A l’occasion d’un colloque organisé récemment à Paris sur l’esclavage en Mauritanie, « mythe ou réalité », la présence de l’activiste des droits de l’homme, Dr Saad Louleid président de l’Alliance Nationale pour les Droits et la Construction des Générations (ANDCG) a suscité une polémique au niveau de la presse et d’IRA France. Un site très connu des mauritaniens a publié un article sur sa présence en France et a rappelé son « soutien aux terroristes » qui ont attaqué le journal satirique Charlie Hebdo, le 7 novembre 2015. 12 personnes avaient été abattues et plusieurs autres. blessées.
En effet, au lendemain des attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, un site électronique mauritanien rapportait qu’ « un dirigeant d’IRA, en l’occurrence Saad Louleid salue les attentats de Paris ».
Réagissant alors à ces allégations de la presse et à une lettre de IRA France signalant et déplorant la présence de ce responsable à Paris pour prendre part à un colloque international sur l’esclavage en Mauritanie, Saad Louleid indique d’abord que ce prétendu soutien aux auteurs des attentats contre Charlie Hebdo n’est pas fondé, qu’il intervient en pleine période où il critiquait fortement la communauté maure de Mauritanie et l’accusait de se réjouir des attentats de Paris. Et Ould Louleid d’indiquer que le site électronique a retenu tout simplement un bout de phrase (Charlie Hebdo) contenue dans la déclaration condamnant les attaques perpétrées contre le célèbre journal satirique français pour « dénaturer » ses propos. Il s’agit de « cabale et de manipulations grotesques, d’allégations mensongères, à l’endroit de ma personne», tempête Ould Louleid.
Et de rappeler qu’au moment de l’attaque, il croupissait en prison par la volonté des pouvoirs publics mauritaniens. Et c’est en tant que porte parole officiel d’IRA qu’il a rédigé, au nom de cette organisation, une déclaration condamnant fermement les attentats contre Charlie Hebdo, précise Saad. Comment dès lors pourrais-je, en même temps condamner et applaudir les attentats en question, s’interroge Ould Louleid. C’est mal me connaître ou faire tout simplement preuve de mauvaise foi, estime-t-il.
Le président de l’ANDCG de rafraichir la mémoire à ceux qui seraient tentés, dit-il, d’oublier qu’il s’est toujours élevé et a dénoncé la violence contre n’importe quelle personne, institutions et d’où qu’elle vienne.
D’abord, parce que les enseignements et les préceptes de l’Islam le prescrivent. L’Islam dit qu’il serait moins grave de détruire la Kaaba que d’ôter la vie à une personne, sans spécifier la religion. Donc ça peut-être un musulman, un chrétien, un juif voire un athée. Et en bon musulman, je ne peux que me plier à cet enseignement.
Ensuite qu’il milite pour les droits humains. Pour lui, « le terrorisme n’a pas de religion, il n’a pas de couleur, il est violence. Je le combats même ; c’est ma conviction et ma position.»
Dans la même lancée, Saad Louleid rappelle également qu’en tant que musulman, en tant que militant des droits de l’homme, fervent défenseur des droits de l’homme, il apprécie à sa juste valeur la démocratie française, l’amitié du peuple français pour le peuple mauritanien. Ce n’est pas mon passage de deux ans à IRA qui a fait de moi ce que je suis, un défenseur des droits de l’homme, mais un travail et un combat de trente ans. IRA n’est qu’une étape comme tant d’autres. Depuis El Hor, en passant par le porte parole du FNDD et aujourd’hui, à la tête d’un parti politique, Alliance. C’est donc un travail de longue haleine, un travail fondé sur ma conviction et ma détermination à faire changer ou/et évoluer les choses dans mon pays, précise Saad. « Je me suis toujours évertué à combattre les injustices, m’inspirant ainsi des grands penseurs et combattants comme, entre autres, Martin Lutter King et autres qui ont combattu pour la liberté et contre l’esclavage aux USA. Je demeure convaincu qu’avec une démocratie véritable, on parviendra à créer une alternative, à bâtir un monde de paix et fraternité.
Si la presse électronique arabe m’a attribué ces propos que je n’ai pas tenus, c’est parce que tout simplement j’ai attaqué frontalement la communauté maure qui s’est réjouie des attentats de Paris. Voilà pourquoi on a cherché à me nuire, à me mettre mal à l’aise avec la France dont j’apprécie et respecte la démocratie et le peuple. La France n’est en rien concernée par cette bagarre interne que je mène en Mauritanie. Et d’embrayer : tout le monde sait que j’ai toujours été prompt à dénoncer le terrorisme et la violence. Celle qui sévit aujourd’hui dans le monde arabe (Syrie, Yémen et Irak…), comme celle d’hier à New York et à Bruxelles et ailleurs… Je ne dénonce pas ces maux pour plaire aux européens, aux américains, aux arabes ou aux africains, je le fais parce que je suis cohérent avec moi même, parce que j’y crois fermement. C’est dire combien j’ai été surpris et choqué par cette « manipulation grotesque », relayée par un site électronique mauritanien, que je ne veux nommer ici pour lui faire de la publicité, et orchestrée par mes ennemis, mes adversaires et d’autres que je ne connais même pas, s’indigne Ould Louleid qui a choisit, affirme-t-il, de répondre aux « allégations », non, à partir de Paris mais depuis la Mauritanie.
Parlant de ses rapports avec IRA, Saad Louleid n’est visiblement pas prêt à fumer le calumet de la paix ; au contraire, il affirme qu’il y a toujours un contentieux entre l’organisation et lui, mais particulièrement, entre lui et son président, Biram Dah Ould Abdeid à qui il reproche de faire de IRA, un fonds de commerce, en connivence avec des gens qui ne connaissent même la réalité mauritanienne. Il lui est également reproché la « duplicité» du discours, selon qu’il s’adresse aux harratines analphabètes, à la féodalité maure, à la communauté internationale. Pis, il le suspecte «d'accointances » avec les renseignements mauritaniens…
Le Calame