappe, de plein fouet, les diplômés, que la montée du prix des produits de première nécessité et des hydrocarbures soit vertigineuse.
Le peuple mauritanien n’est-il pas l’un des rares au monde à ne pas avoir pu bénéficier de la baisse des prix des hydrocarbures et des produits de première nécessité survenue à l’échelle internationale? La volonté déclarée du pouvoir n’était-elle pas de faire supporter par le citoyen des taxes faramineuses sur ces produits pour renflouer les caisses de l’Etat qui ne sont, en fait, que celles de son chef ?
Cette situation de crise multiforme ne peut qu’engendrer son immanquable corollaire : une nette aggravation du phénomène de l’insécurité. Le crime organisé s’étend, de véritables bandes armées sévissent, nuit et jour, et menacent la quiétude des habitants de Nouakchott, des centres urbains du pays et ceux de la campagne.
Les forces de sécurité sont prises au dépourvu par l’ampleur du phénomène et ne lui apportent comme réponse que des rafles opérées aveuglement, au mépris des droits du citoyen et de sa quiétude. Comble du ridicule, le pouvoir se targue d’avoir conçu et mis en œuvre une stratégie sécuritaire dont les grands pays devraient s’inspirer, soutiennent ses thuriféraires !
Après avoir fait main basse, pour son propre compte et celui de ses proches, sur des écoles, sur une grande partie du stade olympique, sur des marchés municipaux, sur des casernes militaires et de police ; après s’être approprié des milliers de terrains, voilà que Ould Abdel Aziz brade les résidences de nos ambassades aux Etats Unis et dans d’autres pays.
En un mot, l’inquiétude des citoyens sur le devenir de leur pays s’accroit chaque jour d’avantage ; les souffrances des mauritaniens empirent de plus en plus sur les plans institutionnel, économique, social et sécuritaire.
Au lieu de lancer un appel solennel et sincère à l’unité nationale, aux retrouvailles du peuple mauritanien et à sa concorde ; de développer, dans ce contexte grave, une stratégie d’unité à même de ramener l’espoir à la jeunesse en particulier ; de cultiver l’esprit de fraternité entre les différentes composantes de notre peuple ; au lieu de répondre par des mesures concrètes aux besoins du citoyen en s’attelant à alléger sa pauvreté, son ignorance, sa maladie ; au lieu de prendre des initiatives lucides pour arrêter la déconstruction de l’Etat ; au lieu de tout cela, le pouvoir continue, indifférent, à mener sa politique visant à « diviser pour régner ».
Désormais chaque composante de notre peuple est incitée, publiquement ou en sourdine, par les officines du pouvoir, à développer un discours identitaire, étroit et exclusif. Le discours unitaire est banni ; l’unité nationale est rarement évoquée. La notion d’Etat est vidée de son sens, la parole publique de toute crédibilité aux yeux de l’ensemble des citoyens.
Dans une véritable manœuvre de diversion visant à détourner les mauritaniens des problèmes qui les assaillent et à saper leurs légitimes aspirations à sauver leur pays de la banqueroute qui le hante, incapable de faire face aux problèmes essentiels de l’Etat, le pouvoir adopte une attitude de fuite en avant, recourant de nouveau à ce qu’il a appelé abusivement « dialogue national inclusif »,
Les acteurs politiques soucieux de l’intérêt supérieur du pays et engagés à faire sortir le pays de cette crise, tel que le RFD, le FNDU et bien d’autres partis politiques, organisations de la société civile et personnalités indépendantes, se sont naturellement abstenus de participer à cette mise en scène dont les résultats furent, on ne le dira jamais assez, décevants.
Pour détourner l’opinion de son échec patent, Ould Abdel Aziz a aussitôt entrepris des visites carnavalesques dans les wilayas du Tagant et de l’Adrar, dilapidant les ressources de l’Etat, paralysant pendant des semaines les services publics ou ce qui en reste, vidant de leurs postes de travail la grande majorité des fonctionnaires et agents de l’administration publique.
A ses yeux, la mission du personnel de l’Etat se limite à apporter, dans des rassemblements en trompe l’œil partout où il passe, un simulacre de soutien à la politique de discorde, de lapidation des biens publics, de sape de l’histoire de notre pays, de remise en cause de ses fondements, de sa constitution, de ses institutions, de son hymne national, de son drapeau...
Face à ce péril, le Bureau Exécutif du Rassemblement des Forces Démocratiques : 1. Réitère son rejet ferme :
• de toute modification de la Constitution ne faisant pas l’objet d’un véritable consensus national, socle de la stabilité et condition sine qua none de l’instauration d’une démocratie véritable,
• de toutes les conclusions de la mise en scène abusivement dite « dialogue national inclusif » ;
2. Proclame son attachement indéfectible à ses positions constantes, appelant à l’édification d’un Etat de droit, unique solution à l’ensemble des dangers auxquels le pays est confronté ;
3. Lance un appel à l’ensemble des partis politiques, à la société civile, aux syndicats, aux mouvements de la jeunesse, aux victimes des injustices et à tous les patriotes, soucieux de l’intérêt supérieur du pays, pour un sursaut d’unité nationale afin de sauver la Mauritanie de l’aventure périlleuse dans laquelle le pouvoir l’engage.
Nouakchott, le 08 Rab’i Al Awal 1438 – 08/12/2016
Le Bureau Exécutif du RFD
Déclaration du Bureau Exécutif
Adoptée à l’issue de sa session tenue du 10/11 au 1er/12//2016