Une session de formation intitulée « Politiques, Stratégies et Acteurs dans le secteur de la Santé », a été organisée par le Programme de l’Union Européenne pour l’Appui à la Société Civile et la culture (PESCC), à Nouakchott du 09 au 13 mai 2016.
Par ailleurs, le représentant du ministère de la Santé au cours du Forum sur la citoyenneté, organisé par la Délégation de l'Union Européenne (UE) à Nouakchott, le 11 mai 2016, a souligné la nécessité et l’importance du réseautage des Organisations de la Société Civile (OSC).
Partant de ces deux éléments, vingt-deux (22) organisations non gouvernementales (ONG) ont pris conscience de l’intérêt de former un réseau en vue d’une participation citoyenne dans le secteur de la santé.
Une décision fut prise de désigner un délégué pour représenter l’ensemble des OSC provenant de chacun des dix (10) Wilayas (régions) présents à ladite formation, avant de les réduire à une commission restreinte de coordination de cinq membres. Cette commission a été chargée de l'élaboration des statuts et du règlement intérieur du réseau ainsi que de l’organisation d’une assemblée générale constituante.
La commission de coordination a entamé le travail depuis le premier jour, en proposant la dénomination « Réseau pour la Participation Citoyenne en Santé » (RPCS), et avait décidé d’associer cinq (5) autres OSC appartenant à des Wilayas hors couverture du PESCC, ce qui porterait le nombre des organisations affiliées au réseau à vingt-sept (27).
La commission de coordination a également élaboré le draft des statuts et du règlement intérieur avant de prendre contact avec le ministère de la Santé et ses Partenaires Techniques Financiers (PTF), notamment la délégation de l’UE, la coopération française, le fonds mondial et la coopération espagnole. Il ne restait, donc, sur son mandat que l’organisation de l'assemblée générale constituante à laquelle devraient participer toutes les OSC concernées en présence de représentants du ministère de la Santé, de la Société Civile (SC) ainsi que des PTF susmentionnés. Ensuite, le procès-verbal devra être déposé au ministère de l’Intérieur pour l'obtention du récépissé.
Après quatre mois de travail de la Commission de coordination, nous avons été informés par les responsables du PESCC qu’ils avaient remis la liste des ONG ayant participé à la session de mai à la Direction des Relations avec la Société Civile (DRSC), ce qui pourrait être lié à l'imminence de la fin du PESCC en Mauritanie.
Ils nous ont informés également, qu’il a été retenu que la DRSC va désigner les cinq (5) ONG déjà mentionnées, et qu’elle envisage d’organiser une rencontre de concertation sur le réseautage, et compte y inviter vingt-trois (23) ONG dont douze (12) représentants les Wilayas de l'intérieur, soit une organisation pour chaque Wilaya, en plus des onze (11) organisations des trois Wilayas de Nouakchott. Bref, vingt-trois (23) ONG seront invitées à cette rencontre : dix-huit (18) ONG ayant participé à la session de mai et cinq (5) ONG des Wilayas hors couverture du PESCC.
En réalité, la DRSC a décidé d’intervenir pour contrôler ce réseau en écartant certaines composantes et en introduisant d’autres organisations qui n'en faisaient pas partie. Ainsi, elle a rapidement nommé les cinq (5) ONG susmentionnées, et ce, pour barrer la voie au choix de la commission de coordination, et avait annoncé l'organisation d'une rencontre de concertation des OSC sur le réseautage, pour les 7 et 8 septembre 2016.
La DRSC a privé certaines organisations du réseau de l'invitation à l’atelier, et a toujours refusé de communiquer l’ordre du jour à temps malgré la demande faite par les participants.
Au cours de ladite rencontre, il s’est avéré que l’objectif n’était pas la concertation mais plutôt la conspiration contre ce réseau naissant. La DRSC s’est attelé à illusionner les participants par l'emploi de certaines personnes dans des jeux de rôles malhonnêtes contre l’intérêt général de la SC. Elle s’est servie médiatiquement de l'organisation de cette rencontre pour tromper l’opinion publique.
Par la suite, une seconde rencontre de concertation des OSC sur le réseautage, fut annoncée par la DRSC, pour les 9 et 10 novembre 2016. Là aussi les organisateurs ont refusé de communiquer l’ordre du jour de l’atelier dont l’objectif réel était d’arracher un document pour les aider à incorporer de nouvelles organisations qui ne faisaient pas partie du réseau. Ainsi la DRSC a demandé aux participants de s’organiser en deux groupes de travail, l’un pour l’éducation et l’autre pour la santé, d’établir un procès verbal pour chaque groupe, de designer deux leaders et de proposer deux plans d’action comme s’il s’agissait d’une assemblée constituante!
Nous nous sommes rendu compte de ce complot au bon moment, et avons pris soin de mettre à nu ses desseins inavoués séance tenante.
Alors, nous avons bien souligné la nécessité que la DRSC se tienne à distances égales entre les différentes OSC. Aussi avons-nous attiré l’attention de tout le monde sur le danger que constitue son interférence dans la liberté de décision et de choix des organisations. Nous avons rappelé que ce projet réseau a vu le jour grâce à l’initiative de plusieurs associations dont la majorité sont aujourd’hui absentes car elles n’avaient pas été invitées. Par conséquent, nous avons demandé à la commission de coordination de s’opposer à cette tentative déloyale et nous avons proposé le report de la rencontre pour permettre aux absents de nous rejoindre.
