« Temelekou Baidan an Destour » (Tenez-vous loin de la Constitution). Ce nouveau mouvement s’est fait connaître, lundi 28 mars 2016, au détour d’une manifestation vite évacuée par la police.
Ce mouvement est né dans la foulée de déclarations de plus en plus osées sur un possible 3ème mandat du président Mohamed Abdel Aziz. Le centre-ville deNouakchott a été pris hier, lundi 28 mars 2016, d’assaut par une horde de jeunes et une meute de policiers antiémeutes.
Les premiers faisaient partie d’un nouveau mouvement encore inconnu, « Tenez-vous loin de la démocratie », une initiative née des dernières déclarations de plus en plus explicites lâchées comme des ballons d’essai par plusieurs membres du gouvernement, sur un éventuel 3ème mandat du présidentMohamed Abdel Aziz ; et les seconds chargés de les faire taire.
Il s’agissait de dizaines de jeunes adolescents encadrés par quelques jeunes plus âgés qui réagiraient spontanément aux derniers développements de la scène publique.. Occupant la chaussée, ils ont d’emblée tenu à revendiquer leur indépendance par rapport aux partis politiques de l’opposition, soutenant même qu’ils sont apolitiques !
Une revendication dégagée d’un revers de main par les autorités qui ont tantôt vu derrière ces agissements la main cachée de l’opposition radicale. Rapidement dépêchée sur les lieux, la police n’a pas lésiné sur les moyens usant de grands remèdes (matraques, gaz lacrymogènes…)
Cette répression policière intervient au moment où le pays a décrété un deuil de trois jours à la mémoire du défunt ministre de l’Equipement et des Transports,Mohamed Ould Khouna, décédé dimanche dernier a conduit à l’arrestation d’au moins, deux manifestants.
Les manifestants qui portaient en bandoulière des affiches dénonçant ce qu’ils ont appelé « la dangereuse pente vers une probable révision constitutionnelle »visant à faire sauter le verrou des deux mandats présidentiels ont demandé au gouvernement de réagir et surtout de se prononcer.
Il s’agit pour eux d’amener le président de la République a être plus explicite dans ses positions et à dire devant le peuple, quelles sont ses véritables intentions dans les cinq années à venir ? Manifestement engagés pour sortir le chef de l’Etat de son silence, les manifestants ont soutenu que les déclarations des membres du gouvernement portant sur une possible révision de la constitution aux seules fins de permettre au président Ould Abdel Aziz de prétendre à un troisième mandat, sont forcément préjudiciables à la paix sociale dans le pays.
Par la même occasion, ils ont demandé aux membres du gouvernement de se tenir loin de la Constitution, les mettant en garde contre toute tentative de la tripatouiller.
Il faut rappeler que ce 3ème mandat devient de plus en plus un sujet que les partisans du pouvoir se risquent à poser prudemment. Pour d’aucuns, il s’agit de tester sa réceptivité au sein de l’opinion publique nationale. A rappeler qu’à plusieurs occasions, le président Mohamed Abdel Aziz a déclaré son intention de se retirer du champ politique à la fin de son deuxième mandat qui expire en 2019.
Cheikh Aïdara (L'Authentique)