Deux composantes de l’opposition démocratique, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) ont tenu ensemble, le 29 Octobre dernier à Nouakchott, deux marches simultanées, clôturée par un meeting. Une première depuis que le parti du président Ahmed ould Daddah a décidé de geler ses activités au sein du FNDU, suite à un désaccord sur la nécessité ou non de rencontrer le pouvoir, afin de parvenir à un dialogue consensuel.
La manifestation a connu un gros succès : militants et sympathisants de cette opposition qualifiée de radicale ont répondu massivement à l’invitation. De tous les quartiers ont afflué des milliers de gens, marchant du carrefour Madrid, d’autres du carrefour BMD pour converger toutes les deux vers la maison de la Culture, brandissant, non seulement, les couleurs du RFD et des divers partis rassemblés au sein du FNDU mais, aussi, d’IRA dont la foule a réclamé la libération des militants embastillés au Tiris Zemmour.
C’est, finalement, devant la Maison de la culture que le meeting s’est tenu. Les responsables politiques ont pris place à bord d’un camion, pour s’adresser à l’assistance qui n’a cessé de grossir jusqu’au coucher du soleil.
La première salve est tirée par le président du Forum, Cheikh Sid’Ahmed ould Babamine. Ila fustigé le « dialogue non-inclusif, une parodie qui ne permet pas, à la Mauritanie et aux Mauritaniens de se parler et de trouver des solutions à la crise multidimensionnelle qui mine le pays depuis Août 2008 ». Même si le président de la République a déclaré qu’il ne toucherait pas à la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat, tous continuent à douter de sa sincérité et mettent en garde contre tout tripatouillage de la loi fondamentale.
Le président du forum a rappelé les conditions impératives à toute participation de sa formation au dialogue : préparation concertée, thématiques consensuelles, la participation de tous, sans aucune exclusive… Pour Ould Babamine, le pseudo-dialogue organisé par le pouvoir est passé à côté des préoccupations des Mauritaniens tenaillés par des conditions de vie particulièrement chaotique (flambée des prix et gabegie à ciel ouvert). Face à cette situation, il était inopportun de se focaliser des questions absolument pas prioritaires, comme la modification du drapeau ou de l’hymne national. Le FNDU, le RFD et tous ceux qui ont pris part à cette marche ne se sentent, donc, ni engagés ni concernés, par l’accord signé, le 20 Octobre, au Palais des congrès. Dix jours après la fin du « dialogue national inclusif », organisé par le pouvoir et une partie de l’opposition, de la Société civile et des syndicats, la réponse des Nouakchottois dans la rue constitue, de l’avis de hauts responsables rencontrés au cours de la marche, le plus « cinglant désaveu » pour le pouvoir.
Celui-ci n’en semble pas moins décidé à mettre en œuvre les résolutions de « son » dialogue. Une campagne de sensibilisation est en phase de préparation. L’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle, a organisé des rencontres en ce sens, avec ses élus (députés, sénateurs et maires). Il s’agit, non seulement, de bien vendre l’accord du dialogue mais, aussi, le référendum et les prochaines élections, tant municipales que législatives. La foire est ouverte ! Va-t-on s’y empoigner ?
DL (Le Calame)