Le gouvernement a récemment officialisé le lancement de la plateforme numérique "KHADAMATI" destinée à faciliter l'accès aux services administratifs pour les citoyens. Ce projet, adopté en Conseil des ministres, prétend répondre aux attentes des Mauritaniens en matière de digitalisation des services publics. Cependant, bien que l’intention soit louable, les interrogations sur l'efficacité et l'impact réel de cette plateforme demeurent nombreuses.
Des promesses de simplification : mais quels moyens ?
La plateforme "KHADAMATI" a été pensée pour offrir une infrastructure numérique sécurisée permettant aux citoyens de déposer des doléances, signaler des problèmes, ou formuler des plaintes. Toutefois, au-delà de la promesse d’une digitalisation des démarches, l’efficacité de cette initiative dépendra surtout de la capacité de l’État à gérer et traiter les demandes de manière transparente et rapide.
Actuellement, les plateformes de communication numérique lancées par le gouvernement ont souvent souffert d’un manque de suivi ou de réactivité. Si l’objectif est de centraliser les services et les rendre plus accessibles, alors des questions fondamentales se posent : l’administration publique dispose-t-elle des moyens humains et logistiques pour gérer ce volume de demandes ? Quelle sera la transparence dans le traitement des doléances ? Pour l’instant, aucun budget spécifique ni plan de formation pour le personnel de gestion de cette plateforme n’a été annoncé, laissant planer le doute sur la mise en œuvre concrète de cette initiative.
Une accessibilité encore incertaine pour les citoyens
L’accessibilité de "KHADAMATI" est une autre problématique cruciale. Dans un pays où l'accès à l'internet reste limité et les compétences numériques de la population inégales, il est légitime de douter de la réelle portée de cette plateforme. La fracture numérique est un frein évident à la démocratisation des services numériques ; il est donc impératif que le gouvernement prenne en compte ces réalités avant de se réjouir de la portée de ce projet.
Pour les zones rurales, où l’infrastructure télécom est déjà défaillante, cette plateforme risque de rester une initiative inaccessible, renforçant ainsi les inégalités existantes. Si le projet de décret fait état de modalités de mise en œuvre et d’organisation, il reste encore à voir si des mesures d'accompagnement pour une adoption équitable seront mises en place.
KHADAMATI : une belle idée, mais un avenir incertain
Au final, bien que le lancement de "KHADAMATI" marque un pas symbolique vers la modernisation des services publics en Mauritanie, ce projet doit être suivi d’actions concrètes. La plateforme pourrait en effet devenir un outil puissant pour rapprocher les citoyens de l’administration, mais seulement si elle est accompagnée d’une gestion rigoureuse, d’un personnel qualifié et d’une couverture numérique étendue à tout le territoire. En attendant, "KHADAMATI" risque de n’être qu’une vitrine de plus, sans impact tangible sur la vie quotidienne des Mauritaniens.