A l’occasion de la journée de la fête nationale de son pays, SEM. Joêl Meyer, ambassadeur de France en Mauritanie a prononcé une allocution dans laquelle il est revenu la signification de cette journée, les liens de coopération entre son pays et le nôtre mais aussi sur les défis communs. Le Gouvernement était représenté par le ministre des affaires étrangères et de la coopération, Ould Izidbih. Nous vous proposons l’intégralité de ce discours.
Monsieur le Ministre,
Honorables invités, chers compatriotes et chers collègues de la communauté internationale,
Marhaben
Mon épouse, Zoé, et moi-même nous nous réjouissons que vous ayez une nouvelle fois répondu à notre invitation pour célébrer ensemble la Fête nationale française. Mes collègues de l’Ambassade et moi-même nous vous remercions tous, comme je vous remercie infiniment, Monsieur le Ministre, de votre présence qui nous honore et je vous saurais également gré de bien vouloir transmettre à son SE M. le Président de la République islamique de Mauritanie les remerciements de son homologue français, M. François Hollande, pour le chaleureux message de félicitations qu’il lui a adressé aujourd’hui.
Permettez-moi aussi, alors que le 14 juillet est une date symbolique où la France se rappelle naturellement la dette qu’elle a envers eux, de saluer immédiatement M. le directeur de Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, ainsi que les vétérans mauritaniens, et de les remercier de leur fidélité à notre cérémonie.
Chers amis, notre Fête nationale est un moment de joie, qui permet d’évoquer un acte fondateur de la nation française, mais c’est aussi un moment d’émotion et de recueillement qui doit être l’occasion cette année de se souvenir de ceux qui, citoyens français ou citoyens étrangers, ont été tués ou blessés pour le seul motif qu’ils vivaient dans un pays, la France, dont les valeurs républicaines ont déchainé la haine de quelques fanatiques. Et au-delà de la tragédie qui s’est déroulée le 13 novembre dernier à Paris, je voudrais que nous ayons une pensée forte pour toutes les victimes du terrorisme, qui, aveuglément, a frappé ces derniers mois l’ensemble des continents, l’Europe et la France en particulier comme je viens de l’évoquer, mais aussi l’Afrique et le Sahel singulièrement, le Moyen Orient, l’Asie et les Etats-Unis. Ceci sans distinction de religion ni de nationalité car l’objectif commun des extrémistes, quels que soient les faux motifs qu’ils invoquent, est avant tout de chercher à détruire ce qui constitue le fondement même de nos sociétés, le « vivre ensemble ».
Nous sommes, hélas, unis dans le malheur mais nous sommes unis, aussi, dans la détermination à éradiquer ce fléau. Cette solidarité, elle s’exprime concrètement par le dévouement des forces françaises de défense et de sécurité intérieure, mais aussi de celles des pays alliés et amis, qui sont présentes au Sahel, aux côtés des forces nationales africaines. Elle s’exprime aussi par les efforts constants de la Mauritanie pour favoriser la paix dans la région. Je sais ainsi combien est décisive la contribution de votre pays, monsieur le Ministre, au Comité de suivi de l’accord de paix au Mali. De même, convient-il de vous féliciter pour l’engagement sans faille de la Mauritanie dans la construction de l’organisation régionale du G5 Sahel, dont je salue ici le Secrétaire permanent. Il faut relever la pertinence de cette initiative et je tiens réitérer le plein soutien continu et opérationnel que lui apportent les autorités françaises. Au-delà du Sahel, la participation de la Mauritanie aux opérations de maintien de la paix des Nations unies mérite d’être relevée, avec l’envoi d’un important détachement des forces armées en Centrafrique, au professionnalisme avéré.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le partenariat entre la Mauritanie et la France se veuille à la hauteur de l’ensemble des enjeux qui concernent non seulement notre relation bilatérale, mais aussi la région et le monde. C’est ainsi que notre coopération sécuritaire, conduite avec succès par nos services de sécurité intérieure et nos forces de défense, vise aussi à contribuer à ce que le Sahel recouvre pleinement la stabilité – et je serai heureux de remettre juste après mon discours la plus haute distinction française à l’un de nos officiers coopérants militaires. De même, notre concertation étroite sur la COP21, qui s’est concrétisée à Paris avec la présidence commune, par les chefs d’Etat mauritanien et français, de la réunion du 1er décembre consacrée à l’Afrique, aura permis que des décisions historiques soient prises en faveur de ce continent, et de la planète en général, pour lutter contre les changements climatiques et neutraliser le processus du réchauffement.