Les responsables de la DRSC ont répondu par une nouvelle contrevérité en prétendant que les nouveaux venus appartiennent aux mêmes OSC ayant participé à la session de mai, et qu’au niveau de la représentation, on peut seulement observer un changement de personnes. Nous leur avons démontré documents à l’appui que la vérité était toute autre. Alors, ils ont fait dans le dilatoire pour prolonger de deux jours la durée de l’atelier.
Quant aux autres membres (4) de la commission de coordination, après de longues discussions dans une réunion extraordinaire, ils ont essayé, en vain, de me convaincre du bien fondé de leur attitude, consistant à accepter le fait accompli. Dès lors que nos points de vue ne convergeaient plus, j’ai déclaré que je m’inscris en faux contre la décision et je me suis retiré des activités de cet atelier.
Ensuite, j’ai reçu par courriel le procès-verbal (PV) de la réunion dans laquelle j’avais déclaré mon retrait. Ce PV comprenait quelques hypocrisies que je commente comme suit :
- Dans le PV il a été dit qu’il s’agissait d’un atelier de formation sur le réseautage, alors que sur l’affichage il était écrit noir sur blanc : rencontre de concertation des OSC sur le réseautage,
- Dans le PV il a été dit que l’atelier était organisé par le PESCC mais en réalité c’était la DRSC qui l’avait organisé,
- Dans la liste du groupe de travail, afférente au PV, mon nom figurait en bonne place, alors que j’avais déclaré devant tout le monde dans la salle que je n’étais pas prêt à y participer et je me suis retiré définitivement de l’atelier le troisième de ces quatre jours,
- La plus grande hypocrisie était certainement, le fait que la DRSC, au lieu de respecter son engagement initial d’inviter les vingt-trois (23) ONG dont dix-huit (18) avaient participé à la session de mai, a maintenu le nombre ‘’23’’ pour la forme !
Ainsi, en se référent au PV, on peut constater ce qui suit :
- Exclusion de cinq (5) parmi onze (11) OSC de Nouakchott ayant participé à la session de mai,
- Exclusion de quatre (4) OSC issues des Wilayas de Trarza, Brakna, Hodh Ech Chargui et Assaba, avec l’octroi d’une représentativité double aux OSC du Wilaya de Tagant !
- Introduction de neuf (9) nouvelles OSC n’ayant pas participé à la session de mai, il s’agit d’autres que les cinq (5) organisations susmentionnées et dont le choix revenait à la DRSC.
Au total, la DRSC avait introduit douze (12) nouvelles ONG sur vingt-trois (23) dans le but de faire main basse sur ce réseau et c’est clair que c’est une majorité !
Au nom de la commission de coordination, et, au nom de l’Association Mauritanienne pour les Droits du Patient (METAR), je condamne énergiquement cette flagrante ingérence de la part de la DRSC dans la liberté de choix des OSC. Aussi je dénonce franchement le rôle, sans scrupules, joué par certaines OSC dans l’appui de cette intervention externe à toutes les compétences règlementaires de la DRSC.
Dans ce contexte, je déclare, qu’une invitation m’avait été adressée par le premier responsable de la DRSC, qui m’a proposé d’être complice dans ce complot, proposition refusée sur le champ.
Ces actes d’interférences de la part de la DRSC, constituent un obstacle majeur empêchant l’évolution normale de notre société civile, ce qui explique le grand écart constaté entre elle et celles, qui existent dans d’autres pays de la région tels que le Burkina Faso, la Tunisie, le Mali et le Sénégal.
Dans les pays susmentionnés, la société civile est devenue un modèle de progrès et participe activement au développement. Alors, comment pourrions-nous y arriver si notre DRSC agit de la sorte ?!
Nul doute, que les politiques et les directives du Gouvernement, telles que émises par le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Mohamed Ould ABDEL AZIZ, encouragent la participation de la société civile au développement, et appellent à la mise de l’administration à la portée des citoyens, alors que cette flagrante ingérence de la part de la DRSC en est l’inverse, car elle rend lointain ce qui est déjà à la portée de la main, démoli les efforts et entrave le progrès.
Tout en partageant ces jours-ci, avec mes concitoyens la joie du 56e anniversaire de notre indépendance nationale, j’insiste auprès des autorités concernées afin d’ouvrir une enquête sur cette affaire injuste et j’attire l’attention de tous : autorités étatiques, ONG, PTF, personnes physiques et personnes morales, sur la nécessité d’agir ensemble pour préparer les circonstances propices à la création d’une société civile nationale forte, viable et fiable ; Une société civile apte à assurer le contrôle citoyen de l’action publique, susceptible d’influencer et de participer à la planification, à la mise en œuvre et au suivi/évaluation des programmes et politique de l’Etat ; mais aussi, une société civile fortifiée d’une conscience très élevée de légalité, ce qui la rendrait intransigeante sur l’atteinte des intérêts supérieurs de l’Etat, et, inexploitable par les auteurs d’abus de pouvoir, ceux, qui pratiquent le chantage et ignorent la limite de leurs compétences règlementaires.
Pour une Mauritanie libre et prospère
Fait à Nouakchott, le 30 novembre 2016
Dr Moulay Al Hassan O. Mohamed Lezgham
Président de l’association METAR