Dans le cadre de sa politique répressive de limitation des libertés et de rétrécissement continuel de leur champ, le pouvoir a, à travers une circulaire de l’Inspection Générale d’Etat, décidé d’interdire à la presse de bénéficier des lignes budgétaires allouées aux abonnements, à la communication et à la publicité dans les budgets des départements ministériels, des sociétés d’Etat et de tous les services publics.
Cette mesure, sans précédent dans le pays, revêt une portée doublement grave :
• Grave parce qu’elle montre le peu de cas que le pouvoir fait des lois et règlements qui doivent régir le pays : une simple circulaire d’un service qui relève du Premier ministre peut annuler des crédits votés par le Parlement dans le cadre de la Loi des Finances et par les Conseils d’Administration des Etablissements et Sociétés publics dans le cadre de leurs compétences légales.
• Grave parce qu’elle prive les organes d’information non étatiques des seules sources légales de financement reconnues dans tous les pays du monde.Les crédits destinés à financer la presse ne peuvent être considérés comme un luxe ou un superflu ; il s’agit plutôt d’un investissement essentiel dans la démocratie, la liberté et la bonne gouvernance.
Cette mesure ne manquera pas de fragiliser davantage la situation de ces organes de presse qui se débattent dans difficultés inextricables, notamment à cause des problèmes liés au financement.
Déjà, plusieurs journaux ont cessé de paraitre et deux stations de radios (Radio Libre de Nouakchott et Radio Kobenni) ont disparu du paysage médiatique national du fait de ces difficultés. Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité :
• Condamne fermement cette mesure illégale qui vise à étouffer la presse indépendante dans le pays.
• Estime qu’il s’agit d’une atteinte grave à un pilier essentiel de la démocratie et de la liberté qui joue un rôle irremplaçable dans la construction de l’Etat de droit.
• Exprime son soutien agissant à l’action que mènent les organes de la presse indépendante et les journalistes pour recouvrer leur droit.
La Commission de Communication
Le 31 Aout 2016