C’est presque une redondance que de dire que la France et la Mauritanie sont des partenaires stratégiques l’une pour l’autre. Dans le respect de la souveraineté de chacune bien sûr, mais comme amie et alliée, il est donc normal que la France ne se désintéresse pas de la situation intérieure en général, sociale et économique en particulier, d’un pays avec lequel les liens sont si étroits.
A cet égard, je me dois de savoir gré aux autorités mauritaniennes de la confiance qu’elles nous accordent pour accompagner la Mauritanie dans son développement. Un développement qui doit être inclusif, en répondant aux besoins vitaux, qui sont autant de droits fondamentaux, de l’ensemble des populations, comme accéder à une santé et à une éducation de qualité, ou encore bénéficier des fruits d’une croissance partagée. La France entend travailler avec chacun, les ministères et les différentes institutions de l’Etat bien sûr, mais aussi la société civile – à l’action de laquelle il convient de rendre hommage- pour contribuer à la consolidation de l’Etat de droit et des libertés publiques, ainsi qu’au renforcement de la cohésion sociale et économique du pays.
Evoquant la cohésion sociale, il m’apparaît juste de souligner les décisions significatives qui ont été prises cette année, sur les plans légal et judiciaire, en matière de prévention et de lutte contre l’esclavage et ses séquelles.Nous soutenons les efforts de la Mauritanie pour parvenir au règlement définitif de cette question.
Soyez assuré M. le Ministre que les différents services de l’Etat français restent déterminés à poursuivre leurs actions de coopération : l’ambassade et le service de coopération et d’action culturelle, l’agence française de développement, le réseau des experts techniques internationaux, le service économique, sans oublier le Lycée français et l’Institut français, enceintes privilégiées des échanges humains entre nos deux pays. Egalement, il revient de mettre en valeur l’apport déterminant des collectivités territoriales et des ONG françaises qui, avec leurs partenaires mauritaniens et les élus locaux, font un travail de terrain remarquable, que j’ai encore pu vérifier récemment en me rendant au Gorgol et au Guidimakha. La liste des acteurs de notre relation ne serait pas complète si je ne mentionnais pas les Alliances françaises dont l’action, conjuguée à l’engagement parallèle de l’association mauritanienne pour la francophonie, oeuvre à la promotion de la langue française et de la culture francophone. Partagée par près de 300 millions de locuteurs dans le monde, la francophonie constitue, aux côtés de l’arabe, un atout supplémentaire pour l’intégration régionale et le rayonnement international de la Mauritanie.
Je voudrais parallèlement mettre en exergue l’intérêt que nous devons porter au secteur privé. Cette ambassade et le Service économique se sont donné pour objectif de favoriser le renforcement de nos partenariats économiques, et plusieurs missions d’opérateurs français de haut niveau sont attendues d’ici l’automne. Je me dois aussi de souligner le rôle de ce qu’on appelle la « diplomatie parlementaire » et je me réjouis que deux délégations de l’Assemblée nationale française – le groupe d’amitié France/Mauritanie et une mission de la Commission des affaires étrangères- viennent en septembre rencontrer leurs homologues parlementaires et les autorités mauritaniennes, les écouter et recueillir leurs avis.
