Une mission du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par Mme Mercedes Vera Martin a visitéNouakchott du 6 au 22 février 2016 pour examiner les évolutions macroéconomiques récentes et les perspectives de l'économie mauritanienne dans le contexte de la Consultation annuelle au titre de l'Article IV. À la fin de la visite, Mme Vera Martin a publié la déclaration suivante:
«Après plusieurs années de solides performances économiques, la Mauritanieest confrontée à un choc sévère sur les termes de l'échange en raison de la baisse des prix du minerai de fer qui a affaibli sa performance et ses perspectives économiques. Les autorités ont initialement mis en œuvre des politiques contra-cycliques en utilisant des amortisseurs extérieurs et budgétaires accumulés dans les années fastes. Comme le choc a été plus persistant que prévu initialement, les autorités ont commencé à ajuster leurs politiques en 2015 en permettant un taux de change plus flexible et en adoptant des mesures visant à renforcer les recettes fiscales.
«La baisse des cours mondiaux du minerai de fer a considérablement réduit l'exportation et les recettes fiscales minières. En raison des cours du minerai de fer qui devraient rester bas à moyen terme, les vulnérabilités extérieures et fiscales ont augmenté.
«La croissance économique s’est ralenti en 2015. L’équipe du FMI estime la croissance du PIB réel au tour de 2 %, passant de 6,6 % en 2014, en partie en raison d’une faible production de fer. La croissance du PIB non-extractif est estimée avoir ralenti pour atteindre 3,1 % en 2015, passant de 6,6 % en 2014. L'inflation moyenne de l'IPC annuel a diminué aux alentours de 0,5 % en 2015, en raison des prix mondiaux des denrées alimentaires moins élevés et l’évolution du taux de change. Le déficit du compte courant extérieur, qui a bénéficié de prix plus bas du pétrole, est estimé à 19 % du PIB en 2015.
Avec de revenus miniers moindres, le déficit budgétaire global (hors dons) s’est élargi à 5,6 % du PIB non extractif, après 4,1 % en 2014, malgré des revenus plus élevés imputables aux recettes pétrolières domestiques et des mesures proactives des autorités à contrôler les dépenses courantes. Découlant des tendances fiscales et extérieures, la dette publique et à garantie publique est estimée à 93 % du PIB à fin 2015. Le ralentissement économique a également affecté le secteur financier. Le système bancaire reste bien capitalisé et liquide, mais la liquidité est en baisse et le secteur reste relativement vulnérable aux chocs.
On le sait, le gouvernement est en phase de négociations avancées avec le grand argentier international pour obtenir un prêt conséquent de plusieurs centaines de millions de dollars. Un montant qui, selon plusieurs sources , serait débloqué en deux ou trois tranches annuelles et dont la date de remboursement serait fixée à cinq ans.
Selon d’autres informations , ce prêt serait destiné à équilibrer en partie un budget 2016 largement affecté par la baisse des recettes minières et l’atonie du secteur des pêches.
Comme de coutume, le FMI exige en contreparties des réformes d’envergure.
En quoi consistent donc ces réformes si redoutées ?
En fait, il s’agit essentiellement pour l’économie nationale de se débarrasser progressivement (tout le monde insiste bien sur la nécessité d’adopter une démarche progressive) des deux fardeaux qui la clouent au sol et qui empêchent depuis plusieurs décennies son décollage économique.
Le premier de ces fardeaux est constitué par un système de subvention de plus en plus lourd et coûteux (près de 30% du PIB) qui a la particularité d’encourager massivement la consommation plutôt que l’acte d’investir et l’importation plutôt que la production nationale.
Le deuxième boulet traîné depuis des décennies par l’économie nationale , qui l’empêche de renouveler et de moderniser son tissu économique, est celui d’une majorité d’entreprises publiques fortement déficitaires qui, au lieu de créer des richesses et de payer des impôts, accusent des déficits permanents et font appel chaque année un peu plus aux ressources du Trésor public.
Tout le microcosme de l’économie est d’accord, en outre, pour dire que, faute de mise en œuvre rapide de ces réformes, le pays va dans le mur ou va buter sur l’iceberg – il n’y a que les métaphores qui changent. Le «mur» ou l’« iceberg», c’est plus concrètement une situation de cessation de paiement et le retour des programmes avec le FMI, en l’absence de réformes économiques sérieuses, affirment la plupart des experts.
Le renforcement de la formulation des politiques, de la transparence et de la gouvernance permettrait de réduire les incertitudes, d’aider à ancrer les anticipations et de renforcer la crédibilité des politiques macroéconomiques.
«La détérioration des perspectives et l’incertitude mondiale accrue appellent à un ajustement ambitieux pour soutenir la position extérieure et les finances publiques, et de promouvoir la diversification économique et une croissance plus inclusive» dixit la mission.
RIMECO via cridem