Vous me permettrez maintenant une adresse particulière à mes compatriotes qui occupent une place essentielle dans l’essor de notre relation bilatérale. Mais j’aimerais avant tout, Monsieur le Ministre, vous remercier, ainsi que les services de votre ministère, pour l’attention toujours bienveillante que vous portez à la situation de la communauté française dans votre pays. J’ai encore pu le vérifier durant notre dernier entretien alors que je sollicitais votre appui. Le dynamisme des Français de Mauritanie n’est plus à prouver, ni leur rôle dans la vie économique et sociale de leur pays d’accueil. Le rôle de la communauté d’affaires bien évidemment, notamment menée par les Conseillers du Commerce extérieur de la France, mais aussi celui des associations franco-mauritaniennes avec leur engagement passionné au service de l’intérêt général : Nouakchott Accueil, l’association des parents d’élèves du Lycée T. Monod, la Fondation des Amis du Lycée. Chers compatriotes, soyez assurés du souci constant du consulat de répondre au mieux à vos attentes, et j’en profite pour saluer le sens exemplaire du service public dont font preuve au quotidien ses agents. Merci également à notre conseiller consulaire, M. Boubou Sylla, pour son action résolue en faveur de la communauté française.
Je ne terminerai pas sans exprimer ma sincère gratitude à toutes les entreprises partenaires de cette manifestation–vous avez pu lire tous les noms sur la banderole à l’entrée-. C’est grâce à elles que nous pouvons célébrer notre fête nationale dans les meilleures conditions. Egalement je voudrais remercier – mais il se présentera encore mieux lui-même tout à l’heure, M. Jacques Vernier, illustre maître fromager qui a fait, avec l’appui d’Air France, le déplacement depuis Paris pour nous emmener dans un tour de France des spécialités fromagères. Un grand merci par ailleurs à tous ceux qui n’ont pas ménagé leur peine depuis de semaines pour l’organisation de cette soirée : en particulier Françoise, l’équipe du SCG, celle de l’IFM, le personnel de la Résidence conduit par Frédéric et tous les volontaires mobilisés aujourd’hui.
Vous m’accorderez encore une ultime réflexion qu’il me tient à cœur de partager avec vous.
Monsieur le Ministre, mesdames et messieurs, je suis heureux que la noble assemblée réunie ce soir à la résidence soit si représentative de ce qui fait, au sein d’une même Nation, la première richesse d’un pays, à savoir sa diversité humaine et culturelle. Depuis deux ans que j’ai la chance et le plaisir de représenter la France en Mauritanie, j’ai rencontré des interlocuteurs remarquables et dévoués. Bien sûr des personnalités engagées de longue date dans l’action politique, dans le service de l’Etat, sur le terrain social, dans la culture ou encore dans le domaine économique. Mais aussi des acteurs très jeunes et très prometteurs qui veulent servir leur pays et qui prennent des initiatives citoyennes. Je pense notamment aux associations qui sont accompagnées par le service de coopération dans le cadre du programme FAJR, ou encore à "l’Association des Jeunes Filles Actives dans la Société" qui vient de recevoir « le Prix de l’Ambassade de France pour l’Engagement Associatif ", un prix d’ailleurs que l’ambassade remettra chaque année. Je pense aussi aux nombreux étudiants récemment passés par la France pour leurs cursus universitaires et qui ont rejoint le réseau de « France Alumni » lancé avec Campus France.
Après avoir rencontré de si nombreux talents, permettez-moi alors de former le vœu que toutes ces forces vives, venant de toutes les communautés qui composent la société de ce magnifique pays, puissent conjuguer leurs compétences et leurs projets pour préparer leur avenir ensemble, sans qu’aucune communauté ne sente exclue au sein de la grande nation mauritanienne, et dans un esprit de dialogue et de respect mutuel. C’est l’intérêt de tous et – mais c’est vrai pour tout pays d’ailleurs-, le gage d’une stabilité de long terme.
Je vous remercie vivement de votre participation. Shoukram ! Vive la France ! Vive la Mauritanie ! Vive l’amitié entre la Mauritanie et la France !
Je vais maintenant procéder à la remise des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à notre compatriote et officier, le lieutenant-colonel Leroy. Je vous remercie de votre attention.